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Vulnérable face à des pluies torrentielles, Haïti entame une saison cyclonique 2025 qui devrait être active à 60%

Ce 1ᵉʳjuin 2025 marque le début officiel de la saison cyclonique dans l’Atlantique Nord, les Caraïbes et le golfe du Mexique. La République d’Haïti, en raison de l’absence de politiques de planification et de surveillance du territoire et de normes d’urbanisation, est très exposée aux catastrophes naturelles, indique Anel Dorlean, coordonnateur de Ecovert-Haïti lors d’une interview accordée au journal.  

Pour marquer cet événement, la Direction générale de la protection civile (DGPC) a organisé une cérémonie le 30 mai 2025 à Port-au-Prince. Cette initiative visait à informer, à sensibiliser et à mobiliser toutes les parties prenantes pour la gestion des risques de catastrophes. Cet appel survient dans un contexte de grande vulnérabilité pour le pays et face à des prévisions annonçant une saison cyclonique particulièrement active. Selon les prévisions de la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA), la saison 2025 devrait être active à 60 %, avec entre 13 et 19 tempêtes, dont 6 à 10 pourraient devenir des ouragans et 3 à 5 des ouragans majeurs.

Toutefois, Anel Dorlean explique à Le Quotidien News qu’en raison de la position géographique d’Haïti, elle est intrinsèquement très exposée aux aléas naturels tels que les inondations et les cyclones tropicaux. « Comme les années précédentes, les mêmes causes peuvent encore produire les mêmes résultats, voire pire, car Haïti est un État en faillite et extrêmement vulnérable. Comment un État vulnérable peut-il voler au secours d’une population vulnérable ? Les deux peuvent s’effondrer ensemble. Autrement dit, la situation devient de plus en plus vulnérable, même face à des pluies torrentielles qui durent de 30 à 60 minutes ».

D’après M. Dorlean, cette vulnérabilité est exacerbée par l’incapacité actuelle de se préparer adéquatement. « Il n’y a aucune façon de préparer la saison cyclonique 2025 en Haïti, car la chaîne logistique est dysfonctionnelle. Les lieux qui servaient autrefois de camps pour accueillir temporairement les personnes déplacées, comme les hôpitaux, les écoles et les églises, sont aujourd’hui pillés, brûlés et sous l’emprise de groupes armés », peine-t-il.

De plus, les principales routes nationales sont bloquées, ce qui empêche même l’envoi de matériel essentiel pour nettoyer les rivières. Il est également impossible de nettoyer les canaux de drainage dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince, contrôlée à 85 %  ou plus par des groupes armés. Aucun travail de curage n’a été réalisé au niveau de plusieurs rivières importantes, pourtant souvent inondées. Du nord au sud, les zones côtières restent inchangées face aux aléas naturels.

Malgré le lancement des préparatifs de la saison cyclonique depuis le 17 avril 2025, aucune mesure n’est encore prise pour la protection ou le déplacement des personnes vulnérables vivant dans des camps, et le Secrétariat permanent de gestion des risques et des désastres (SPGRD) reste silencieux à ce sujet, a-t-il constaté.

Pour faire face à cette saison qui s’annonce très active, M. Dorlean souligne la nécessité d’activer un réseau communautaire d’information pour la population avant, pendant et après les catastrophes afin d’éviter des pertes en vies humaines. Le SNGRD, la DGPC et l’Unité hydrométéorologique (UHM) ont d’ailleurs lancé un appel conjoint à la presse, aux institutions publiques et privées, ainsi qu’aux organisations non gouvernementales (ONG), dans le but de renforcer la collaboration et le soutien tout au long de cette période.

Dans un contexte où les régions sont coupées de la capitale par l’insécurité, ce qui rend impossible les travaux de conservation essentiels et où la population vit dans le désespoir, la perspective d’une saison cyclonique active pose un défi d’une gravité extrême pour Haïti, conclut-il.

Marie-Alla Clerville

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