La sécurité des journalistes en Haïti de plus en plus menacée !
4 min readDans un système de répression, n’importe qui peut être objet de la violence. La machine répressive prend différentes formes et atteint toutes les catégories de personnes. Et la liberté d’expression de la presse s’en trouve d’autant plus menacée ces derniers temps. Les journalistes figurent parmi les nombreuses victimes de l’insécurité. Récemment, deux jeunes journalistes de presse en ligne, Tayson Latigue et Frantzsen Charles ont été lâchement assassinés à Cité-Soleil. L’UNESCO et le Haut-Commissariat aux Droits de l’Homme (HCDH) se sont exprimés sur ce dossier, dans un communiqué publié le 14 septembre.
Depuis maintenant quatre ans, les Haïtiens sont exposés à l’incertitude et l’insécurité. Quotidiennement, en Haïti, des citoyens haïtiens meurent de tous les maux possibles et imaginables, mais aussi parfois de causes insolites. Très souvent dans ces cas, revient la question de l’insécurité. Insécurité alimentaire, insécurité sociale, insécurité routière, insécurité économique sans oublier la délinquance.
L’information a vite circulé. Les médias et les internautes ne parlent que de l’assassinat de Tayson Latigue et de Frantzsen Charles. En effet, le 11 septembre dernier, ces deux jeunes journalistes ont été assassinés dans la commune de Cité-Soleil. Ils ont laissé derrière eux des proches désemparés et une population indignée. Selon certaines sources, ils s’étaient rendus à Cité-Soleil dans le cadre d’une enquête sur la mort de Christelle Delva (Une jeune femme de 17 ans assassinée par balles à Cité-Soleil). Ils étaient 7 journalistes à s’y rendre mais Tayson et Frantzsen ont apparemment été assassinés par balles, puis brûlés.
L’UNESCO et le Haut-Commissariat des Nations Unies aux Droits de l’Homme (HCDH) condamnent avec fermeté cet acte odieux dans un communiqué de presse publié le 14 septembre. Ces instances rappellent que la liberté d’expression est un droit fondamental dans un processus démocratique et que la violence à l’encontre des journalistes est une lourde menace contre la liberté de la presse. D’ailleurs, la mission des journalistes est de rechercher les informations et la vérité dans l’optique d’informer la population, en tout temps et en tout lieu.
Tués pendant l’exercice de leur métier, dans le plus grand bidonville du pays, Tayson Latigue et Frantzsen Charles méritent que justice leur soit rendu, ont fait savoir l’UNESCO et le HCDH dans le dit communiqué. « L’UNESCO et le HCDH en Haïti invitent les autorités à diligenter une enquête rapide, crédible et exhaustive sur ce meurtre et lancent un appel à la responsabilité de tous les acteurs afin de lutter contre les menaces de violence et de crimes à l’encontre des journalistes pour protéger la liberté d’expression », déclare ce communiqué.
L’UNESCO et le HCDH ont tenu à rappeler que Tayson Latigue et Frantszen Charles ne sont pas les premiers à mourir dans l’exercice de leur profession qui est la recherche des faits, de la vérité et de l’information. En effet, durant cette année, beaucoup d’attachés de presse sont passés de vie à trépas. C’est le cas de John Wesley Amady et Wilguens Louis-Saint, qui déjà à l’aube de l’année 2022, soit le 11 janvier, ont été tués par des gangs armés; et de Maximilien Lazard tué par balles alors qu’il couvrait une manifestation le 23 février. Ce système de violence n’épargne pas les journalistes haïtiens.
Jusqu’à présent, les journalistes haïtiens continuent de subir des actes de violence, de harcèlement, d’intimidation, de séquestration et d’agression de toutes sortes, a tenu à souligner l’UNESCO et le HCDH. Ces instances profitent de cette occasion pour rappeler aux attachés de presse qu’ils sont les premiers responsables de leur sécurité et les encouragent à mettre en pratique les principes du guide sur la sécurité des journalistes et les conseils pratiques lors de la couverture en situation de crises et de conflits.
La situation sécuritaire en Haïti est chaotique. Les victimes ne se comptent plus. Aucun secteur de la vie nationale n’est épargné. Les gens meurent tous les jours. Et plus les jours se suivent, plus la situation devient critique. La population est prisonnière dans son propre pays. La peur et l’incertitude accaparent tout le monde. La nation haïtienne est tout le temps en alerte et anxieuse. Les parents perdent leurs enfants et les enfants perdent leurs parents dans la violence. Chacun perd un proche, et la justice est absente. Les parents, proches et amis de Tayson Latigue et Frantzsen Charles pleurent leurs assassinats mais ne peuvent rien faire d’autre.
Dans toute société, si le sentiment d’être en danger est constant, cela traduit que la violence et parallèlement l’insécurité sont à un point culminant et qu’il faut, par ailleurs, agir pour instaurer un climat de sécurité et de confiance. Trop de parents enterrent leurs jeunes enfants. Comme l’a dit Hérodote: « En temps de paix, les fils ensevelissent leurs pères; en temps de guerre les pères ensevelissent leurs fils ». Seulement, le pays est-il en guerre? Si, oui, avec qui? Ce sont les questions qu’il faut se poser.
Leyla Bath-Schéba Pierre Louis
pleyla78@gmail.com