15 milliards de gourdes au premier trimestre : l’Etat explose les chiffres du déficit et du financement monétaire
3 min readLe financement monétaire de la Banque de la République d’Haïti (BRH) à l’État haïtien a fait un bond considérable au premier trimestre de l’exercice 2019-2020, atteignant 15 milliards 859 millions de gourdes au 31 décembre 2019 contre 6 milliards 28 millions de gourdes pour la même période de l’exercice précédent.
Si on compare un trimestre à l’autre, le volume du financement monétaire accordé à l’Etat par la banque centrale, nous sommes passés de 5 milliards 342 millions de gourdes au trimestre 2018-2019 à 15 milliards 859 millions pour le premier trimestre de 2019-2020, selon la note de politique monétaire de la BRH, publiée le 31 janvier 2020.
« Au 31 décembre 2019, les taxes et impôts collectés par l’État haïtien ont augmenté de 4,5 % par rapport au trimestre précédent, se chiffrant à 19 milliards 618 millions de gourdes. Parallèlement, les dépenses ont crû de 37,7% par rapport au trimestre passé pour se chiffrer à 42 milliards 744 millions de gourdes. Cette progression reflète particulièrement un effet saisonnier lié aux débours destinés aux activités de fin d’année », lit-on dans la première note de politique monétaire de l’exercice.
Pour mieux comprendre la hausse des dépenses de l’Etat entre octobre et décembre 2019, il faut la comparer aux dépenses pour la même période en 2018 : 30 milliards 748 millions au premier trimestre 2018-2019 contre 42 milliards 744 millions pour le premier trimestre de l’exercice fiscal 2019-2020.
Dans le même temps, les recettes sont passées de 21 milliards en octobre-décembre 2018 à 19 milliards entre octobre et décembre 2019. Les recettes baissent, les dépenses augmentent.
Seul le ministère de l’Economie et des Finances (MEF) peut donner les détails des dépenses ayant nécessité 15 milliards de gourdes de financement, a indiqué une source interrogée par le journal.
Contacté par le journal, le ministre de l’Economie et des Finances, Joseph Jouthe, n’a pas encore accordé d’interview pour ventiler les dépenses ayant nécessité ce niveau de financement monétaire.
Cette explosion du déficit budgétaire s’est produite alors que le Trésor public a bénéficié d’une hausse des taxes et impôts de 4, 5 %, pour la même période (d’octobre à décembre 2019). Cette explosion survient alors que le taux de change est resté étonnemment stable sur toute la période à 91 gourdes environ pour un dollar américain.
Le change pèse souvent sur le poids des dépenses et des recettes publiques, observent des analystes.
Le financement du déficit public par la Banque de la République d’Haïti est une constante depuis plusieurs années, d’un trimestre à l’autre. Le dernier trimestre de l’exercice fiscal 2018-2019 avait nécessité un financement de 5 milliards 342 millions de gourdes contre ces 15 milliards 859 millions pour le premier trimestre de l’exercice 2019-2020.
Pour contenir les dépenses de l’État dans les limites des ressources disponibles, le 27 novembre 2019, la BRH avait pourtant signé avec le MEF un nouveau Pacte de gouvernance économique et financière. Cette entente devrait permettre de circonscrire les effets de l’augmentation des besoins de financement de l’État découlant de la contre-performance des finances publiques.
Pour le premier trimestre de l’exercice 2018-2019 l’Etat avait recouru aux bons soins de la BRH à hauteur de 6 milliards 28 millions de gourdes contre plus de 15 milliards cette année. On ne connaît pas encore les prévisions pour l’année entière car le cadre budgétaire promis par le ministre de l’Economie et des Finances n’a toujours pas été rendu disponible.
Depuis trois ans, le pays fonctionne sur le même budget et il n’y a pas de gouvernement légalement en poste depuis mars 2019. En baisse continue depuis près de dix ans, moins 53% l’an passé, le gros de l’aide de la communauté internationale est suspendue, en attente d’un accord politique pour former un nouveau gouvernement et d’un accord avec le Fonds monétaire international (FMI).
Source Le Nouvelliste