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Port-de-Paix, une ville attirante nécessitant des investissements à long terme !

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Baptisé Valparaiso ou Vallée des délices lorsque Christophe Colomb découvre la luxuriante végétation tropicale sur la côte Nord-Ouest en 1492, l’ancien caciquat du Marien se transforme en Port-de-Paix à l’arrivée des Français deux siècles plus tard. Située à plus de 258 kilomètres de la Capitale, la tranquillité y demeure encore dans cette ville paisible, mais en manque d’investissements. Walbendy Juste est professeur en formation touristique à Port-de-Paix, il parle de cette ville au journal Le Quotidien News.

Port-de-Paix est la cinquième ville d’Haïti. Située à une altitude de 36 mètres, elle a une superficie de 351,75 kilomètres carrés. Dans le temps, elle a abrité le siège du gouvernement et est devenue ainsi la première capitale française de l’île entière en 1676. Elle le restera jusqu’en 1695, année où elle fut détruite par les Espagnols. Ensuite, elle fut confrontée, après sa reconstruction, à plusieurs tremblements de terre dévastateurs en 1869, 1891, 1924, etc. La commune est composée de cinq sections communales qui sont : Baudin, Aubert, Paulin/Lacorne, Mahotière et Baie des Moustiques.

Comme toutes les villes côtières de Saint-Domingue, Port-de-Paix, à sa fondation, avait été pourvu d’un efficace réseau défensif. Aux extrémités de l’arc que décrit le rivage de la ville, s’élevait au Nord-est, près du Morne aux Pères, le Petit Fort et au Nord-Ouest, le Grand Fort ou Fort Nicolas où fut fusillé le Général Moïse, neveu de Toussaint Louverture. Sur la montagne qui domine la ville et le canal, se dressaient le Fort des Trois Pavillons, le Fort Laveaux et, à peu de la distance de la mer, le Fort Pageot. Des ouvrages secondaires, la batterie du morne Saint-Ouen et le Blockhaus, protégeaient les approches de la ville. À ce jour, à l’emplacement du Grand Fort se profile le bâtiment des anciennes casernes de l’armée. Sur celui du Petit-Fort s’élève le collège Notre Dame de Lourdes. La Chapelle Saint-Joseph occupe le site des Trois Pavillons. Quant aux Forts Laveaux et Pageot, seules subsistent des traces de maçonnerie qui témoignent de leur ancienne présence.

La Cathédrale est placée sous le vocable de l’Immaculée Conception en souvenir du nom de Conception donné par Colomb au site où se trouve aujourd’hui Port-à-l’Écu qui dépendait de Port-de-Paix. Dans cette petite ville à densité démographique plutôt élevée, d’innombrables motos circulent, assurant à la population un moyen de locomotion économique et rapide.

Située sur la route nationale numéro 5, Port-de-Paix est une ville qui possède des avantages touristiques. Walbendy Juste est professeur en formation touristique dans cette ville. Il explique que « la commune (NDLR : Port-de-Paix) regorge de ressources pouvant participer à l’essor du  tourisme. Le morne La croix Saint Joseph qui contient la grotte Trou Bon Dieu et Trou Diable qui invitent à la randonnée et le Fort des Trois Pavillons ayant un passé historique perdu dans l’exode des fils de la ville ».

La grotte de Trou Bon Dieu est une immense cavité recouverte d’une sorte de voûte, dont l’accès n’est pas aisé. Proche de cette caverne, le Trou Diable est elle-même une excavation pratiquée dans le roc « par les eaux qui tombent à pic de la montagne ». Ceux qui s’intéressent à la spéléologie trouveront de l’intérêt à visiter les petites grottes du Trou d’Enfer, de la Galerie et du Bassin, situées à la Tortue.

La rue du Quai qui fut le lieu d’établissement des premiers habitants de la ville, abrite des bureaux administratifs, des magasins et des halles où s’effectue le triage du café. On l’emprunte pour se rendre au wharf, à la gare routière et à l’aéroport. La rue Rebecca unit la place de l’Église à la petite place Capoix-la-Mort, anciennement place Louis XVI du temps des Français. Laissée à l’abandon, elle ne fut rénovée qu’au début des années 1960, grâce aux efforts persévérants du « Mouvement pour la régénération du Nord-Ouest » qui la décora d’un buste du héros national port-de-paisien Capoix-la-Mort et restaura la fontaine coloniale qui s’y trouvait.

M. Juste poursuit la description de la ville qui a un port ouvert vers l’extérieur à travers la plage Labbé. « Baie des moustiques, raconte-t-il, est une ville côtière qui s’ouvre sur l’océan atlantique. Le commerce extérieur serait un atout principal ou du moins, on pourrait créer un site de croisière dans cet espace au sable naturel comme à Labadie ».

La commune a plusieurs lycées. Les lycées Tertullien Guilbaud, Orius Paul et François Capois. Le commissariat domine la ville et l’île de la Tortue, une île de 77 kilomètres de long sur 7 de large sur lequel viennent se reposer des oiseaux migrateurs canadiens en hiver, surtout sur les rives des étangs Coq et Deroulin, non loin de la plage Chalet. À la plage de la pointe Ouest de l’île de la Tortue, l’une des dix plus belles plages de la Caraïbe, le ski nautique et la plongée sous-marine y sont couramment pratiqués.

« Port-de-Paix produit des bananes et beaucoup de piments. Ses récoltes sont vendues un peu partout dans le Nord. L’argent de la vente est parfois utilisé pour le paiement de nombreux voyages parfois illégaux réalisés à entre les îles proches de la commune, une vraie perte », se plaint M. Juste.

En 2021, la ville a eu son premier carnaval national. Compte tenu des commentaires réticents des habitants de la capitale qui se plaignaient des troubles sécuritaires et de l’inflation, la réalisation a été presqu’une réussite. Cependant, quelques heures après, la ville fut inondée après le passage d’une pluie dévastatrice.

« Les routes dont avait bénéficié Port-de-Paix ont été endommagées. Certes, il y a eu une croissance de l’économie, mais qu’en est-il aujourd’hui ?», questionne le professeur qui espérait voir des investissements à long terme pour une ville si attirante.

Le climat de Port-de-Paix est plutôt sain et grâce aux brises de terre et de mer qui soufflent continuellement, la température reste agréable. Cependant, la ville mérite un drainage entier.

« Elle s’inonde trop rapidement, souligne M. Juste. L’absence de loisirs repousse les touristes. Il n’y a que les citoyens qui essaient de maintenir la ville en vie. De plus, les plages mériteraient d’être aménagées et mises en valeur », a-t-il conclu.

Geneviève Fleury

Genevievef359@gmail.com

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