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L’insécurité alimentaire, un défi parmi les plus grands à relever en 2023

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L’année 2023 paraît nouvelle sur le calendrier, mais elle charrie un lot de problèmes du passé. L’insécurité alimentaire, depuis maintenant plusieurs décennies, est un vrai casse-tête pour tous les Gouvernements. Avec 4.7 millions de personnes qui peinent à trouver le pain quotidien en ce début d’année, le Gouvernement dit devoir réagir.

« De septembre 2022 à février 2023, 4,7 millions de personnes sont en situation d’insécurité alimentaire, dont environ 19 200 personnes en situation de catastrophe alimentaire, notamment à Cité Soleil », avait indiqué la Coordination Nationale de la Sécurité Alimentaire (CNSA) dans un article « Panier alimentaire et condition de sécurité alimentaire, décembre 2022 » publié le 15 décembre 2022. En raison de l’insécurité causée par les gangs armés ou des risques de catastrophes naturelles majeures, le pays s’apprête à vivre – à moins d’une réaction efficace, efficiente et urgente – une année 2023 très difficile.

Des promesses pour 2023

Les actions sont peut-être à espérer, mais les promesses d’une prise en charge de la situation n’ont, quant à elle, pas tardé. En effet, lors de la cérémonie du lancement du « Programme sectoriel de sécurité alimentaire » du Ministère de l’Agriculture, des Ressources naturelles et du Développement Rural (MARNDR) le vendredi 6 janvier 2023, le Premier Ministre de fait, le Dr Ariel Henry, s’est dit préoccupé par l’état de la production nationale et de l’insécurité alimentaire, deux sujets d’importance capitale pour son Gouvernement.

« Il est du devoir du Gouvernement de veiller à ce que nos compatriotes trouvent, en quantité suffisante et à des prix abordables, des denrées qui entrent dans nos habitudes alimentaires. Cette responsabilité, il nous incombe de l’assumer pleinement, en faisant des plans et en nous donnant les moyens qu’il faut à cette fin », a-t-il affirmé lors de cette cérémonie. Pour lui, le pays doit se réconcilier avec son passé de bon producteur agricole. « Il n’est pas normal que nous soyons obligés d’importer des denrées que nous pouvons cultiver et que nous avions l’habitude de produire pour alimenter le marché local et même exporter », s’est indigné le locataire de la Primature.

La PROMODEV fait des recommandations

Depuis maintenant plusieurs années, la production nationale haïtienne, en particulier  la production alimentaire, n’arrive pas à satisfaire les besoins de la population. L’alimentation est, dans une très large mesure, dépendante de l’importation. Gouvernements, universités, professionnels de l’agronomie, économistes, entrepreneurs, tous reconnaissent la faiblesse de ce secteur important, mais la formule pour une production équilibrée n’a toujours pas été trouvée.

Pour l’Ingénieur-agronome Talot Bertrand, Spécialiste en Éducation Relative à l’Environnement et Secrétaire Général de PROMODEV (Promotion pour le Développement), les Gouvernements peinent à accorder à l’agriculture une place adéquate dans leurs politiques. « L’agriculture devrait être  la priorité des priorités, mais malheureusement la production agricole nationale n’a pas été dans l’agenda des grands dossiers de l’État haïtien et ne faisait même pas partie des discussions entre les protagonistes de la vie politique haïtienne », a-t-il indiqué dans une publication du 31 décembre 2022.

Lors d’un webinaire organisé par PROMODEV le 31 décembre dernier autour du thème « Pouvons-nous dresser un bilan pour le secteur agricole en Haïti pour l’année 2022 ? », les participants ont échangé sur divers problèmes auxquels est confronté le secteur agricole du pays, à savoir : la carence et le prix exagéré du carburant qui impactent l’arrosage des parcelles agricoles et, pour les transports, l’insécurité généralisée dans diverses régions du pays empêchant la circulation des producteurs agricoles et des « madan sara » ; le gaspillage des produits agricoles disponibles en milieu rural ; les séquelles du tremblement de terre et de la tempête Grace qui ont saccagé le Grand Sud ; la rareté des intrants agricoles (engrais, semences, etc.) auxquels mêmes les agriculteurs aisés n’ont pas accès; le dysfonctionnement des structures techniques de l’État qui devraient être au service des paysans et des entrepreneurs agricoles ; le ravage de nos cultures par des maladies et des pestes, notamment la perte des pois congos avec leurs gousses principalement à Tiburon et dans les sections communales de Carrefour ; le cocotier et le mazonbèl qui seraient en voie de disparition ; l’éventuelle sanction selon laquelle il sera interdit à Haïti d’exporter des mangues vers les États-Unis ; l’élevage porcin a été grandement affecté par la maladie de la Peste Porcine Africaine (PPA) ; le vol des bœufs qui est devenu monnaie courante dans les sections rurales.

À partir de ces éléments, des recommandations ont été également faites au cours de ce webinaire, parmi elles : créer un consensus national indispensable à la stabilité dans le pays ; faire de la production agricole nationale une priorité dans le budget national et dans les programmes de développement ; entreprendre une réforme et prévoir un renforcement au niveau du Ministère de l’Agriculture ; donner la priorité à la recherche agricole et aux services de proximité tels que : les fermes agricoles, les Directions Départementales Agricoles (DDA), les Bureaux Agricoles Communaux (BAC) ; établir des canaux de communication entre le MARNDR et les organisations paysannes ainsi que les autres institutions travaillant dans le secteur agricole en Haïti.

Les propositions de solution ne sont pourtant pas nouvelles. Relégués au second plan par les luttes de pouvoir et aujourd’hui   compte tenu de  l’insécurité, les défis auxquels fait face le secteur agricole sont immenses. Avec plus du tiers de la population haïtienne en insécurité alimentaire, la situation devient de plus en plus urgente, et malgré les doutes quant aux réels efforts, le Gouvernement promet la relève, en même temps que le rétablissement d’un climat de sécurité face aux gangs armés, ainsi que les promesses d’élections qui paraissent encore lointaines. « Le Gouvernement est déterminé à mobiliser les ressources qu’il faut pour que, dans le courant de cette année, nous amorcions un virage significatif dans la lutte contre l’insécurité alimentaire » a déclaré le Dr Ariel Henry le 6 janvier dernier.

Clovesky André-Gérald PIERRE

cloveskypierre1@gmail.com

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