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À la découverte de Rachèle Magloire, une réalisatrice passionnée par le travail de mémoire

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Depuis plus de trente ans, Rachèle Magloire s’est engagée passionnément dans un travail de mémoire, à travers ses nombreux films. La réalisatrice a en effet contribué au tournage de plusieurs documentaires dont  les contenus sont inspirés essentiellement d’événements marquants en Haïti, sa terre natale. Découvrons dans les lignes qui suivent la réalisatrice du film-documentaire « Les enfants du coup d’État ».

“…Il faut se rappeler, non pas pour le garder pour soi, mais pour le partager, le transmettre aux contemporains qui ne l’ont pas vécu »,  affirme Rachèle Magloire, réalisatrice et productrice. C’est en effet dans cette démarche de partage ou de sauvegarde, que s’inscrit son travail depuis plus d’une trentaine d’années. Née à Port-au-Prince en 1961, en pleine dictature, la réalisatrice a connu le silence assourdissant qui s’est abattu sur la capitale d’Haïti sous le règne des Duvalier. Elle approchait la quinzaine, quand elle se glissait aux côtés des grands pour écouter les témoignages glaçants des prisonniers qui revenaient du tristement célèbre Fort Dimanche (espace carcéral où l’on détenait les prisonniers politiques). « Ils prenaient des jours et des jours à raconter ce qu’ils avaient vécu », se remémore-t-elle.

La réalisatrice du documentaire intitulé « Ki prizon pou Ayiti, ki prizon pou fanm ak timoun » a vécu le plus clair de son jeune âge au Canada, précisément dans la province du Québec. De là, elle a obtenu son diplôme en communication. De retour en Haïti en 1987, peu après le départ des Duvalier, elle a travaillé à la station de télévision privée Télé Haïti et a collaboré à « Haïti en marche », un hebdomadaire édité à Miami. Quatre ans plus tard, en 1991, elle a  intégré la Télévision Nationale d’Haïti (TNH) comme rédactrice en chef dans un premier temps, puis comme directrice de l’information. Son passage dans cette institution hautement politique a été de courte durée.

Elle a en outre collaboré avec quelques médias internationaux (La Presse, Le Devoir de Montréal, Radio Canada, entre autres), juste avant de lancer sa compagnie de production audiovisuelle, Productions Fanale, de concert avec son collaborateur Carl Lafontant. Par ailleurs, elle a voyagé un peu partout dans le monde, notamment en Afrique où elle a mis ses compétences au  service de la radio de la mission des Nations Unies en République Démocratique du Congo, avant de revenir en Haïti en 2004 pour continuer son travail de production.

Dans son répertoire, Rachèle Magloire trimballe une panoplie de réalisations dont les contenus sont essentiellement inspirés de faits réels mémorables. Ainsi on peut citer : Une école pour tous en 2001, un documentaire sur l’intégration des enfants handicapés-es dans le système scolaire haïtien ; Les enfants du Coup d’État en 2001, un film-documentaire sur les femmes violées durant le  Coup d’État de 1991-1994 en Haïti ; Ki prizon pou Ayiti, ki prizon pou fanm ak timoun (1998) ;Kalfou plezi pye devan, un documentaire sur la prostitution juvenile, entre autres. En 2012, elle a coréalisé avec la Française Chantal Regnault « Deported », un documentaire qui a remporté le Prix Droit de la Personne et le Prix du meilleur documentaire au festival Vues d’Afrique en 2013.

En 2015, elle a réalisé une série de vidéos dans le cadre de la rencontre des mémoires qui s’est tenue à Buenos Aires en vue d’un partage de mémoires, comme l’a indiqué la productrice, entre les deux peuples qui ont connu la dictature. « C’est le désir de raconter qui doit donner la force de survivre…La mémoire, elle a du sens quand on la partage avec les autres », déclare la sexagenaire, qui continue d’immortaliser le passé à travers sa grande production.

Statler LUCZAMA

Luczstadler96@gmail.com

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