Une journée réussie pour le Dr Josué Pierre-Louis en Allemagne
4 min readAprès le succès rencontré en Espagne et à l’UNESCO, c’est encore une autre journée réussie pour le Dr Josué Pierre-Louis à Berlin. En effet, devant un parterre de diplomates africains, latino-américains et caribéens, le Dr Josué Pierre-Louis a tenu un discours clair et responsable sur les pistes de propositions permettant la fabrication du droit moderne, préalable nécessaire à l’érection de l’État de droit et à la construction d’une démocratie véritable en Haïti.
Le 29 juin 2022 à 13h,l’heure du déjeuner, à l’hôtel AdlonKempinski Berlin, les diplomates africains, latino-américains et caribéens ont fait le déplacement en grand nombre pour venir participer à la présentation-dédicace du nouveau livre du Dr Josué Pierre-Louis. Après avoir remercié le public d’être venu si nombreux et loué leur enthousiasme, le Secrétaire Général du Palais National entre dans le vif du sujet en prononçant la formule-choc : la modernisation du droit ne veut pas dire occidentalisation.
Ainsi posé, le professeur met l’accent sur le point qui lui paraît fondamental, en s’inscrivant en faux contre tous ceux qui affirment que les deux termes sont synonymes, ou qui associent la modernisation aux peuples occidentaux. Malgré le ventre creux, au moment même où le chercheur en droitlançait ces paroles pleines de bon sens, le sourire était sur tous les visages. Venant pour la plupart de pays ou territoires anciennement colonisés, le discours du Professeur trouve un écho favorable auprès de ces derniers. Cela se comprend aisément, etrend sa présentation très attractive : le mimétisme juridique et institutionnel est une expérience partagée, imposée ou souhaitée.
Ensuite, l’ancien Doyen de la Faculté des Sciences Juridiques et Politiques (FSJP) de l’Université Quisqueya explique, sans souci d’exhaustivité, les raisons majeurespouvant servir de fondements à la modernisation du droit haïtien : l’ancienneté des codes ; l’application des traités internationaux ratifiés ou non ratifiés ; l’exigence d’une réforme constitutionnelle ; l’adoption de lois et décrets particuliers édictés en marge des codes en vigueur ; l’absence de toute codification de certaines matières ; un bilinguisme inégalitaire ; un système juridique éclaté entre le droit officiel et le système coutumier.Aussi, il en a profité pour pointer les nombreuses lacunes du droit des affaires et des investissements, trop importantes avec des conséquences majeures pour le développement économique et financier du pays. Chacun le sait, note-t-il, le développement économique exige, outre une certaine stabilité politique, des conditions en amont : une stabilité macroéconomique, la création d’un cadre légal et judiciaire favorable aux affaires et des choix stratégiques, comme la localisation des zones franches, entre autres. Dans la même veine, il continue pour dire qu’en Haïti, le cadre légal régissant le système de contrôle des activités bancaires, boursières et des marchés doit êtreréactualisé afin d’être compétitif et drainer plus de capitaux pour une croissance économique forte aux retombées bénéfiques pour l’ensemble du corps social. À ce sujet précis, les propos du Dr Pierre-Louis sont accueillis avec des hochements de tête approbateurs.
Enfin, un autre point, et non des moindres à signaler dans sa présentation, et qu’on retrouve dans ses précédentes interventions est l’empressement de nos partenaires techniques et financiers à vouloir imposer des solutions ou des conditions de bonne gestion, que les gouvernements haïtiens acceptent non sans contrainte, mais dont l’application ou le respect reste problématique. La modernisation du droit tant attendue de la communauté internationale est certes nécessaire, mais elle doit être menée avec prudence et sérieux. À trop vouloir singer ou imposer le droit occidental sans prendre en compte les réalités du terroir haïtien ou des pratiques coutumières, le pays risque de s’enliser dans un enchevêtrementde réunions, de sommets et de commissions sans avoir une vision claire du soutien, des aides et des dépenses associés, et surtout de se faire distancer davantage par le reste du monde.
À la fin de la présentation-dédicace, on ne pouvait qu’admirer la qualité de l’auditoire, l’éloquence des échanges, l’intérêt manifesteet certain du publicpour le livre et l’attention des diplomates et des chefs d’entreprises, acquis à la problématique dégagée et aux propositions et pistes d’action qui y sont formulées et étayées sur une analyse fine de la situation présente. Soutenue en 2013, la thèse du Dr Pierre-Louis garde toute son actualité et la problématique qu’il soulève dans ce nouvel ouvrage demeure une question primordiale par rapport à l’avenir.
Joseph Pierre REGISTRE