27 septembre 2025

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3e trimestre, exercice fiscal 2024-2025 : augmentation des dépôts en gourdes, quasi-paralysie des activités économiques, la BRH fait le point

À côté de l’intensification des tensions inflationnistes, la Banque de la République d’Haïti (BRH) a fait savoir dans sa « Note sur la politique monétaire du 3 trimestre de l’exercice 2024-2025 (avril-juin 2025) », que les dépôts en gourdes ont augmenté tandis que ceux en dollars ont peu varié par rapport au trimestre précédent.  Selon la BRH, les taxes et impôts collectés ont reculé de 7,7 % comparativement au trimestre passé, pendant que les dépenses publiques ont connu une hausse de 9,2 %. 

Dans son document titré « Note sur la politique monétaire du 3e trimestre de l’exercice 2024-2025 (avril-juin 2025) », la Banque de la République d’Haïti (BRH) présente les principales mesures adoptées par l’institution au cours de la période ci-avant exposée dans l’économie haïtienne. En effet, au cours du troisième trimestre de l’exercice fiscal 2025, la BRH a révélé qu’elle a maintenu une posture prudente de sa politique monétaire, en privilégiant la stabilité macroéconomique, vu la persistance des contraintes à la reprise des activités. La banque centrale explique qu’elle a ainsi poursuivi sa politique d’assèchement des excédents de liquidité du système bancaire à travers les émissions des bons BRH, tout en gardant inchangés ses taux directeurs et les coefficients de réserves obligatoires.

Sur le marché des changes, la banque centrale a précisé que l’offre de devises a été soutenue par la progression continue des envois de fonds des migrants, permettant ainsi à la BRH d’accroître ses capacités d’intervention. « En effet, la Banque centrale a réalisé des achats nets totalisant 146,88 millions dollars ÉU au cours du 3e trimestre, consolidant ainsi ses réserves internationales, lesquelles, en termes bruts, dépassent les 6 mois d’importations. Par ailleurs, les souscriptions aux obligations BRH ont affiché un dynamisme notable, l’encours de ces titres ayant atteint 7 479,67 MG au 30 juin 2025 », a-t-elle indiqué.

Agrégats monétaires au 3 trimestre

Selon les données disponibles au 30 juin 2025, avance la BRH, une accélération du rythme de croissance de la base monétaire tant au sens strict qu’au sens large a été enregistrée comparativement au 2ᵉ trimestre. En ce qui concerne la masse monétaire, la BRH a fait savoir que les données au 30 juin 2025 font état d’une augmentation de 3,06 % de l’agrégat M3, de 5,53 % de l’agrégat M2 et de 5,46 % de l’agrégat M1 par rapport à mars 2025.

À en croire la banque centrale, les dépôts en gourdes ont augmenté de 5,85 %, tandis que ceux en dollars ÉU ont peu varié (+0,48 %) après une progression de 4,17 % au trimestre précédent. « La croissance de l’offre de monnaie a été induite par la hausse conjuguée des avoirs extérieurs nets du système bancaire (+5,25 %) et du crédit intérieur net (+1,64 %). Le crédit public, à travers les acquisitions de billets de trésorerie par les institutions financières, s’est accru de 3,71 %, contrebalançant le repli de 1,37 % des créances nettes sur le secteur privé », explique-t-elle.

En revanche, sur le plan des finances publiques, selon la BRH, la quasi-paralysie des activités économiques au cours du troisième trimestre 2024-2025 a atténué l’impact des efforts de mobilisation des organismes de perception de l’État haïtien. Conséquemment, avance-t-elle, les taxes et impôts collectés (45 930,74 MG) ont reculé de 7,7 % comparativement au trimestre passé. Par ailleurs, la BRH explique que les ressources disponibles au 30 juin 2025 se sont portées à 96 978,65 MG dont 51 047,91 MG provenant des « Autres ressources ». Ces dernières, a-t-elle révélé, ont été principalement constituées du produit des émissions de billets de trésorerie dont l’encours s’est établi à 41 958,84 MG. À en croire la BRH, sur l’ensemble de l’exercice, les recettes cumulées ont totalisé 143 706,1 MG en juin 2025, soit un taux de perception avoisinant 66,1 % des projections du budget rectificatif de l’exercice 2024-2025.

