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Adresses à la nation, désaccords au lendemain du 7 février en Haïti

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L’évidence sur l’avenir politique d’Haïti se profilait déjà à la veille du 7 février 2022, elle se confirme au lendemain de cette date fatidique. Dans ce vide institutionnel, les acteurs politiques ont joué  toutes leurs cartes pour s’approprier la légitimité adéquate afin  d’avoir le pouvoir. Suite aux adresses à la nation faites respectivement par le Premier Ministre de facto Ariel Henry et le Président du tiers du Sénat, Joseph Lambert, il y a lieu d’annoncer un bras de fer entre ces deux autorités.

Le 7 février 2022, Ariel Henry dans l’étoffe du Chef de la Primature et Joseph Lambert dans celle du Président du tiers du Sénat de la République, se sont solennellement adressés à la nation sur l’avenir politique du pays en pleine crise. Si fidèle à son discours, Ariel Henry, est favorable à l’organisation des élections pour une sortie de crise tout en s’accrochant au pouvoir, Joseph Lambert, par contre, donne, lui, la primauté à la concertation et au consensus.

La fin du mandat

Abondamment débattue, la fin du mandat de l’exécutif gardé par le Premier Ministre Ariel Henry n’est plus qu’une évidence. En effet, si le 7 février 2021 était annoncé comme étant la fin de ce mandat, alors que le Président assassiné Jovenel Moïse était en poste, le 7 février de l’année 2022 était la dernière ligne ayant été défendue par ce dernier en vue de garder son pouvoir malgré les débats sur la validité constitutionnelle de cette volonté. Cette date étant arrivée, le choc se porte alors sur la légalité et la légitimité de la présence d’Ariel Henry à la Primature.

La voie de l’élection, la priorité d’Ariel Henry

Par rapport à l’évidence de la fin de son mandat, le docteur Ariel Henry qui l’a déjà annoncé, n’a qu’une seule priorité : les élections pour renouveler le personnel politique à la tête de l’État. Pour le Premier Ministre « Tous ceux qui se disent démocrates devraient avoir un seul souci : celui d’organiser des élections dans la transparence ».

Mais, selon les dires d’Ariel Henry qui a souligné l’impératif de rendre la justice à l’ancien Président Jovenel Moïse, deux conditions sont nécessaires : la sécurité dans le pays et la confiance accordée à la carte « Dermalog ».

En ce qui concerne la sécurité, le gouvernement travaille et « la police commence à remporter certaines victoires » selon le Premier Ministre de facto. Un appel d’offres a été lancé aux firmes internationales spécialisées dans la fabrication des cartes pour la carte « Dermalog ».

Dialogue oui, mais jusqu’à une certaine limite

Le neurochirurgien n’écarte pas la voie du dialogue et le du travail en collaboration. Il se dit même prêt à travailler avec les signataires des accords Montana et Louisiane.  Mais « personne n’a ni l’autorité, ni le droit de se réunir dans un hôtel ou à l’étranger pour désigner, en petit  comité, celui qui peut être Président ou Premier Ministre ». Pour le Premier Ministre de facto,  cette façon de faire est un enfantillage.

Ariel Henry met en garde par ailleurs ceux qui se livreront à des manœuvres malsaines pour conquérir le pouvoir. « Tous ceux qui agissent en terroristes pour acquérir le pouvoir, seront traités en terroristes ». Et ceci : « Ce ne sera pas de la persécution politique».

L’opposition parlementaire

Parallèlement, si Ariel Henry manifeste sa volonté de se maintenir à la Primature pour organiser de prochaines élections, le Sénat de la République mené par son Président Joseph Lambert est, quant à lui,  en opposition à avec la volonté de l’ancien Premier Ministre. Pour le Président du Sénat, « la population est placée sous la dictature depuis que le docteur Ariel, de son lieu, n’est pas en mesure de dire en quoi consiste son mandat ».

Selon Joseph Lambert, « La concertation et le consensus s’imposent aux acteurs qui, dans un élan de lucidité, doivent comprendre que tout initiative sectaire est vouée à l’échec; ce qui entraînera, bien sûr, l’effondrement du pays ». L’homme fort du département du Sud-Est  a aussi précisé que « le docteur Ariel Henry constitue un obstacle pour le dialogue de la nation ». M. Lambert a toutefois déclaré au terme d’une réunion, que le Premier Ministre Ariel Henry sera invité afin de  statuer sur le terme de son mandat et l’avenir du pays, lui dont le « rôle consiste à liquider les affaires courantes ».

Par ailleurs, celui qu’on surnomme « l’animal politique » ne s’est pas contenté de s’adresser à la nation sur la fin du mandat d’Ariel Henry,  il aussi entreprit des actions au niveau administratif. En effet, dans une lettre adressée à Fritz-Robert Saint-Paul, le Président de la Cour Supérieure des Comptes et du Contentieux  administratif (CSC/CA), le Sénateur Joseph Lambert a fait le constat de la fin du mandat d’Ariel  Henry et invité à instruire les services compétents de la CSC/CA afin de contrôler minutieusement « les deniers de l’État ». Étant une entité autonome, la CSC/CA parait tiraillée entre le tiers du Sénat et la Primature qui a la main sur l’appareil étatique.

Au lendemain du 7 février, il semble qu’on est bien parti pour un affrontement politique de grande envergure.

Jonas Reginaldy Y. Desroches

jonasdesroches@gmail.com

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