« Nous avons besoin d’une nouvelle génération d’élites en Haïti », affirme le politologue Sonel Joseph
5 min read« Nous avons besoin d’une nouvelle génération d’élites en Haïti », claironne le leader de « Koze Jen yo », Sonel Joseph. Jeune, fougueux, déterminé à servir son pays, le natif de la Vallée croit que l’heure est venue de mettre les jeunes sur le devant de la scène. C’est dans le but d’inciter sa génération à revendiquer sa place dans les espaces décisionnels du pays, qu’il a initié de concert avec d’autres jeunes le mouvement « Koze Jen yo » en 2016. Découvrons ce jeune activiste politique dans cette page de Moun Ou Dwe Konnen.
Sonel Joseph est l’un des jeunes qui est à l’origine du mouvement « Koze Jen yo », lancé il y a quelques années. Originaire de la Vallée de Jacmel, il se présente comme un jeune leader qui, en plus de sa fougue et de ses compétences, est imprégné de la volonté de servir son pays.
Il a fait ses études primaires à l’École Léonce Mégie de la Vallée de Jacmel, dirigée par les Frères de l’Instruction Chrétienne, puis il a entamé une bonne partie de ses études secondaires au Lycée Philippe Jules, dans sa ville natale, avant de les boucler au Lycée Pierre Eustache Daniel Fignolé à Delmas 6. Intéressé par le métier de l’enseignement, il a fait une étude en Éducation au Centre de Formation pour l’École Fondamentale (CFEF) de Port-au-Prince, où il a obtenu une spécialité dans l’enseignement de la langue française et des Sciences sociales. Parallèlement, il a intégré l’Université d’État d’Haïti pour étudier les Sciences politiques qui le fascinent tant, à la faculté IERAH/ISERSS plus précisément. Par ailleurs, le passionné de recherche a suivi de nombreuses formations notamment en gestion des réseaux sociaux et en planification et gestion de campagne électorale.
Un activiste social engagé
Sonel Joseph a développé au fil des ans une culture associative, grâce à ses parents qui l’ont initié à la vie communautaire dès son plus jeune âge, en l’inscrivant à l’Association des Enfants pour le Développement de Lavial (AEDL). Âgé de seize ans, il a mis sur pied de concert avec les paysans de son quartier un regroupement baptisé « Fanm gason vanyan lakou lakay » (FGVLL), dans lequel il a institué un club d’enfants dénommé « DEP » (Dévouement des Enfants pour le Progrès).
Sonel a toujours fait montre d’un profond intérêt pour la communauté dans laquelle il évolue. Dans cette dynamique, il a créé avec certains jeunes de Bainet l’Association des Patriotes Réunis pour une Haïti émergente (PARHE), évoluant surtout dans les domaines de l’enseignement et de l’éducation. Interpellé par les difficultés auxquelles est confrontée la catégorie de la population la plus imposante, à savoir la jeunesse, il a décidé de prendre l’initiative avec le concours de quelques camarades, de fonder le mouvement « Koze Jen Yo ».
«Koze Jen Yo », le mouvement d’une nouvelle élite politique
En 2016, en période électorale, le jeune Sonel Joseph, encore étudiant en Sciences politiques, s’est rendu compte que le discours des candidats de l’époque était vide, sans fondement idéologique et dépourvu de solutions réelles, intelligentes et durables pour le pays. C’est ce qui l’a interpellé à lancer le mouvement « Koze Jen Yo », dont il est l’actuel coordonnateur.
« Nous avons besoin d’un nouveau discours, d’une nouvelle génération de leaders », réclame Sonel Joseph. S’en tenant à ses mots, le mouvement « Koze jen yo » invite la jeunesse haïtienne à prendre conscience de son poids dans la balance politique et à agir en conséquence. « Grâce à nos efforts, les jeunes sont de plus en plus conscients de la nécessité de prendre part aux discussions politiques », se félicite le leader, qui a déjà réalisé quatre grandes causeries sur des nouvelles perspectives. « Lors de notre dernière causerie, les jeunes issus de différentes organisations ont pris l’engagement d’inciter les jeunes à participer aux prochaines élections dans le pays, et de leur donner leur soutien », déclare M. Joseph.
Son invitation va de pair avec l’accompagnement technique qu’il promet de leur donner. « Nous envisageons d’inaugurer La maison de la jeunesse, qui n’est autre qu’un espace de travail, de réflexion, de réseautage pour les jeunes. Cet espace aidera les jeunes à développer davantage leurs capacités », promet Sonel Joseph, d’une part. Et d’autre part, il projette d’instituer le Projet d’appui aux jeunes candidats, devant s’inscrire dans la démarche d’introniser les jeunes dans les positions stratégiques et décisionnelles du pays, par la voie électorale, afin d’apporter du changement.
Tout doit passer par le dialogue
Le politologue, Sonel Joseph, déplore avec véhémence les conditions catastrophiques dans lesquelles se trouve le pays. Cela résulte, selon lui, de l’incapacité des politiques au pouvoir de donner une réponse. « Nous avons aussi notre part de responsabilité dans cette situation, car assez souvent c’est nous qui plaçons ces gens-là au pouvoir. C’est, entre autres, la conséquence de nos actions irréfléchies », soutient le coordonateur de « Koze Jen yo », qui croit que l’ancienne élite politique du pays a échoué.
Selon le leader, il nous faut de nouveaux cadres, des jeunes professionnels qualifiés dans l’administration publique. « Il faut reconnaître que nous avons une élite qui a échoué. Par conséquent, il faut un renouvellement de notre élite, avec des jeunes », affirme M. Joseph, qui ne cache pas ses ambitions politiques.
À en croire ses déclarations, l’activiste social croit que l’heure est à la discussion. « Nous devons nous efforcer de créer un climat de paix dans le pays. Et pour ce faire, nous devons nous asseoir pour dialoguer ensemble sur la voie à suivre », estime le jeune universitaire, indiquant que la solution n’est pas dans les rues.
Selon lui, il faut tout d’abord définir la méthodologie du dialogue, le contenu ensuite, afin d’aboutir à une bonne gestion de la transition qui va organiser les élections afin de revenir à l’ordre constitutionnel et démocratique. C’est selon lui, la meilleure formule à utiliser pour s’en sortir. « Tout doit passer par le dialogue », martèle Sonel Joseph, affirmant son opposition au déploiement des bottes étrangères sur le sol haïtien.
En fait, Sonel Joseph réclame au pouvoir de jeunes citoyens honnêtes, avec une vision collective de la chose publique, animé du sentiment patriotique et de l’esprit de service. Il continue de revendiquer à travers ses différentes prises de position, une nouvelle classe politique, et se dit prêt accompagner, du point de vue technique, cette nouvelle génération de leaders.
Statler LUCZAMA