« En revanche, comparativement au trimestre précédent, une tendance inverse a caractérisé l’évolution des dépenses publiques qui ont connu une hausse de 9,2 % pour totaliser 50 104,8 MG au cours du trimestre sous étude. Elles ont représenté 53,5 % des décaissements totaux de l’État au 30 juin 2025. Néanmoins, les opérations du Trésor Public au cours du troisième trimestre se sont soldées par un excédent, permettant à l’État de dégager une capacité de financement de 3 178,5 MG, ce qui s’aligne au critère de financement monétaire nul inscrit dans le Pacte de gouvernance signé entre le MEF et la BRH ainsi que dans le programme de référence conclu avec le FMI », explique-t-elle dans sa note sur la politique monétaire.

Perspective pour l’exercice fiscal à venir

La dynamique économique en Haïti pour le reste de l’exercice demeure tributaire de l’environnement macroéconomique mondial et de l’évolution des conditions socio-politiques et sécuritaires, ainsi que des éventuelles répercussions de la saison cyclonique sur le secteur agricole au niveau national, explique la BRH.

Toutefois, en dépit de toutes ces incertitudes la BRH pense qu’un renforcement des investissements, favorisé par un climat des affaires propice, pourrait stimuler la relance économique et contribuer à l’amélioration du marché de l’emploi en Haïti avec des effets positifs sur la sécurité alimentaire. « La Banque de la République d’Haïti effectue un suivi rigoureux de la conjoncture de manière à adapter efficacement ses décisions de politique monétaire en vue de maintenir la stabilité macroéconomique et financière », rassure-t-elle.

Parallèlement, la BRH indique qu’elle s’engage à participer à l’élan de reprise des activités économiques par la mise en place de programme d’appui ciblant des secteurs qui ont fortement pâti de cet environnement adverse tels les micros, petites et moyennes entreprises (Booster PME), ainsi que le secteur touristique (Circulaire 130). Pour finir, elle souligne que cette posture adoptée par les autorités monétaires vise aussi à défendre la valeur interne et externe de la monnaie nationale en vertu de la mission première de la Banque centrale.

Le regard de la BRH sur l’économie nationale

Selon la BRH, l’activité économique en Haïti continue d’évoluer dans un environnement caractérisé par la détérioration de la situation sécuritaire, la dégradation accélérée des conditions humanitaires et l’affaiblissement des capacités productives du pays. La contre-performance des secteurs d’activité, a-t-elle souligné, s’est traduite par la contraction de l’Indicateur conjoncturel d’activité économique (ICAE) qui a enregistré, au deuxième trimestre 2025, un repli de 2,7 %, après une baisse de 2,5 % au trimestre précédent. À en croire la BRH, cette atonie économique s’est observée au niveau de tous les secteurs d’activité : primaire (-5,7 %), secondaire (-4,9 %) et tertiaire (-1,2 %).

Par ailleurs, la Banque Centrale a souligné que la détérioration de la situation sécuritaire, notamment dans les départements de l’Artibonite, du Centre ainsi que dans l’aire métropolitaine de Port-au-Prince a provoqué des déplacements internes continus, perturbant les activités commerciales et détériorant les conditions de vie de la population.

 « Selon un rapport de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) publié le 25 juin 2025, le nombre de personnes déplacées à l’intérieur du pays a atteint 1,3 million. Ces mouvements de population, combinés aux perturbations des chaînes d’approvisionnement, ont accentué la précarité des moyens de subsistance des ménages haïtiens et exacerbé la crise alimentaire. Ainsi, l’analyse de l’Indice de l’insécurité alimentaire sur la période allant de mars à juin 2025 a révélé qu’environ 5,7 millions d’Haïtiens, soit 51 % de la population analysée, sont en insécurité alimentaire aiguë, dont un million d’enfants en situation critique », a expliqué la BRH, précisant que dans ce climat socioéconomique instable, les pressions inflationnistes se sont accentuées, le taux d’inflation annuel s’établissant à 28,4 % en juin 2025, contre 25,2 % en mars 2025.

Aussi, la BRH souligne que l’intensification des tensions inflationnistes s’est particulièrement manifestée au niveau des prix des fonctions de consommation « Logement, eau, gaz, électricité et autres combustibles » (43,9 %) et « Produits alimentaires et boissons non alcoolisées » (31,5 %), ce qui reflète la dégradation continue des conditions sécuritaires.

Jackson Junior RINVIL

rjacksonjunior@yahoo.fr

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