Haïti-Éducation : vers la mise en application de certaines mesures rénovatrices au sein du système éducatif haïtien
4 min readLe Système Éducatif Haïtien s’achemine vers une réforme. Les mesures rénovatrices prises à cet effet par le Ministre de l’Éducation Nationale et de la Formation Professionnelle, Nesmy Manigat, sont nombreuses. Les deux dernières en date doivent entrer en application dès la nouvelle année académique 2022-2023. En effet, l’une est de doter les deux premières années du 1er cycle de l’école fondamentale d’un manuel scolaire unique en créole et l’autre consiste à fermer les classes de 7e, 8e et 9e année fondamentale dans les lycées.
Le système éducatif haïtien, tel qu’il est conçu, a toujours été l’un des éléments sur lequel reposent certaines inégalités sociales. Les écoles n’ont pas le même niveau en termes de rendement scolaire. Et par conséquent, les enfants n’ont pas la même égalité de chance dans la vie. De retour à la tête du Ministère de l’Éducation Nationale et de la Formation Professionnelle (MENFP) pour une deuxième fois, Nesmy Manigat, dans un souci de « réforme », décide d’adopter certaines mesures susceptibles de soulager les parents économiquement, mais aussi d’essayer de mettre toutes les écoles au même niveau. « Le MENFP a décidé d’introduire, à compter de l’année académique 2022-2023, un livre scolaire unique pour les deux premières années du 1er cycle de l’école fondamentale », lit-on dans un communiqué paru le 5 juillet.
Le livre scolaire unique est un outil qui permet à l’élève de construire ses apprentissages à partir d’un socle commun de compétences, de savoirs et de culture, selon le communiqué soulignant qu’il répond à un souci d’équité au bénéfice des familles en réduisant considérablement l’ensemble des dépenses consenties par les parents par la mise à disposition des élèves d’un seul document pédagogique rassemblant les matières clés, à savoir : Créole, Français, Mathématiques, Sciences Sociales et Sciences Expérimentales.« Il répond aux principes de l’interdisciplinarité et de transférabilité permettant d’exploiter divers champs disciplinaires pour étudier un objet d’enseignement-apprentissage», a-t-il indiqué.
Par ailleurs, selon M. Manigat, cette initiative permettra plus de justice sociale et d’équité dans l’accès à l’éducation. « Le livre scolaire unique donnera les mêmes chances à tous les enfants pour le développement de leurs capacités et de leurs connaissances », précise le titulaire du MENFP.
Fermeture des classes 7e, 8e et 9e année fondamentale dans les lycées du pays
Nommé à la direction du MENFP depuis le 24 novembre 2021, M. Manigat entend parvenir à une réforme en profondeur du système éducatif haïtien. Le responsable dit vouloir fermer les classes 7e, 8e et 9e dans les lycées du pays, et ce, dès la réouverture des classes prévue le 5 septembre 2022. « […] Le processus de séparation entre les écoles fondamentales et celles des lycées est sur le point d’aboutir », a informé le MENFP dans un communiqué en date du 10 août.
Par ailleurs, d’autres mesures vont être également expérimentées dans le système éducatif haïtien. « Le MENFP Haïti officiel lance en 2022-2023 l’expérimentation des lycées / collèges techniques et professionnelles », avait écrit Nesmy Manigat en précisant que le 1er examen officiel du Baccalauréat Technique est prévu en 2026.
Quelques-unes parmi les 12 mesures prises par M. Manigat durant son premier passage à la tête du MENFP
Le professeur Manigat n’est pas à son premier coup d’essai en tant que responsable du MENFP. Il a déjà été, par le passé, plus précisément sous l’administration de Michel Joseph Martelly, à la tête du Ministère de l’Éducation Nationale et de la Formation Professionnelle entre 2014 et 2016. Durant cette période, il avait annoncé 12 mesures en vue de donner une meilleure orientation au système éducatif haïtien.
Parmi ces mesures, on pouvait noter le Permis Provisoire d’Enseigner (PPE). « À compter de l’année scolaire 2014-2015, pouvait-on lire, l’accès en salle de classe est conditionné par la détention d’un permis d’enseigner, obligatoire, pour tout (e) moniteur (trice) intervenant au niveau du préscolaire et tout (e) enseignant (e) aux niveaux du fondamental, du secondaire et du professionnel dans toutes les écoles haïtiennes. Le MENFP octroie à chaque enseignant(e) des secteurs public et non public, dûment recensé (e) entre le 8 et le 30 septembre 2014, un « Permis provisoire d’enseigner (PPE)». Le PPE est valable pour une durée de deux (2) ans. Il sera renouvelé après requalification par une formation continue et/ou la vérification que l’enseignant (e) possède un titre académique et une expérience attestée. Il doit aussi démontrer des compétences correspondant au référentiel du métier enseignant défini par le MENFP ».
Pour ce qui a trait au recrutement d’enseignants, il est mentionné : « Après une année de stage, les diplômés des Écoles normales supérieures (ENS), Écoles normales d’instituteurs (ENI), des centres de Formation Initiale accélérée (FIA), du Centre de formation pour l’École Fondamentale (CFEF) et des institutions spécialisées en sciences de l’éducation ont la priorité lors de tout nouveau recrutement d’enseignants ».
Prendre de nouvelles mesures, c’est important. Est-ce qu’elles sont bien fondées ? Mettre ces mesures en application n’est-il pas encore plus important pour le système éducatif ?
Jackson Junior RINVIL