mer. Oct 30th, 2024

Le Quotidien News

L'actualité en continue

Percutant flow, la jeune star du rap créole

5 min read

La misère sordide, l’insécurité pitoyable, l’avenir incertain des jeunes quant à leur avenir dans ce pays, c’est ce que dénonce  Percutant Flow dans ses textes. Jeune rappeur originaire de la capitale d’Haïti, Edmond Gesnelson Junior, de son vrai nom, ne fait que traduire la réalité de son entourage en musique consciente.

Edmond Gesnelson Junior, dit Percutant flow, est ce jeune rappeur haïtien qui occupe les stories avec sa dernière sortie « Kri pèp la » décrivant la situation calamiteuse des habitants de Martissant. Âgé de dix-huit ans, il suit une autre voie dans la musique haïtienne, contrairement à ses congénères trappeurs qui affabulent. « Je ne suis pas un marchand de rêves, affirme-t-il. Je vends ma réalité », soutient Percutant Flow, joint par téléphone.

Né d’un père  vendeur de voitures, Edmond assiste très tôt dans son enfance  aux dissensions au sein de sa famille. Une situation qui l’oblige à quitter sa mère à l’âge de trois ans pour rejoindre son père. « J’ai pratiquement grandi avec mon père qui assumait à la fois les deux rôles parentaux », confie Percutant Flow qui qualifie son père d’exigeant, de sévère. C’est en effet grâce au caractère tranchant de son père qu’il parvient à suivre la ligne de l’éducation, sans broncher  jusqu’à son baccalauréat au Collège Michel de Ronsard en 2021. « Mon père espère beaucoup de moi, donc je n’ai pas le droit à l’erreur »,  dit le rappeur conscient d’endosser la fierté de son paternel.

Une star née

À s’en tenir à ses déclarations, il paraît  évident qu’ Edmond Gesnelson s’est toujours imaginé sous les feux des projecteurs comme une star assoiffée d’ovations, dès son plus jeune âge. « Je rêvais toujours d’être une star qui répand la joie dans le cœur de ses fans », fait savoir Percutant avec un rire confiant au téléphone. Le fait est qu’il s’y connaissait bien en ballon rond et qu’il mettait ses administrateurs en extase. « J’avais l’habitude des honneurs quand je marquais des buts. C’est en effet une sensation extraordinaire quand on a une foule d’enthousiastes prêts à vous soulever », poursuit le talentueux qui se compare  à Iniesta qui, au  football comme au basketball, captivait les admirateurs du beau jeu.

Outre le sport, Gesnelson s’amuse à feuilleter les livres et à enrichir son vocabulaire. Ce qui lui a permis de stimuler ses capacités rédactionnelles. Et ce côté intello l’amène à faire le tri dans ce qu’il écoute comme musique. « J’écoute bien et j’écoute ce qui est bon et agréable à l’oreille », précise le rappeur qui se réjouit dans les punchlines de PIC257. C’est ainsi qu’il a commencé à prendre goût au rap.

L’avènement du percutant

Sous l’influence d’un ami amateur de rap, Edmond Gesnelson s’est mis à découvrir l’ABC de ce genre musical qui l’intriguait. Il  reconnaît que c’est grâce à cet ami, BNG, qui est également rappeur, qu’il parvient aujourd’hui à suivre le rythme de l’instrumental. « Je voulais faire du rap comme lui, et il m’a tendu la main. C’est lui qui m’a appris comment gérer le tempo d’un beat. A vrai dire, je lui dois quasiment tout ce que je sais dans le rap », témoigne la voix de « N angaje ». Il n’avait que treize ans à cette époque.

Pour s’entraîner, il avait sur son portable des airs sur lesquels il agençait ses paroles. À mesure qu’il affinait son art, il se voyait de plus en plus un rappeur affirmé et bourré de talent. « Le talent était là. Il fallait donc que je l’exploite davantage. Pour ce faire, je devais me perfectionner encore plus et me trouver un nom d’artiste », se rappelle Edmond qui, en lisant un livre tandis qu’il passait les vacances chez sa mère, a découvert  l’adjectif « Percutant » qu’il  adopta comme nom d’artiste. « Quand je suis tombé sur ce mot qui avait une résonance significative à mes oreilles, je l’ai tout de suite adopté comme pseudo, car il traduisait tout ce que je voulais représenter comme rappeur », affirme Percutant flow.

Des titres suscitant la prise de conscience

Depuis son premier titre « Men m ap rive » sorti en 2019, Percutant flow  sort des tracks les uns plus percutants que les autres qui confirment  son talent. Pour la première moitié de cette année, il a déjà plus de cinq titres, dont le dernier en date, « Kri pèp la », fait le tour des réseaux sociaux. Ainsi, il entend suivre cette même cadence afin de s’attribuer le titre de révélation de l’année. « Je me suis fixé comme objectif cette année de révéler mes potentialités au public. 2021 est en ce sens une année décisive pour ma carrière », déclare la voix de « Nan Geto », l’un de ses titres phares.

Comme susmentionné, le jeune artiste qui vient de  passer les examens officiels du baccalauréat, dit s’inspirer de la triste réalité des quartiers populaires  pour écrire ses paroles. Car, selon lui, il faut peindre cette réalité telle qu’elle est, de manière à attirer l’attention des gens concernés.

Percutant se réjouit en effet du fait qu’il est entrain de franchir un cap dans sa carrière. Son nom atteint une certaine notoriété auprès du public grâce à deux derniers morceaux à succès. « Je suis un artiste qui commence à avoir une certaine notoriété, ce qui requiert une nouvelle adaptation », reconnaît le rappeur de « Nou bouke ». Si son père était réticent à l’idée qu’il emprunte ce chemin, il est aujourd’hui fier de dire que Percutant flow est son fils. Il en est de même pour sa mère qui en revanche l’a toujours soutenu.

« Pour l’heure je travaille sur plusieurs projets avec quelques artistes très connus dans le rap créole. Je diffuserai mon prochain single, Rap God, sous peu », annonce Percutant flow qui, parallèlement, attend le verdict du ministère de l’Éducation nationale, avant d’entamer un cursus en sciences juridiques à l’université Quisqueya.

Edmond Gesnelson Junior, dit Percutant flow, profite de cette page pour témoigner sa gratitude envers tous ceux qui n’ont jamais douté de son talent. « Je ne saurais clore cet entretien sans remercier mon équipe de management, notamment Patrick Masséna, Jean Junior Bazile et tous mes potes du KS25 », conclut le rappeur.

Statler LUCZAMA

luczstadler96@gmail.com

Laisser un commentaire