2020 : l’année mettant à plat l’industrie touristique haïtienne
3 min readDe nombreux efforts ont été constatés dans le tourisme en Haïti au cours de la dernière décennie. Haïti s’est vite replacé sur la carte mondiale des destinations touristiques au terme d’un rapport sur la compétitivité publié par le World Economic Forum (WEF) en 2014. Les investissements en hôtellerie eux-mêmes étant ce qu’ils sont. De très renommées chaines d’hôtels s’installent dans la capitale haïtienne témoignant de la présence de capitaux étrangers dans le domaine. Autant d’éléments comptables et palpables tirés de la dernière décennie. Quid de l’an de grâce 2020?
L’année 2020 est sans ambages celle de la propagation exponentielle du nouveau Coronavirus (Covid19). Cette pandémie a frappé de plein fouet l’industrie touristique mondiale. Pour Haïti, la bombe a eu plus d’effet. Quelles en sont les raisons? Haïti comme pays de la région Caribéenne se trouve être peu compétitive touristiquement en comparaison aux autres pays. Il s’agit de la destination qui reçoit peu de touristes de séjours ou encore de croisiéristes.
En effet, les dernières statistiques démontrent qu’un million et demi de touristes toutes catégories confondues visitent Haïti par an. Un chiffre en nette insignifiance par rapport aux autres destinations sœurs. L’instabilité politique pèse lourde sur le développement normal du secteur touristique haïtien. La récurrence des soubresauts socio-politiques accélérés depuis 2018 ne favorise pas l’essor de l’industrie. Des casses et autres mouvements populaires de revendications empêchent aux aventuriers de venir en Haïti en dépit du fait que ce pays possède une offre touristique extrêmement intéressante.
De plus, l’insécurité grandissante et ses corollaires du banditisme exagérés entrave au bon fonctionnement du tourisme tant à l’interne qu’à l’externe. Si le facteur lié à l’instabilité ne permet pas les touristes externes on oserait bien miser sur une dynamique du tourisme interne. Un hic s’impose, l’insécurité. Plusieurs artères de la capitale et de certaines villes de provinces sont sous contrôle de groupes de gangs. Les sites et monuments historiques et touristiques sont ainsi peu visités. Les moments de pâques et autres congés scolaires qui ont été profitables au tourisme interne ne le sont plus à cause de l’insécurité.
Certes la Covid19 a stoppé par les restrictions imposées l’ensemble des pays dans sa quête de développement touristique mais Haïti en sort plus péniblement frappée. La Covid19 tombe comme une douche froide sur les hôteliers qui tant bien que mal proposent neuf mille (9000) et quelques chambres à notre parc hôtelier. Les moyens mis à leurs dispositions au plus profond du pic de la pandémie par les autorités financières et économiques du pays en compensation des pertes énormes enregistrées n’aident pas. Les hôteliers en souhaiteraient vivement une année meilleure 2021.
Les tour-opérateurs et tous les professionnels qui ne vivent que du tourisme ont souffert en 2020. Une ritournelle d’année pire qui en revient après 2018 et 2019. Ni les propositions de sorties vers les Caraïbes et autres destinations touristiques internationales ne sont maintenues. Certains crient et appellent à l’aide mais sans succès en raison de l’absence de normes de fonctionnement.
In fine, le tourisme haïtien en 2020 n’a eu aucun signal au vert. Panne stratégie en termes d’éléments de sortie de crise et d’autres facteurs pays comme l’instabilité et l’insécurité chroniques amoindrissent les efforts du privé pour anéantir un secteur hautement considéré ailleurs.
Godson Lubrun