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12 mars 2021-12 mars 2023 : Deux ans de mauvais souvenirs pour les policiers et la population haïtienne

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Les policiers, comme tout le reste de la population, semblent être impuissants face aux bandits qui terrorisent le pays. Deux ans après le drame à Village de Dieu où cinq policiers ont perdu la vie suite à des « erreurs tactiques et des rétentions d’informations » lors d’une opération, les morts au sein de la PNH n’ont pas cessé  d’augmenter.

Les événements du 12 mars 2021 ont jeté un sérieux doute sur les capacités de la Police Nationale d’Haïti à monter une opération sérieuse contre les gangs qui sèment le désordre et la désolation dans différentes régions du pays. Privés de tout support et de moyens suffisants pour se défendre au cours de l’opération, Georges Renois Vivender, Désilus Wislet, Eugène Stanley, Ariel Poulard, et Lucdor Pierre,  membres des forces de la police spéciale, ont été exécutés par les bandits à Village de Dieu. 

Joseph Jouthe, Premier Ministre lors des événements, avait reconnu des erreurs tactiques et une rétention d’informations commise par les autorités policières. « Il y avait des ordres qui n’ont pas été donnés à temps, ce qui a amené les policiers à tomber dans le piège. Beaucoup de consignes de la chaîne de commandement n’avaient pas été appliquées à la lettre sur le terrain », avait déclaré l’ex-Premier Ministre dans une conférence de presse le 31 mars 2021. 

« Aucun rapport n’a été donné à l’opinion, aucune sanction administrative ni judiciaire n’a été non plus prise contre les membres du haut commandement de la police et d’autres personnes responsables du carnage », reproche le Centre d’Analyse et de Recherche en Droits de l’Homme (CARDH), alors que l’inspecteur général Carl-Henry Boucher, responsable de la direction des renseignements généraux, placé en isolement le 15 mars 2021, après avoir été auditionné par l’inspection générale, a été tout simplement libéré.

Le mémoire du deuil

Comme c’était le cas en 2022, une messe de requiem a été organisée au quartier général du SWAT en mémoire de ces cinq policiers appartenant aux corps SWAT-TEAM et BOID, en présence de différents policiers, ainsi que du Directeur Général de la PNH Frantz Elbé et des membres du Haut Commandement. « En dépit des pleurs et du sentiment de désolation que la date du 12 mars évoque dans la conscience collective, elle doit être une source d’inspiration pour méditer, renforcer l’esprit de corps et travailler sans relâche pour mettre un terme définitif à la barbarie de tous les groupes armés qui veulent à tout prix dicter leur loi », a déclaré la PNH sur sa page Facebook le 12 mars 2023.

De son côté, le Syndicat de la Police Nationale d’Haïti (SPNH) continue à voir dans le drame du 12 mars 2021 un complot ourdi par certains acteurs en vue de déstabiliser encore plus le pays, un pari gagné depuis. « Le drame à Village de Dieu ainsi que d’autres événements ayant coûté la vie à des policiers ces deux dernières années s’inscrivent dans un complot ourdi par des acteurs de la communauté internationale en complicité des dirigeants au pouvoir en Haïti », a déclaré Garry Jean Baptiste, conseiller du SPNH.

 « 12 mars 2021 : Carte blanche donnée aux bandits pour assassiner les policiers et la population, étendre leur prédominance… »

Dans une publication du 13 mars 2023, le Centre d’Analyse et de Recherche en Droits de l’Homme (CARDH) considère que les policiers sont laissés en position de faiblesse face aux réseaux criminels. « Durant la journée du vendredi 12 mars 2021, des policiers des unités d’élite (SWAT-TEAM, BOID…) auraient été envoyés à la boucherie à Village-de-Dieu », selon le CARDH qui rappelle que « leurs cadavres ont été humiliés, mutilés, profanés, brûlés et exposés aux réseaux sociaux ». 

« Carte blanche a été donnée aux bandits pour assassiner les policiers et la population…Cinquante-quatre (54) policiers ont été assassinés en 2022. Du 1er au 26 janvier 2023, 18 policiers ont déjà été assassinés », s’indigne le Centre d’Analyse et de Recherche en Droits de l’Homme dans sa publication. Pour eux, les autorités policières doivent mieux protéger leurs agents, et faire prendre leurs responsabilités face aux différents meurtres de policiers qui ont eu lieu ces dernières années dans le pays. « La Direction générale de la police doit fixer les responsabilités par rapport au drame du 12 mars 2021 jamais élucidé qui affecte encore l’institution policière et à celui de Liancourt », recommande le CARDH.

Clovesky André-Gérald PIERRE

cloveskypierre1@gmail.com

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