Que des discours !
2 min readDouze années se sont écoulées depuis qu’un séisme majeur surpris la nation haïtienne, notamment la population de la capitale et de certaines zones avoisinantes. Un lourd bilan. Pas moins de 300 000 personnes ont été tuées, sans compter les blessés et les infrastructures endommagées ou détruites. Un amer souvenir que nous rappellent tous les 12 janvier qui se succèdent.
La plaie, dommage, reste ouverte. Des maisons en ruine nous rappellent chaque jour que nous sommes constamment exposés au risque. Les emblèmes du pays (le Palais National, le Parlement, les cathédrales Notre-Dame et Sainte Trinité) n’ont pas pu jusqu’à présent renaître de leurs cendres. Nos handicapés, nos sans-abris, nos décapitalisés sont légions et ne font que rencontrer le mépris systématique des autorités opportunistes et mesquines.
12 ans après, les témoignages de rescapés donnent le frisson comme si l’évènement arrivait à peine. On se rappelle de la désolation causée par moins d’une minute de secousse. On se souvient des cris de détresse qui caractérisaient cet-après-midi infernal. Le gémissement des pauvres gens coincés sous des masses de bétons. Des sinistrés qui sont sortis vivants plusieurs jours après, tout comme les autres qui, faute de secours ont succombé. Des corps décapités jonchaient les rues. En termes de prise en charge, le pays était à nu. Des promesses ont été faites un peu partout, les ONG, les camps de fortune ont proliféré, il y a eu la CIRH, etc. Le plus émouvant était la solidarité qui a caractérisé ce peuple pendant toute cette période.
De plus en plus, cette date tend à être banalisée. Aucune mesure n’est prise pour empêcher que cela ne se reproduise. Toujours le même archaïsme, la même politique du « lese grennen », des gerbes de fleurs et des discours pleurnichards. Conséquence, le Sud a connu des dégâts similaires, le 14 août 2021 (11 ans après) alors que cette zone était systématiquement l’objet d’alertes par le géologue, directeur du bureau des mines et de l’énergie, Claude Prépetit.
Placée dans une zone sismique très active, Haïti n’a pas pris les mesures nécessaires pour diminuer les risques. Tout le bloc du grand Nord est sur la menace constante d’un séisme qui pourrait dégager une quantité d’énergiepouvant atteindre jusqu’à 8.3 de magnitude, selon l’ingénieur Prépetit.. Promesses farfelues, engagements abstraits, exhortations, sont entre autres le menu des allocutions des dirigeants en l’occasion. Parallèlement, dans la plupart des villes de province, les victimes ont été carrément abandonnées sans que personnes ne songe à elles.
Daniel Sévère
danielsevere1984@gmail.com