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Oswald Durand, le premier des poètes haïtiens!

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« Dèriè yon gros touff pingouin

L’aut jou, moin contré Choucoune

Li souri l’heur li ouè moin

Moin di: »ciel a la bell moun! »

Ces charmantes paroles ne vous sont sûrement pas étrangères ! Effectivement, elles sont tirées du populaire poème: »Choucoune ». « Un Voyage vers l’extraordinaire » vous  invite à faire une riche tournée   en compagnie de notre grand poète Oswald Durand.

De son nom complet, Charles-Alexis-Oswald Durand est le fils de Louis-Dolcé et d’Aricie de Vastey, fille du célèbre Baron de Vastey, de la noblesse Christophienne. Oswald voit le jour sous les cieux de la deuxième ville du pays, le 17 septembre 1840. Deux ans plus tard, ses parents périssent dans le terrible tremblement de terre qui détruisit la ville du Cap-Haïtien en 1842. Devenu alors orphelin, il  est élevé par sa grand-mère maternelle à Ouanaminthe.

On ignore beaucoup de choses sur son cycle de formation académique, on suppose tout simplement qu’il aurait effectué ses études primaires et les deux premières années de son cycle secondaire au Cap-Haïtien. On ne sait pas grand-chose sur l’enfance de cet amoureux des lettres, sinon qu’à 16 ans il aurait exercé, à Saint-Louis du Nord, le métier de ferblantier. Très jeune, Durand  est épris des livres et décide de poursuivre seul sa formation intellectuelle, ce qui lui vaut les mérites d’un grand autodidacte. Plus tard, Demesvar Delorme l’intégra dans l’univers poétique, journalistique et politique.

En 1860, il est nommé professeur au lycée du Cap; puis, en 1867, alors que son vieil ami Delorme devient ministre, il  est nommé directeur du lycée des Gonaïves. Moins d’un an après, il devient secrétaire au « Conseil des Secrétaires d’État ». Durand débutera une  intéressante carrière dans le domaine politique, bien qu’il ait été arrêté sous le gouvernement de Salomon en 1883 et libéré sous le gouvernement de Louis-Joseph Janvier. Il sera nommé membre du cabinet particulier du Président. Deux ans plus tard, il devient Député du Cap, poste dans lequel il sera réélu plusieurs fois.

Concernant sa vie personnelle, Oswald Durand s’est marié en 1862, alors qu’il n’avait que 22 ans avec la première poétesse haïtienne, la célèbre Virginie Angélique Sampeur, institutrice et poétesse tout comme lui, une passion qu’ils ont vécu pendant huit ans de vie commune. De cette union résulte quatre enfants. Il divorce de Virginie en 1870 et se remarie un an plus tard avec Rose-Thérèse Lescot en 1871.

Son parcours dans le monde littéraire haïtien

Connu de tous en tant que professeur, journaliste et homme politique, Oswald Durand ne tardera pas à se faire un nom et une place dans le petit paradis littéraire haïtien qui manquait de chaleur et d’originalité à l’époque. La littérature manquait  alors de vivacité et était considérée comme médiocre en raison du fait que les écrivains, notamment ceux de l’époque pionnière, se livraient à l’imitation  servile des écrivains français du 17e siècle. 

 Les écrits d’Oswald publiés dans plusieurs journaux locaux marqueront le début d’une  ère nouvelle dans le domaine littéraire haïtien. Ses textes publiés dans les journaux comme: Les Bigailles, L’Avenir et L’écho du Nord entre autres, font la une dans la République et finissent par franchir les barrières européennes. En 1888, Oswald  part faire un tour en France et est merveilleusement reçu à la « Société des gens de Lettres » par François Coppée. 

En 1896, il publie son premier recueil de vers: « Rires et pleurs ». Ce recueil chante la nature, la terre haïtienne et ses amours. À travers sa poésie, Durand peint des images originales  dont l’inspiration lui vient de sa terre natale et de la femme haïtienne. Quatre ans après la publication de son premier recueil, Oswald accouche d’un second publié en 2 tomes,  intitulé : » Quatre nouveaux poèmes ». Après la publication de  cette œuvre, en 1905, la Chambre législative haïtienne proclame Durand poète national et lui accorde une pension viagère de 225 gourdes. Malheureusement, le fabuleux poète mourut l’année suivante, en 1906; on lui offrit des funérailles nationales.

L’amant des belles lettres compte une dizaine d’œuvres et de recueils de poèmes dans son palmarès. Il s’est fait l’ambassadeur de la nature haïtienne et n’a pas raté l’occasion de chanter nos mers, nos arbres fruitiers; il a chanté la beauté et la grâce de la femme haïtienne, a confié à son public ses aventures amoureuses souvent sans lendemains. À travers sa plume, il s’est révélé un patriote, un vrai Haïtien dans la chair et dans le sang en racontant malicieusement les nombreux mythes qui existent dans la culture haïtienne.

Oswald a le mérite d’être l’initiateur de la langue créole dans la littérature, à travers son populaire poème: »Choucoune ». Il a ouvert la voie aux autres écrivains de son époque et aux générations futures. Oswald Durand,  un grand parmi les poètes, le premier qui a su projeter la littérature haïtienne au-delà des frontières.

Leyla Bath-Schéba Pierre Louis

Pleyla78@gmail.com

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