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Notre devoir est de lutter pour la survie d’Haïti, affirme l’entrepreneure Stéphanie Sophie LOUIS

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Stéphanie Sophie Louis, étudiante à l’Université Quisqueya, a récemment inauguré une bijouterie à Canapé-Vert, afin d’avoir son propre gagne-pain. Toutefois, elle exprime son inquiétude par rapport aux récentes crises que connaît le pays car, témoigne-t-elle, les conséquences l’atteignent  en  tant que citoyenne, étudiante et entrepreneure. « C’est notre terre, notre patrie, nous avons pour devoir de rester et de lutter pour sa survie », déclare-t-elle dans une interview à notre rédaction.

Stéphanie Sophie Louis est une femme de vingt et un ans  qui vient de la commune de Lascahobas, où elle a vécu toute son enfance. Étudiante en troisième année à l’Université Quisqueya (UniQ), elle a décidé d’investir dans le domaine de la bijouterie afin de gagner sa vie.

« Le premier septembre 2022, j’ai officiellement ouvert mon entreprise de bijoux à Canapé-vert. Mais depuis l’année dernière, je fonctionnais sur les réseaux sociaux », raconte la jeune entrepreneure, qui, en raison du climat d’insécurité, a jugé rationnel d’ouvrir sa boutique afin de mettre un terme aux services de livraison. « La situation du pays ne fait que s’aggraver, je ne pouvais plus faire des livraisons aux inconnus. C’était très dangereux. D’où l’idée d’ouvrir la boutique », affirme Stéphanie, la native du département du Centre au teint sombre.

Deux ans avant de prendre cette initiative, Stéphanie se revendiquait de gauche et anticapitaliste. Ainsi, elle refusait systématiquement toute idée qui se rapporte aux gains et à l’exploitation, à en croire ses dires. « Mais je me suis dit que pour réaliser mon rêve qui est d’aider les jeunes à se relever, il me faut mon propre gagne-pain qui me faciliterait la tâche sans que j’aie une redevance envers quiconque dans mon parcours. Ce qui explique mon revirement », s’empresse de préciser l’étudiante en Sciences Politiques à l’UniQ.

Avant de lancer « Addacha Kreyasyon », son entreprise, Stéphanie a travaillé dans une bijouterie, ce qui a certainement suscité chez elle l’envie d’ouvrir sa propre boutique. « À noter que ce n’est pas quelque chose que je savais faire avant. Mais grâce à Internet j’ai emmagasiné des connaissances en la matière », avoue la bijoutière, qui fabrique aujourd’hui des pièces uniques.

Stéphanie propose des collections de perles et compte créer à l’avenir des pièces de toutes formes de perles. Elle utilise des « beads » en « stainless steel » pour faire des bracelets, colliers, bagues, chevillets surtout pour les femmes et les petites filles, et des perles noires et marron pour les hommes. « À l’ouverture, j’ai présenté une collection à base d’un bois venant de l’Amérique du Sud nommé Tagua. Avec ce bois, on réalise de superbes pièces brodées en fil d’argent. Cette collection est nouvelle  et authentique. La plupart des pièces sont uniques », raconte Stéphanie, qui espère avoir un atelier afin de fabriquer toutes les catégories de bijoux.

Son entreprise ne vend pas que des bijoux, elle est aussi socialement responsable. Car, « je mets mon local à la disposition des jeunes, notamment des femmes qui fabriquent des produits cosmétiques en Haïti. J’accorde ma lutte à l’émergence des femmes à travers mon entreprise », explique-t-elle.

La jeune entrepreneure se targue d’être quelqu’un qui essaie de motiver les autres non seulement en les incitant avec des paroles d’encouragement, mais aussi par ses actions. « Je suis aussi jeune que les autres, mais j’ai voulu faire la différence  pour  leur prouver que si l’on veut quelque chose, on peut l’avoir si l’on s’y met réellement », se félicite Stéphanie, invitant  les femmes à oser d’essayer en utilisant leur intelligence pour s’impliquer dans la vie sociale.

Par ailleurs, la jeune entrepreneure se dit inquiète par rapport aux événements  qui affectent le pays ces derniers jours. « Je suis obligée de fermer nos portes durant ces jours. Cela affecte évidemment la vente et malheureusement les fournisseurs, les employés et le propriétaire de l’espace n’attendront pas », s’inquiète Stéphanie, qui vit un moment particulièrement difficile. Toutefois, elle reconnaît que la cause que l’on défend dans les rues est juste. « Peut-être que les moyens utilisés sont doûteux, mais en partie je comprends », ajoute l’entrepreneure, invitant les femmes et les jeunes à converger vers un objectif commun animé de la volonté de changer la situation du pays.

« J’espère au moins qu’une stabilité règnera dans le pays un jour, souhaite Stephanie Sophie Louis. Nous n’avons nulle part où aller. C’est notre terre, notre patrie, nous avons pour devoir de rester et de lutter pour sa survie », martèle la native de Lascahobas, dans une interview avec notre rédaction.

Statler LUCZAMA

Luczstadler96@gmail.com

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