L’ONU clarifie sa position et incite vivement le Gouvernement haïtien à trouver un accord politique entre les différents acteurs 
4 min readPar sa Résolution 2645, et sur les recommandations du Secrétaire Général, le Conseil de Sécurité des Nations Unies a donné au Bureau Intégré des Nations Unies en Haïti de nouveaux mandats. Dans une tribune datée du 15 août 2022, le Conseil de Sécurité apporte des clarifications tout en insistant sur l’urgence de parvenir à un accord pour organiser les élections. Le gouvernement haïtien, de son coté, devrait au plus tard le 17 octobre, lui présenter un rapport sur les avancées du processus de dialogue.
Dans cette tribune publiée sur son site officiel intitulée, « L’ONU renouvelle son engagement aux côtés d’Haïti », le Bureau Intégré des Nations Unies souligne les limites de son mandat et en précise le contenu. « Les tâches principales du BINUH sont maintenues : conseiller le gouvernement dans le renforcement de la stabilité politique et de la bonne gouvernance et l’épauler dans ses efforts pour organiser des élections, renforcer la Police Nationale d’Haïti (PNH), développer une approche inclusive pour réduire la violence communautaire, lutter contre les violations des droits de l’Homme, améliorer l’administration pénitentiaire et renforcer le secteur de la justice », lit-on dans cette prise de position écrite.
L’intérêt du Conseil de Sécurité semble se porter sur l’organisation des élections par le pouvoir en place. « Le Conseil de Sécurité a insisté sur l’urgence de parvenir, avec l’appui du BINUH, à un accord vers un processus politique permettant l’organisation d’élections inclusives, pacifiques, libres, justes et transparentes, dès que les conditions de sécurité et les préparatifs logistiques le permettent. Ce processus doit être dirigé et pris en charge par les Haïtiens eux-mêmes », indique-t-il en soulignant que le Conseil de Sécurité a demandé au gouvernement de lui présenter une mise à jour au plus tard le 17 octobre 2022 sur les progrès effectués.
Le Bureau Intégré des Nations Unies en Haïti précise par ailleurs qu’il n’est pas équipé, ni commissionné pour intervenir dans la lutte contre les groupes armés en Haïti, mais qu’il a une mission d’appui à l’institution policière. « Le BINUH n’a pas de composante militaire ni de police pour combattre les gangs. Il n’est pas non plus mandaté pour mener des opérations de maintien de l’ordre. Sans se substituer au Gouvernement, à qui incombe la responsabilité d’assurer la sécurité dans le pays, les conseillers du BINUH vont continuer leur travail de renforcement des capacités de la PNH. Ils vont aussi l’appuyer dans l’élaboration de politiques et approches inclusives visant à réduire la violence communautaire ».
Comment rendre la présence du BINUH plus efficace ?
Interrogé par la rédaction du journal « Le Quotidien News » autour du mandat actuel du BINUH, Christ Jonathan Saint-Jean qui boucle ses études en Relations Internationales pense que la présence d’un Bureau Intégré des Nations Unies en Haïti est importante, mais il faut que sa présence serve à accomplir sa mission. « Il n’y a aucun problème à ce que les Nations Unies aient un Bureau Intégré en Haïti suivant le modèle du BINUH. Toutefois, il faut que cette structure agisse dans les limites de son agenda et de sa mission », affirme-t-il.
Pour lui, les ajustements du 15 juillet 2022 sont peu importants, l’institution garde les mêmes structures et les mêmes moyens alors que les défis qui ont conduit à son existence s’aggravent. « Les dernières Résolutions essayent de restructurer le Bureau Intégré des Nations Unies en Haïti, mais les ajouts sont très faibles, presqu’insignifiants. C’est exactement la même mission, rien de concret dans la réalité. Si nous devons avoir une mission internationale d’assistance d’une telle ampleur, il lui faudra au moins une mission concrète et la capacité d’aboutir à des résultats réels », explique-t-il.
Selon M.Saint-Jean, il faut au BINUH une mission structurelle, un rôle plus actif, mais en respectant la souveraineté du pays. « Le BINUH aurait pu participer à la remise sur pied des institutions du pays. Mais pour cela, il lui faut une mission fonctionnelle, pas superficielle. Déjà dans les résolutions du Conseil de Sécurité, la mission du BINUH est, entre autres, de prodiguer des conseils. Cette institution onusienne a plus un rôle d’observateur que celui d’acteur sur la scène en Haïti. Il faut attribuer un rôle plus actif au BINUH, mais qui respecte la souveraineté pleine et entière du peuple haïtien ».
Clovesky André-Gérald PIERRE
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