Un avenir pour mon fils
2 min readBelle, elle l’était. Elle n’avait que 19 ans quand un soir, pendant qu’elle rentrait chez elle, un homme la viola. Elle pleurait ne sachant que faire, elle rentra chez elle et ne dit rien à ses parents. Quelque semaine plus tard, découvrant sa grossesse elle fut mise à la porte. Comme elle n’avait nulle part où aller, elle se réfugia dans les rues de la capitale, mendiant pour se nourrir.
Intelligemment, elle prit le peu qu’elle reçu et le transforma. Elle commença par vendre de l’eau et ensuite des sucreries. Elle accoucha ses deux fils sur un tas d’immondices. « Le ciel veut me punir j’ai été violée, mise à la porte de chez mes parents et maintenant je viens de mettre au monde deux fils comment vais-je les nourrir? »: Se disait elle.
Elle avait maintenant des jumeaux et n’avait plus de temps pour se plaindre, chaque jour pour elle était une nouvelle compétition. Elle évoluait malgré tout. Elle bougeait partout, elle fit même les trottoirs tant que ça donnait à manger. Elle rencontrait quelques fois des amis de son ancienne école et elle ne trouvait pas la force de leur parler ou même de les regarder dans les yeux. Elle en avait marre de souffrir, mais dans tout ce qui lui arrivait ces fils étaient une source de consolation.
Elle les envoya tous les deux à l’école chez les salésiens, quand arrivait l’heure de payer et qu’elle n’avait pas encore l’argent elle venait se mettre à genoux devant l’abbé et le suppliait, ça arrivait tellement souvent qu’on finit par lui refuser l’accès d’entrer. Elle vend des vêtements maintenant, son commerce marche plutôt bien. Elle aurait pu devenir cuisinière, « si seulement j’avais appris à cuisiner »:se disait elle en riant.
Elle a fait un long parcours, son chemin a été long. Mais elle a réussi a construire quelque chose. Aujourd’hui, au marché, elle était très souriante. « Ils ont tous deux reçu leur résultat ce matin, ils sont tous deux admis à l’université. Je vais avoir un ingénieur et un docteur.
Je suis tellement fière de mes fils. » Tandis qu’elle partageait la raison de sa joie avec ses marchandes voisines, elle fut agressé par l’un des hommes de la mairie, elle ne voulait pas qu’on lui prenne sa marchandise. L’homme la poussa et une voiture la heurta. Elle avait les yeux grands ouverts. Tandis qu’on l’emmenait aux urgences, elle repassait sa vie en détail pendant qu’elle trépassait lentement.
-Pourquoi maman, pourquoi? : Criait un de ses fils inconsolable.
-Pourquoi? Demanda-t-elle en souriant. Je voulais un avenir pour mes fils.
E.Giordany