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Retournons sur le passage mémorable de D-fi dans le rap haïtien

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Rhod D’jyvens Télémaque, plus connu sous le nom de D-fi, est le rappeur qui aura marqué son passage dans le rap haïtien avec une discographie comptant près d’une centaine de tracks,  avec sa poésie, ses skills sur le beat et notamment son engagement pour les justes causes. À la retraite, le talentueux poète consacre son temps à produire de jeunes talents, leur offrant ainsi l’opportunité qu’on lui a privée à ses débuts.

De son vrai nom Rhod D’jyvens Télémaque, D-fi est ce rappeur dont le talent poétique n’est point un sujet dubitatif. Un talent qu’il a mis en valeur sous l’influence de sa mère. L’histoire du poète trouve sa genèse à Castro, un quartier paisible à Delmas 33, non loin de maïs gâté. « D-fi est né le 14 septembre 1991 à Cité Castro, dans une famille de cinq enfants dont quatre garçons et une fille », se présente Rhod D’jyvens, fils aîné de sa mère à qui il doit son existence.

À Cité Castro, ce quartier qu’il porte dans son cœur, D-fi grandit avec ses pairs dans la bonne humeur et la convivialité. « Je me suis fait un nom tôt dans ma jeunesse, en jouant au football. C’était l’une de mes principaux passe-temps », confie D-fi, qui était plutôt doué avec le ballon, à en croire ses mots.

Le natif de Castro fréquente le Collège Jean-Marie Guilloux où il fait ses études primaires. Ensuite, il part entamer ses études secondaires au Collège Saint Louis de Gonzague. Mis à la porte en classe de seconde, Rhod tire sa révérence de Saint Louis, pour intégrer le Collège Frantz Paillière où il met un terme à ses études classiques. « Après mes études classiques, j’ai intégré la Chemtek école supérieure de chimie pour entamer un cursus en chimie que je n’ai malheureusement pas bouclé. Après, j’ai été à L’école de droit et des sciences économiques des Gonaïves pour étudier l’Économie », retrace le poète qui une fois de plus n’a pas remis son mémoire de sortie pour l’obtention de sa licence. De plus, il a fréquenté l’École nationale des arts pendant deux ans.

La naissance d’un poète révolté

Sous l’influence de sa mère, Rhod se met à aligner de beaux rêves, dès son jeune âge. « Je me suis mis à écrire de la poésie grâce à ma mère qui m’y encourageait », déclare le poète qui se servira avec beaucoup d’aisance de sa belle plume dans sa musique. En effet, Il ne fait d’aucun doute qu’il est l’un des rappeurs les plus prolifiques de sa génération.

« Je m’inspire de tout ce qui se passe sous mes yeux pour écrire mes textes, je raconte dans mes morceaux le quotidien de mes semblables. Si quelque part la tristesse imprègne ma musique, c’est parce que l’on vit une triste réalité », explique l’ex rappeur du collectif Powèt Revòlte.

Un passage mémorable dans le rap

Comme quasiment tous les rappeurs, le jeune artiste fait ses débuts avec ses potes dans son quartier ou ses camarades de classe,  en faisant du freestyle. « C’était la tendance à l’époque. On prenait un max de plaisir à faire du freestyle dans la rue. C’est dans ce contexte qu’un pote m’a attribué le pseudo D-fi que j’ai adopté comme nom d’artiste », raconte le producteur, Rhod D’jyvens.

À la fin de 2014, D-fi  a rencontré le producteur Philippe avec qui il entretient vite une relation inséparable. « Philippe est comme un frère pour moi. Il a produit quasiment tous mes projets. Il est en effet l’autre bout de D-fi qui opère dans l’ombre », témoigne Rhod D’jyvens qui ne tarit pas d’éloge sur son directeur artistique et associé à Evazyon Mizik.

Grâce à cette fructueuse collaboration, le rappeur retraité compte près d’une centaine de musiques dans sa discographie. En 2016, Il enregistre son mixtape « Rèv ak plim » après l’avoir annoncé avec le single titré Reflem. En juillet 2017, il récidive avec un second mixtape intitulé « Bal ou rim ». Un an après, il sort enfin son premier album, « Kwonik yon getoyout ». En duo avec son fidèle ami et compère, Kenfs, il sort son dernier album, « VVV » qui connait un grand succès auprès du public. Sans oublier ses nombreux singles, les séries Back to black, un double EP avec Powèt Revòlte, entre autres.

Le rappeur de Mizik Sove vim, D-fi se dit satisfait de son parcours dans le rap. « Malgré les nombreuses difficultés qu’on a connues à nos débuts, dues au manque de sponsorat ou manque de promotion, je peux affirmer que j’ai fait ce que j’avais faire », lance le rappeur en retraite. Selon ses dires, ce qui le rend fier dans son parcours est le fait qu’il a su accomplir toutes ces choses dans l’industrie musicale haïtienne tout en restant fidèle à soi-même, à ses convictions. Par contre, sa plus grande déception reste et demeure l’échec du fameux projet Powèt Revòlte. « C’était un projet de toute une vie. Et le fait qu’il n’est pas abouti demeure ma plus grande déception », regrette-t-il.

La fin d’une mémorable aventure

« Je me suis retiré de l’industrie avec un sentiment de fierté. J’ai fait ce que j’avais à faire en restant intègre, honnête et fidèle à mes valeurs et à mes convictions », témoigne le PDG de Evazyon Mizik, Rhod D’jyvens Télémaque, qui ne regrette pas son choix. « Pour moi, la musique a toujours été  un moyen de m’exprimer, de faire passer mes frustrations, de dénoncer l’injustice qui sévit le pays. Par ailleurs, elle me procurait du plaisir également, exprime l’ex rappeur. Cette flamme que j’avais jadis, a cessé de m’animer donc j’ai décidé de tourner la page pour me consacrer à d’autres projets », poursuit la voix de Yèswa qui a marqué son passage dans le rap haïtien.

Après avoir paraphé son nom dans le rap créole, le PDG de Evazyon Mizik et rappeur retraité, Rhod D’jyvens Télémaque dit D-fi, consacre à présent son temps et son énergie à produire de jeunes artistes dans son label. Il a déjà signé plusieurs artistes, tous dotés de vrai talent, comme Tafa, Stan, Wellborn, 2senk, entre autres, autant d’artistes qui promettent de l’or dans l’industrie musicale haïtienne, qu’il espère accompagner au sommet de leur carrière.

Statler LUCZAMA

Luczstadler96@gmail.com

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