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Une professeure d’ISTEAH choisie comme sénatrice au Canada

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Sommes-nous étonnés de cette nomination ? Non ! Pas le moins du monde. L’annonce nous réjouit et nous perturbe à la fois. En remémorant un vieux proverbe de chez nous, on peut ajouter sans sourciller que : « Ce sôt ki bay, imbecil ki pa pran ».

            À revoir le background de l’heureuse élue, aurions-nous hésité une seconde, à l’instar du Canada, à garantir le bien-être de notre pays sans enchâsser ces perles rares dans le bijou national pour le bonheur du futur ? C’est non !     

Diplômée en génie civil en Haïti, l’ingénieure Suze Youance, dont le père Jean Youance est originaire de la Grand’Anse, fit voile vers le Canada en 2006. Après avoir réussi avec brio sa maîtrise et un doctorat à l’ETS (École de Technologie Supérieure) à Montréal, sa renommée était faite et toutes les compagnies majeures, spécialisées dans la construction durable, se l’arrachaient en raison de sa spécialisation à la fine pointe des dernières spécificités techniques : la conception parasismique (envisagée pour résister aux effets des séismes). Curieuse de nature, la recherche demeure son hobby.

 À la télévision, au « Canal Savoir », elle divulguait son propre programme scientifique sur le développement durable jusqu’en 2023 où elle détaillait avec une certaine fluidité les subtilités de cette notion relative à des tremblements de terre déstabilisants.

 Des prix, des titres honorifiques, des récompenses, elle en a glané pas mal, au fil du temps, au point qu’une page entière ne suffirait pour les décrire.

            Philanthrope de nature, et passionnée d’enseignement, elle tient à aider les autres, en participant bénévolement à des activités de promotion des femmes en génie, surtout en résistance des matériaux, discipline qu’elle enseigne à titre de chargée de cours à l’ETS, son alma mater, et à l’ISTEAH (l’Institut des Sciences, des Technologies et des Études Avancées d’Haïti), une université en ligne basée au Canada, destinée à former, d’abord nos compatriotes, et des étudiants partout sur le globe.

            Cette once d’humanité qui anime la Dr Youance m’invite à rédiger cette note, en guise de remerciement. Je ne la connais ni d’Ève ni d’Adam, mais en collaborant avec l’ISTEAH, pour façonner les plus jeunes et surtout les femmes restées dans l’arrière-pays de chez nous, elle a, à mes yeux, gagné mille fois ses lettres de noblesse.

 Même si les bénéficiaires de l’ISTEAH sont en partie (50%), condamnés à l’exil, au moins ils débarqueront au pays de leur choix, la tête bien faite, avec une certaine assurance et un brin de dignité plutôt que d’être jugés à l’aune du nez par les pires racistes de la planète.

            Ce détour intéressé, malgré le caractère valorisant de la nomination, a été effectué dans le but de démontrer l’hypocrisie de tous ces profiteurs qui nous traitent de « trous de cul, de pays de merde … » etc., tout en grappillant allègrement, sans tambour ni trompette, les surdoués de notre population clochardisée.

Pour ce faire, des programmes sulfureux ont été planifiés pour arnaquer nos jeunes espoirs. Sans mot dire, devant la nation exsangue, où la raison a déménagé du cerveau, nos génies n’ont pas d’autres choix que l’exil. Des mécanismes sidérants ont été mis en place par l’étranger pour les siphonner.

À titre d’exemple, pensons simplement aux « Fulbright Scholarships ou les Bourses Fulbright » en français.

            Cette machine bien huilée créée en 1946, après la 2e Guerre mondiale, a été conçue pour drainer ou pour inciter les plus doués de tous les pays pauvres à postuler pour une scolarisation gratuite aux USA. Dans les ambassades américaines, vous trouverez leur formulaire d’invitation. Mais n’applique pas qui veut. Une recommandation est indispensable si l’on tend à impressionner. Certaines écoles privées, bien branchées, y inscrivent, le temps de le dire, leurs meilleurs poulains. Une fois attrapé dans les mailles du filet, 99 % de ces bénéficiaires ne reviennent jamais sur leur terre d’origine. C’est le siphonnage organisé.

            Néanmoins, je caresse un certain espoir, car ces jeunes étoiles, après avoir brillé chez le voisin, pourraient, au grand dam de l’Oncle Sam, retourner un jour dans leur patelin. L’exemple de l’Inde demeure une référence aujourd’hui. Même si, dans le cas présent, le perdant s’avère être Quisqueya, nous présentons nos sincères félicitations à Dr Youance et à son père, qui avait fréquenté le Collège Saint-Louis de Jérémie.

Max Dorismond

–Note—

1 — On ne tient aucune élection au Canada pour les sénateurs. Un comité consultatif indépendant se charge de faire simplement des recommandations sur les nominations au gouvernement.

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