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Budget 2021-2022 : les frais de fonctionnement se taillent la part du lion  

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Un décret daté du lundi 16 mai 2022 a établi le budget général de la République d’Haïti pour l’exercice fiscal 2021-2022. Avec une enveloppe globale de 210, 588 milliards de gourdes, seulement 38,4 milliards de gourdes sont allouées aux dépenses d’investissements publics. Dans un contexte de crise généralisée, il est à se demander si ce budget permettra au Gouvernement de faire face aux grands défis du moment.

Les frais de fonctionnement pèsent très lourds dans le budget. En effet ,  l’administration publique haïtienne est le premier fournisseur d’emplois dans le pays en employant plus de 80 000 personnes. Aujourd’hui, près de 67 milliards de gourdes sont allouées aux salaires et traitements dans le nouveau budget. Entre les biens et services, salaires et traitements, les transferts et subventions, ce ne sont pas moins de 141,9 milliards de gourdes que constituent les dépenses courantes de l’Etat.

« Les dépenses publiques augmenteront de 17,2% par rapport à l’exercice précédent pour atteindre 141,9 milliards de gourdes. Cette hausse des dépenses courantes est imputable à celle des traitements de salaires qui sont de l’ordre de 66,8 milliards de gourdes, soit une augmentation de 11,8% par rapport à l’exercice précédent, par contre les dépenses de biens et services reculent de 2,6%. Par ailleurs, les dépenses de subventions sont en nette progression en raison notamment de la prise en compte de la subvention des produits pétroliers », a souligné le Ministre de l’Economie et des Finances, Patrick Boisvert lors d’un exposé sur les motifs du budget.

38 milliards de gourdes pour des dépenses d’investissements

La République d’Haïti est reconnue pour être l’unique PMA des Amériques. Les moyens sont limités, et le pays est obligé de faire face à de multiples crises. La crise financière alimente la grande crise qui est multidimensionnelle. « L’ensemble des défis auxquels est confronté l’économie haïtienne ne peuvent être résorbés au cours des cinq mois restants au cours de cet exercice fiscal, compte tenu des contraintes financières et de la faiblesse de nos institutions », avait expliqué le ministre Patrick Boisvert.  Si les frais de fonctionnement sont de loin supérieurs aux dépenses d’investissement, il faut noter, toutefois, « le relèvement des salaires dans la fonction publique suite à l’ajustement  du salaire minimum ».

Ces variations

Le Gouvernement actuel se dit avoir pour mission d’organiser des élections dans le pays en vue de renouveler le personnel politique. Cependant, entre ces objectifs et les chiffres, la distance semble s’élargir. Contre 618,9 millions de gourdes comme part budgétaire lors de l’exercice rectifié de 2020-2021, c’est désormais 436,8 millions de gourdes que le Gouvernement alloue au Conseil Electoral Provisoire (CEP). Cette variation de -29,4 % des ressources financières allouées au CEP correspond à 182,1 millions de gourdes en moins. 370,3 millions de gourdes serviront à couvrir les dépenses de personnel, 40,5 millions de gourdes pour les dépenses en biens et services, 6 millions de gourdes pour les dépenses « d’immobilisation », et les 20 millions de gourdes restants pour les autres dépenses publiques. Avec une institution électorale qui est dépourvue de conseillers jusqu’à date, va-t-on pouvoir organiser les élections  en cette année 2022?

Près de 4,5 millions de personnes sont actuellement face à l’insécurité alimentaire selon la Coordination Nationale de la Sécurité Alimentaire (CNSA). Malgré les diverses menaces qui planent en ce sens sur la population haïtienne et qui risquent d’aggraver la situation, le budget du Ministère de l’Agriculture, des Ressources Naturelles et du Développement Rural (MARNDR) se retrouve diminuer de 12,6%, soit 758,7 millions de gourdes. Toutefois, en ce qui attrait la question de l’insécurité due aux faits des gangs armés, une légère hausse du budget du Ministère de la Justice et de la Sécurité Publique est constatée, passant de 17,913 milliards de gourdes à 19,855 milliards de gourdes, soit 1,941 milliards de gourdes de différence. D’un autre côté, le budget du Ministère de la Défense a subi une légère baisse de 2,3% en passant de 1,5 milliards de gourdes près à 1,464 milliards pour le budget écoulé.

Des prévisions de recette courante

L’un des plus grands défis auxquels le pays fait face en matière budgétaire demeure au niveau des recettes fiscales qui peinent à être recueillies. Les recettes fiscales totales qui sont de l’ordre de 120,1 milliards de gourdes, représentent une augmentation de 33% par rapport à la collecte lors de l’exercice précédent. L’impôt sur le commerce extérieur et les transactions internationales représentent 40,67% des recettes avec 48,86 milliards de gourdes. Ensuite, les prévisions d’impôt sur le revenu devraient rapporter 34,2 milliards dans les caisses de l’Etat, ce qui représente 28,51% des prévisions de recettes. S’en suivent les taxes sur les biens et services qui couvrent 19,61% des prévisions de recette, la taxation des salaires et de la main-d’œuvre et l’impôt sur la propriété avec respectivement 1,07% et 0,85%. Les autres recettes fiscales devront couvrir 1,99% du total, les droits et frais administratifs 1,78%, et les autres recettes non fiscales 5,53%.

Toutefois, il faut souligner qu’au cours de l’exercice fiscale 2021-2022, l’administration publique haïtienne avait accusé un déficit budgétaire de l’ordre des 80 milliards de gourdes. Les dépenses sont effectives mais les recettes peinent toujours à l’être, et le pays s’enfonce un peu plus chaque jour dans sa crise. Cette fois-ci, ce budget va-t-il pouvoir redresser la barre ?

Clovesky André-Gérald PIERRE 

cloveskypierre1@gmail.com

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