Les sanctions visant trois membres de l’élite économique n’auront aucun impact significatif sur l’économie haïtienne, selon Eddy Labossière
5 min readLe Canada poursuit son action avec ses sanctions dans le cas d’Haïti. Ainsi, les noms de trois membres de l’élite économique du pays, Gilbert Bigio, Reynold Deeb et Sherif Abdallah viennent s’ajouter sur la liste. Selon les propos de l’économiste Eddy Labossière, ces sanctions imposées par le Canada visant ces trois hommes d’affaires haïtiens n’auront aucun impact significatif sur l’économie nationale.
L’économie haïtienne est une économie essentiellement tournée vers l’extérieur. Elle se repose en grande partie sur l’importation. On achète à l’étranger pour venir revendre en Haïti qui n’est autre qu’un marché. Et cela laisse penser que ladite économie tourne autour de ceux qui s’adonnent à cette pratique au sein de l’élite économique du pays. « […] Ces gens ne pèsent pas trop lourd dans l’économie nationale. On aurait dû les sanctionner il y a longtemps. C’est quand même dommage qu’il n’y a pas une direction de supervision des banques au sein de la Banque Centrale. Les transactions que ces gens effectuent à l’étranger ont leurs sources dans des activités de drogue et de kidnapping […] », a indiqué l’économiste Eddy Labossière précisant que la plupart des hommes d’affaires en Haïti sont dans l’importation et l’exportation.
À en croire M. Labossière, ces hommes ne prennent aucun risque dans le pays. « Ils ne font pas leurs fortunes dans la production nationale. Et si c’était le cas, les sanctions imposées par le Canada auront eu un impact significatif sur le pays. Ce qu’ils font, c’est de l’importation. Si, pour une raison ou une autre, ils cessent d’importer, quelqu’un d’autre le fera. Ils sont nombreux les Haïtiens qui attendent avec impatience cette opportunité », déclare l’économiste soulignant par ailleurs que ces gens de l’élite économique ne font rien d’autre que d’exploiter le pays. M. Labossière plaide pour un changement radical de toute la classe économique haïtienne.
En quoi consistent ces sanctions et pourquoi ?
Il est impératif de résoudre le problème des gangs armés en Haïti, et ce, urgemment. Pour y arriver, le Canada utilise une autre stratégie. Sanctionner ceux qui financent les groupes armés en Haïti. Les dernières sanctions du Gouvernement canadien visent trois membres de l’élite économique du pays, à savoir « Gilbert Bigio, Reynold Deeb et Sherif Abdallah et leur imposent une interdiction de transactions, ce qui aura pour effet de geler tout avoir qu’ils peuvent détenir au Canada », peut-on lire dans un communiqué publié le 5 décembre 2022.
À en croire la Ministre des Affaires étrangères du Gouvernement canadien, Mélanie Joly, le Canada impose ces sanctions supplémentaires, en vertu du Règlement sur les mesures économiques spéciales visant Haïti, en réponse à la conduite inacceptable de l’élite haïtienne qui apportent un soutien financier et opérationnel illicite à des gangs armés.
« Le Canada a des raisons de croire que ces personnes utilisent leur statut de membres très en vue de l’élite économique en Haïti pour protéger et permettre les activités illégales de gangs criminels armés, notamment par le blanchiment d’argent et d’autres actes de corruption », a fait savoir le communiqué.
La Ministre Joly a fait savoir que le Canada joue un rôle de premier plan en sanctionnant des membres de l’élite afin de les empêcher de soutenir les gangs qui commettent des actes de violence contre le peuple haïtien. « Le Canada demande à la communauté internationale de suivre son exemple et d’imposer des sanctions aux gangs et à leurs partisans pour aider le peuple haïtien à sortir de cette crise et à rétablir la paix et la sécurité dans son pays », indique Mme Joly.
Les États-Unis sanctionnent le Sénateur Rony Célestin et l’ancien Sénateur Richard Lenine Hervé Fourcand pour trafic de stupéfiants
Le Bureau de contrôle des avoirs étrangers (OFAC), du Département du Trésor des États-Unis, a désigné les ressortissants haïtiens Rony Celestin et Richard Lenine Hervé Fourcand en vertu du décret exécutif ( E. O.) 14059 du 15 décembre 2021, « imposant des sanctions aux individus de nationalité étrangère impliqués dans le trafic de drogue illicite », informe le Département du Trésor des États-Unis dans un communiqué de presse.
L’OFAC a désigné M. Celestin et M. Fourcand pour s’être engagés dans, ou avoir tenté de s’engager, dans des activités ou des transactions qui ont matériellement contribué à, ou présentent un risque significatif de contribution matérielle, à la prolifération internationale de drogues illicites ou de leurs moyens de production, précise le communiqué.« Rony Celestin et Richard Fourcand sont deux autres exemples de politiciens haïtiens corrompus abusant de leur pouvoir pour poursuivre les activités de trafic de stupéfiants dans la région », déclare Brian E. Nelson, le Sous-secrétaire au Trésor pour le Terrorisme et le Renseignement, selon les informations rapportées par le communiqué.
Le cas de Rony Celestin en particulier
Le communiqué précise que l’OFAC détient des informations indiquant que Rony Celestin se livre à des activités de trafic de drogue au niveau international. « Il a utilisé sa position politique pour importer de la drogue du Venezuela vers Haïti, et exporter de la drogue vers les États-Unis et les Bahamas », peut-on lire.
Le cas de Richard Fourcand
« L’OFAC détient également des informations indiquant que Richard Fourcand se livre à des activités de trafic de drogue international », affirme le communiqué en mentionnant que M. Fourcand « utilise son propre avion pour transporter de la drogue dans le Sud d’Haïti». « M. Fourcand a tenté d’utiliser son influence politique pour installer des personnes dans des postes au sein du gouvernement, lesquels l’aideraient à faciliter ses activités de trafic de drogue », précise-t-on.
Les personnes engagées dans des transactions avec ces personnes peuvent être sanctionnées aussi
Tous les biens et intérêts dans les biens des personnes désignées qui se trouvent aux États-Unis, ou en possession ou sous le contrôle de citoyens américains doivent être bloqués et signalés à L’OFAC, à en croire le communiqué. « Les règlementations de L’OFAC interdisent généralement toutes les transactions par des citoyens américains ou à l’intérieur des États-Unis (y compris les transactions transitant par les États-Unis) qui impliquent des biens ou des intérêts dans des biens de personnes désignées ou autrement bloquées », peut-on lire.
Par ailleurs, selon le communiqué, les personnes qui s’engagent dans certaines transactions avec les personnes désignées aujourd’hui peuvent elles-mêmes s’exposer à des sanctions ou faire l’objet d’une action en justice.
Signalons que Joseph Lambert, Youri Latortue, Gary Bodeau, Michel Joseph Martelly, Laurent Lamothe, Jean Henry Céant ont été aussi frappés par ces sanctions du Gouvernement canadien.
Jackson Junior Rinvil
rjacksonjunior@yahoo.fr