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À la rencontre des enfants de la commune de Cité-Soleil refugiés dans les locaux de l’Institution Saint-Louis de Gonzague!

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Les affrontements entre les groupes armés sont devenus courants dans plusieurs communes de la capitale haïtienne. Entre le 8 et le 17 juillet, la population de Cité-Soleil  a été prise en otage, suite aux affrontements des gangs armés opérant dans la zone. Plusieurs morts, blessés et portés disparus ont été recensés au cours de ce mois et environ 3000 personnes ont été forcées de fuir la zone. Dispersés dans divers centres, 300 enfants ont trouvé refuge dans les locaux de l’Institution Saint-Louis de Gonzague, à Delmas 33. Le journal Le Quotidien News est allé à leur rencontre.

La commune de Cité-Soleil abrite l’un des plus grands bidonvilles du pays, qui est connu pour avoir un accès  difficile à l’eau potable et à la nourriture. Les affrontements survenus entre les groupes « G9 an fanmi e alye » et « G-Pep » n’ont fait qu’aggraver la situation de cette population qui avait déjà du mal à s’en sortir. Durant près de deux semaines, les gangs ont semé la terreur. Des meurtres ont été commis, de nombreuses pertes matérielles ont été signalées et encore une fois, les femmes et les enfants ont été victimes de violences sexuelles. Selon les chiffres de l’ONU, environ 471 personnes sont victimes de ces agressions .

En proie à une énorme crise humanitaire, exposés à toutes les formes de violence, les habitants de la commune de Cité-Soleil ont dû fuir par milliers pour sauver leur vie. Beaucoup d’entre eux, parmi lesquels des enfants, ont vu mourir des voisins et même des proches. Environ 700 enfants se sont sauvés de la zone et sont allés se réfugier dans diverses centres prêts à les accueillir, entre autres le Centre Elizabeth, La Fondation St-Luc, le Collège Saint-Paul, l’Institution Saint-Louis de Gonzague qui en a accueilli 300 environ. La rédaction de Le Quotidien News  est allée à leur rencontre.

À Delmas 33, dans les locaux de l’Institution Saint-Louis de Gonzague, sous un soleil de plomb, Karim et André (noms d’emprunt) jouent aux billes à côté d’autres enfants. Pas très loin d’eux, des femmes sont assises dans la cour et les surveillent. En ce mercredi 27 juillet, entre inquiétude et lassitude, Karim et André, deux enfants forcés de quitter leurs communes natales racontent l’enfer qu’ils ont vécu durant plus d’une semaine.

« Les tirs n’ont pas cessé de pleuvoir. J’avais très peur mais ma famille et moi, on ne pouvait pas partir », raconte Karim, réfugié au centre en compagnie de sa jeune sœur. « On a dû partir après qu’un ami de ma maman, un voisin, qui habite juste à côté de nous, est mort d’une balle perdue. Ma mère s’est débrouillée pour nous faire partir avec les autres enfants, mais n’a pas pu venir. J’ai toujours peur, même si ici c’est calme. J’ai peur pour ma mère et j’espère que je vais bientôt la revoir car ma petite sœur pleure et fait des cauchemars. On a vu plein de morts et de blessés », se plaint le jeune garçon.

André, quant à lui, affirme ne plus avoir peur depuis qu’il est dans cet espace calme où il peut jouer. « Je n’ai plus peur ici. C’est bien. je ne veux plus retourner là-bas […]. J’ai vu plein de morts et mon ami Jean* a reçu une balle au bras et je ne sais pas où il est et s’il est toujours en vie », raconte péniblement le garçon de 11 ans. «  Ma mère est ici, avec moi, mais je ne sais pas ce qui est arrivé à notre maison. J’aimerais juste que tout soit normal et que je puisse retourner à l’école », conclut André en soupirant.

Les conséquences de cette guerre armée sur la vie de ces enfants sont multiples. La plupart d’entre eux ont vu et vécu des horreurs. Certains se retrouvent à présent orphelins et totalement seuls. Pour ce qui relève de la rentrée scolaire fixée le 5 septembre 2022, l’incertitude plane. Les écoles se trouvant à Cité-Soleil et que fréquentaient beaucoup de ces enfants ne sont pas sûres de pouvoir reprendre en septembre. De plus, l’état psychologique des enfants doit être considéré et relève de l’urgence. Traumatisés, les enfants doivent faire l’objet de suivis psychologiques impérativement avant la rentrée scolaire.

Le 28 juillet dernier, des représentants de la Mairie de Cité-Soleil ont foulé le centre de Saint-Louis de Gonzague pour apporter leur soutien aux enfants déplacés. La commission présidée par Jean Hislain Frédéric était constituée de la Directrice des affaires sociales de la Mairie et d’autres membres de l’administration. Manquant de tout, les enfants ont donc reçu des kits hygiéniques et sanitaires, des vêtements, des couvertures, de l’eau potable, des sacs de riz, selon l’Unité de communication de la Mairie de Cité-Soleil.

Toutefois, les enfants demeurent vulnérables et vivent une situation vraiment difficile. Séparés de leurs parents, traumatisés par les événements, malades et fragilisés, l’avenir leur paraît sombre. Déjà que le gouvernement ne s’active pas trop pour prendre ses responsabilités. Dans la cour de Saint-Louis de Gonzague, ils semblent plus sereins mais combien de temps cela va durer? À près d’un mois de la réouverture des classes, pourront-ils cohabiter avec les élèves de l’institution Saint-Louis de Gonzague? Ce sont autant de questions auxquelles la population de Cité-Soleil peine à répondre. Actuellement, le doute et l’incertitude sont bien au rendez-vous!

Leyla Bath-Scheba Pierre Louis

pleyla78@gmail.com

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