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Sauvons la PNH!

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Les discours des nouveaux dirigeants haïtiens rassurent. Comme leurs prédécesseurs, ils annoncent des mesures porteuses d’espoir. Souhaitons qu’ils ne les imitent pas dans l’action. Le Premier Ministre notamment a été méticuleux dans le choix de ses mots lors de son installation. Concrètement,  il soutient avoir pris les mesures des enjeux et des attentes populaires. 

Si on demande à n’importe quel citoyen ordinaire qu’est-ce qui devrait être la priorité de ce Gouvernement fraîchement installé,  il vous dira sans hésiter que c’est le rétablissement de la sécurité. C’est une évidence, mais ce n’est pas tout. À ce carrefour où se trouve le pays, tout est prioritaire. S’attaquer à l’insécurité c’est d’opérer des changements drastiques au sein de la PNH (du haut commandement à l’agent I). C’est aussi redorer le blason du système économique national. Et, à l’inverse refaire la santé économique du pays c’est d’éliminer des facteurs prédisposant au gangstérisme. De toute évidence, c’est un système à chambouler. Toucher l’économie implique de toucher la sécurité,  l’éducation, l’environnement,  les infrastructures, etc. Les actions doivent être simultanées. 

Le Conseil Présidentiel a probablement conscience de ce fait. Un des Conseillers avait dit récemment que tout est prioritaire et que le Conseil va attaquer tous les problèmes en même temps tout en restant dans l’intervalle de leur mandat. Ça fait plaisir d’entendre de tels discours mais, quel moyen dispose les conseillers pour atteindre un tel objectif? Comment vont-ils procéder pour s’attaquer particulièrement à l’insécurité dans un contexte où la PNH n’inspire plus confiance? Dans un pays où quand on voit un policier on se demande s’il est un vrai ou un faux? Dans un contexte où la population a peur de se confier aux forces de l’ordre. Car, elle redoute de dénoncer des bandits aux bandits.

Le cas de la PNH est devenu de plus en plus compliqué à cause de ce déficit de confiance. La corruption qui gangrène l’institution ne date pas d’hier. Aucune mesure drastique n’a été prise pour corriger les dérives. On n’arrête pas de critiquer l’Inspection générale de faire des traitements deux poids deux mesures dans certains dossiers relatifs à des policiers fautifs. Les critiques portant sur les traitements de faveurs dans la distribution des grades et les transferts sont toujours d’actualité. N’en parlons pas du salaire misérable et des retards observés dans le paiement de la mensualité des policiers.

Les critiques portant sur le vetting au sein de la PNH a toujours suscité des doutes. Pour cause, chaque jour qui passe est l’occasion pour dénoncer des policiers qui  agissent au mépris des principes d’éthique ou qui est soupçonné ou dénoncé comme étant membre de groupe armé illégal. 

Nous ne voulons pas relayer les accusations de certains chefs de gangs à propos de la PNH. Mais, certaines de leur déclaration devraient interpeller. Quelles sont les mesures qui ont été prises suites aux accusations du Caïd de « Kraze baryè », Vitelhomme innocent concernant de hauts gradés la PNH? Qu’est-ce qui vont être fait à la suite des mises en accusation faites par le porte-parole de la coalition de « Viv ansanm », Jimmy Cherisier sur des policiers qui sont de mèches avec lui et qui lui vendent des matériels l’institution? Le RNDDH dans plusieurs rapports avaient l’habitude de tirer la sonnette d’alarme sur l’usage des matériels de la police notamment des blindés par les gangs du  » G9 an fanmi e alye » pour combattre d’autres gangs. Ce sont de simples coïncidences ou c’est juste des déclarations d’un hors la loi? Quelles sont les importances de telles accusations dans un contexte où il revient à la PNH et à la PNH seule de faire face aux gangs?

Quoi qu’on puisse faire de ces accusations,  une chose est fondamentale: la PNH n’est plus un corps unifié représentant ce qu’il devait représenter. La liste des ex-policiers et policiers en fonction impliqués dans des activités de gangs présentée par la PNH attire la curiosité. Comment sortir de cette ornière ? Sans un vetting sérieux et de volonté manifeste, toute utopie de combat contre le grand banditisme est une bataille perdue d’avance. Les policiers ne peuvent pas être à la fois informateurs, clients, membres influents de gangs. Nous devons sauver l’institution mais pour cela, il nous faut du courage et de la volonté. On ne peut pas oser penser combattre les gangs par des gangs.

La Police doit agir. Les changements annoncés dans le haut commandement doivent montrer la bonne volonté des dirigeants. Mais, si on fait l’erreur de changer la tête sans agir sur le reste du corps, on fait fausse route. La peur doit changer de camp et, pour que cela puisse devenir une réalité, les éléments corrompus du corps doivent se sentir menacés et jetés en prison.

Daniel SÉVÈRE 

danielsevere1984@gmail.com

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