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Nous sommes les champions!

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Nous sommes les champions !

Nous le disons trop souvent : nous ne sommes pas les maîtres du temps. Nous avons trop d’urgences à traiter pour être si tranquilles et indifférents.  Les événements vont tellement vite qu’on a du mal à analyser leurs impacts. Insécurité, mission onusienne,  dialogue politique, élections, corruption, défaillance des systèmes judiciaire et éducatif,  les dossiers s’empilent et on ne sait comment les classer sur une échelle de priorités.

Nous nous comportons comme des enfants en bas âge. Des innocents qui n’ont rien fait. Qui sont bien entourés par des parents soucieux et responsables. Des adultes sensibles à leurs malaises, leurs gênes, leurs joies et leur bien-être. Nous ne nous inquiétons de rien car nos parents (qu’ils soient adoptifs ou non) nous contrôlent.

C’est pour cela qu’on se sent si agréable et confortable dans ce contexte de crise. Nous dilapidons les caisses de l’État. Nous affaiblissons le système judiciaire. Nous avons mis en lambeaux le système éducatif. Nous avons créé (aidé ou pas par des étrangers) nos gangs. Nous avons confisqué la nourriture des plus démunis. Nous avons terrorisé et rançonné les éléments de la classe moyenne. Au final, nous attendons, sans nous sentir coupables, que des étrangers (ceux que nous prenons pour nos parents) viennent réparer les pots cassés à notre place.

Nous attendons tout de la communauté internationale. Nous lui imputons également tous nos maux. On a passé deux ans à attendre une mission étrangère pour résoudre le problème de l’insécurité. Nous avons remis le sort de nos propres concitoyens à une nation étrangère qui tergiverse. Nous avons placé la vie de nos compatriotes entre les mains d’hommes politiques qui essaient de se faire une santé dans le blocage ou non des policiers sollicités. Pourtant, on se vante d’être une nation souveraine. Pourquoi les Kenyans doivent-ils intervenir de manière urgente? Pourquoi les critiquer de négocier au préalable des sommes faramineuses pour intervenir alors que nous faisons croire à tous qu’ils sont des seigneurs? Car ceux qui sont concernés par le problème se montrent encore plus calmes qu’eux et moins inquiétés. Et pourquoi l’ONU n’a-t-il pas décidé de renforcer la PNH avec ce montant réclamé?

Nous sommes des clowns. Des champions qui ne cessent de se tourner en dérision. Nous avons fait de la politique pour nous enrichir illicitement et nous avons torturé la justice pour nous protéger. Les rapports communiqués cette semaine par l’Unité de Lutte Contre la Corruption (ULCC) éclaircissent davantage les raisons, entre autres, justifiant cette velléité de maintenir systématiquement le pays dans un état de crise. C’est un pays qui est dirigé en voulant à tout bout de champ prendre des raccourcis.

Paradoxalement,  tous les acteurs ont la même tactique. Faire passer le temps. On pourrait se demander, quel intérêt a l’opposition de jouer la montre elle aussi. À quelle fin si elle n’est pas pour accéder au pouvoir? Nous sommes devenus minables. La menace de révocation de visas fait place aux sanctions internationales. Pourtant, les politiques semblent jusqu’à présent ne pas apprendre la leçon. On peut toujours fuir la justice et se déresponsabiliser mais, au tournant, vous n’aurez plus de recours. Bravo champions!

Daniel SÉVÈRE 

danielsevere1984@gmail.com

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