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Les Îles Cayemites sont au bord de la détresse

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Les Cayemites sont un ensemble de deux îles peu connues situées au sud du golfe de la Gonâve en Haïti. L’absence d’autorité étatique sur les îles contribue à la fuite des riverains, dont la majorité risque leur vie en mer à la recherche d’un mieux-être. Après le tremblement de terre du 14 août 2021, la vie sur ces îles est devenue plus rude et l’abandon s’est fait sentir. En dépit de leur position géographique éloignée vis-à-vis de la capitale haïtienne où se trouve le centre des activités économiques, les habitants essaient de tenir le coup.

Situées à 35 kilomètres à l’est de la ville de Jérémie, dans le département de la Grand’Anse, les Cayemites sont deux îles qui composaient la sixième section communale de la commune de Pestel. Par un arrêté présidentiel en date du 07 juillet 2017, le journal officiel du gouvernement,  le Moniteur a publié la loi portant sur la création des îles Cayemites comme commune, considérant l’incapacité de la commune de Pestel à fournir des services de base à la population de cette localité, et en se fondant sur la volonté manifeste de la population des Îles à acquérir leur autonomie administrative et financière.

Les îles Cayemites tirent leur nom des grandes plantations de caïmitte qu’a connues cette localité dans le temps. La zone était en grande partie couverte de caïmittes. Cependant, elles ont commencé à subir une grave déforestation à partir de 1770.

On distingue la Grande Cayemite à l’est et la Petite Cayemite à l’ouest pour une superficie totale de 51,29 kilomètres carrés. L’Anse à Maçon située au Sud, Pointe Sable située à l’ouest et l’Anse du Nord située au nord sont les trois bourgades où se regroupent les riverains. Mais, on dénombre treize localités : Anse-à-Maçon, Boucan Philippe, Nan Sous, Zèb Ginen, Pointe Sable, Anse du Nord, Nan Palmis, Mavèt, Bayeux, Nan Fredi, Plaine David et nan Kajou.

Louis Eugène* est propriétaire de bateaux de fortune sur l’île, il est natif de la zone, il  explique le mode de vie des habitants : «  Il y a beaucoup plus de personnes à Pointe Sable sur l’île de la Grande Cayemite. Ici, on y trouve aussi un embarcadère pour la livraison des marchandises. La petite est inhabitée, sauf qu’il y a de belles plages et une longue allée d’arbres fruitiers ».

Les Cayemites possèdent un tribunal de paix, un centre de santé, une école congréganiste et trois écoles nationales, a-t-il indiqué. Les principales activités de la population sont la pêche, l’élevage et l’agriculture. Elles sont pratiquées de manière très archaïque et artisanale. Sa principale potentialité touristique est la mer. La plage d’Anse-Blanche de la petite Cayemite, presqu’inhabitée et l’Anse-du-Nord de la Grande-Cayemite constituent une source d’exploitation en raison de la mangrove qui protège le littoral et de la présence d’animaux endémiques sur le rivage. Les fonds marins de la baie des Cayemites sont connus des plongeurs.

La grotte Trou Anglais est une des attractions naturelles des îles. Elle a servi d’abri aux Anglais qui voulaient coloniser le Sud du pays à la suite du départ prématuré des Français en 1794. «  Il y en a ici qui utilisent leur canot pour pêcher, faute de moyens, combien de poissons un pêcheur peut-il avoir pour subvenir à ses besoins ? Mon bateau, je l’utilise pour mes voyages, ça rapporte plus que l’élevage. Le prix de l’engrais augmente, il n’y a qu’à la Grande Terre que l’on peut trouver de quoi soigner un animal malade. La vie est dure ici.  Aucune autorité ne peut dire qu’elle connaît vraiment les Cayemites », se plaint M. Eugène.

Les Cayemites sont aussi réputés pour les voyages en mer à travers les « boatpeople ». Des bateaux de fortune qui font des voyages illégaux en haute mer espérant se retrouver aux États-Unis, en Jamaïque ou à Cuba. Bien avant le séisme, la présence des autorités sur l’île n’était pas remarquée et les riverains vivaient l’enfer au quotidien. Suite au  séisme meurtrier du 14 août 2021, et au mutisme du gouvernement, certains riverains se sont résignés à prendre la mer à la recherche d’un mieux-être.

La localité de Pointe Sable a été le plus touchée par le séisme. Durant la période suivant la catastrophe, cette localité fut inondée quotidiennement par submersion marine, en raison d’une liquéfaction ayant provoqué un affaissement du sol d’au moins 50 centimètres. Des maisons ont été englouties, des personnes ont disparus et les survivants ont choisi de prendre la mer vers des destinations inconnues, pourvu qu’elles les sauvent. Selon Eugène, c’était la première fois que son entreprise a été florissante.

« Malgré la montée du prix, la demande prospérait. Personne ne voulait mourir à cause d’une maison mal construite ou de la négligence de l’État. Alors, ils se sont tournées vers nous les propriétaires de bateaux, pour que nous  les emmenions ailleurs. Même si ce n’était pas toute la population, mais la majorité. Hommes, femmes et enfants, des familles entières se sont résignés à affronter les dangers de la mer pour survivre », raconte tristement M. Eugene

Une délégation pluridisciplinaire a été envoyée sur l’île pour inspecter les dégâts. Elle a promis d’ériger une digue de protection sur la ligne du littoral de Pointe Sable et de repeupler la mangrove.

*(Nom d’emprunt)

Geneviève Fleury

genevievef359@gmail.com

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