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Nouvelle grève des employés de la DGI

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Moins de six mois après la décision des employés de la Direction générale des impôts (DGI) d’observer une trêve dans le cadre de leurs revendications, un autre mouvement de grève éclate au sein de cette institution responsable de la collecte des impôts nationaux et locaux. Ce mouvement, qui a débuté lundi, expliquent certains protestataires, est la conséquence de l’inconséquence des autorités gouvernementales qui ne donnent aucune suite à leurs revendications contrairement aux promesses faites en juin dernier.

Augmentation salariale, versement régulier des fonds pour les assurés, renflouement à temps des cartes de débit, octroi des frais de logement et reconnaissance de statut particulier sont, entre autres, les revendications des employés de la Direction générale des impôts. Selon certains grévistes interrogés par le journal, une liste comportant dix revendications a été remise aux autorités compétentes ; très peu d’efforts ont été consentis, selon eux, par ces dernières afin de les satisfaire. Si l’on en croit le ministre de l’Économie et des Finances, Joseph Jouthe, l’État haïtien ne compte pas céder à la pression des grévistes.

« Il nous faut à tout prix de meilleures conditions de travail », réclament les protestataires. Ces derniers pointent du doigt les autorités du ministère de l’Économie et des Finances qui avancent l’idée qu’il est impossible de faire des ajustements salariaux sans une loi de finance. Un argument, soutiennent-ils,  qui n’est pas valable dans la mesure où les autorités continuent de se procurer les véhicules flambant neufs, monnayer les gangs armés et s’octroyer des avantages sans mesure.

La question des salaires et les avantages sociaux sont les principaux irritants à la DGI. Certains employés perçoivent jusqu’à présent un salaire inférieur à 15 000 gourdes brut. Ce qui est qualifié d’inconcevable. Aussi affirment-ils que les contractuels dans cette institution sont traités en parents pauvres. Dans certains services de la DGI, témoignent les instigateurs de la grève, les contractuels n’ont pas perçu leur salaire depuis plus de 5 mois.

Ce matin, ils étaient plusieurs dizaines au bureau central de la DGI à exprimer leur ras-le-bol face à une institution, disent-ils, qui ne fait aucun cas de leurs revendications. « La grève et la violence sont les seules langues comprises par les autorités haïtiennes », s’insurge Daniel Pierre, un employé de la boîte, qui ajoute avoir une promotion depuis plus deux ans sans pouvoir jouir des moindres avantages offerts par son nouveau poste.

Le traitement infligé aux employés est innommable, si l’on en croit les grévistes.  Les dirigeants n’ont pas de mot d’honneur. Ils promettent monts et merveilles tandis qu’à l’échéance, aucune promesse n’est tenue. Les cartes de débit ne sont pas renflouées depuis tantôt 3 mois ; à la différence des autres institutions étatiques, les subventions pour la rentrée des classes ne sont toujours pas encore allouées…

Paralyser tous les services au niveau de l’institution est une mesure extrême et les employés en sont conscients. Surtout que cette crise arrive à un moment où ils sont nombreux, ceux qui veulent produire leur déclaration définitive d’impôt. Mais c’est un sacrifice à faire, reconnaissent les grévistes.

En ce milieu de journée, tous les services étaient bondés de contribuables. En colère, certains d’entre eux n’ont pas manqué de critiquer le comportement des responsables de la boîte. « Ce n’est pas le moment pour des arrêts de travail dans une institution comme la DGI après plusieurs semaines de paralysie », critique un contribuable voulant s’acheter un timbre pour un passeport. La situation était révoltante d’autant que les employés étaient, pour la plupart, à leur poste de travail mais décidaient de ne pas recevoir les contribuables, ce, en sachant pertinemment que cette décision aura des incidences négatives sur les recettes de l’État car la Direction générale des impôts est la principale institution du pays en termes de collecte de recettes domestiques.

En agissant ainsi, les employés décident de contraindre les dirigeants à prendre la voie de négociation. Cependant, tout semble indiquer que les dirigeants ne céderont pas. Pointé du doigt dans le cadre de cet arrêt de travail, le ministre de l’Économie et des Finances par intérim, Joseph Jouthe, compte durcir le jeu. Tout en étant conscient de la situation difficile des employés, le ministre affirme que ces derniers sont des privilégiés par rapport au reste de la population.

Si l’on en croit M. Jouthe, ces employés ont demandé une prime et elle leur a été accordée. Contrairement à ce qu’ils ont déclaré, le grand argentier de la République soutient que les employés de l’État reçoivent régulièrement leur salaire. Tandis qu’il était en train d’installer Me Claudy Gassant à la tête de l’Unité de lutte contre la corruption (ULCC), Joseph Jouthe a enjoint les contestataires de laisser leur place à de nouvelles têtes s’ils ne peuvent pas travailler dans de telles conditions. « Nous avons reçu beaucoup de CV et les demandeurs d’emplois se feront un plaisir de remplacer ces employés mécontents », riposte le ministre.

 Le Nouvelliste

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