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Des personnes disparues alors que l’État est aux abonnés absents, faut-il craindre le pire?

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Depuis plusieurs années, la situation sécuritaire du pays glisse entre les doigts des autorités locales. Les fusillades, les exécutions sommaires, les enlèvements contre rançons et depuis quelques mois les cas de disparition reviennent souvent et le nombre des victimes ne cesse d’augmenter. Alors que la population est aux abois, l’État ne montre pas vraiment la volonté de vouloir trouver une issue à l’insécurité.

Depuis quelques mois, un phénomène retient l’attention de plusieurs citoyens haïtiens, notamment dans la capitale. Outre les cas de kidnapping récurrents, les victimes de balles perdues, ces derniers temps, les cas de personnes portées disparues se multiplient. En effet, plusieurs personnes quittent leurs maisons mais ne rentrent jamais et ne donnent plus signe de vie. Sur les réseaux sociaux, tous les jours, de nouvelles victimes font surface. Des familles sont aux abois et ne savent pas où chercher leurs disparus.

De jeunes écoliers quittent leur maison et n’y sont jamais retournés, alors que les familles attendent les appels des ravisseurs qui ne se manifestent pas. Plus récemment, Ardain Ronald David, un étudiant à la Faculté de Médecine et de Pharmacie (FMP) de l’Université d’Etat d’Haïti n’est plus rentré depuis le 26 février, à Bon Repos. Selon les informations divulguées, ce jeune homme avait quitté sa maison pour aller acheter des piles et recharger son portable et depuis, ses proches n’ont plus aucune nouvelle de lui. Depuis la fin de l’année dernière, les cas de disparitions soudaines se multiplient. Les familles perdent totalement les traces de leurs proches.

D’après Débora Torchon, étudiante à l’Université Notre-Dame d’Haïti, la situation sécuritaire du pays est équivalente à un étau qui se resserre tous les jours. Cette dernière partage son point de vue sur l’aggravation de la situation sécuritaire du pays et sur ses craintes par rapport aux cas récurrents de disparition. « Je suis très angoissée et stressée, parfois je fais des cauchemars. J’ai l’impression que même si aujourd’hui là où j’habite n’est pas encore sous le contrôle des bandits, dans quelques semaines ou quelques mois, ils vont atterrir dans mon quartier », explique la jeune femme.

Pour ce qui  a trait aux disparitions soudaines, l’universitaire affirme que les choses les plus probables pour expliquer ce phénomène sont la présence en Haïti d’un réseau de trafic humain ou encore de trafic sexuel. « On sait pertinemment que le pays n’est pas uniquement un carrefour pour la drogue. Les personnes qui disparaissent sans laisser de traces ne peuvent pas se volatiliser, il y a quelque chose de dangereux qui se cache derrière ce phénomène. L’État devrait prendre les choses en main pour démanteler ce système avant que cela ne dégénère comme le kidnapping », souligne l’étudiante en communication sociale.

Selon la jeune femme, le silence de l’État et des médias à propos de ces cas de disparition devraient interpeller la population. « Le silence de l’État selon moi, à propos de ce sujet est significatif. Le refus volontaire des grands médias nationaux d’aborder ce sujet assez sensible envoie un message fort. D’ailleurs, aucune enquête officielle n’est encore ouverte dans le pays pour comprendre ce mécanisme de disparition massive, qui traduit probablement un trafic illégal et très complexe. Il faudrait attirer l’attention de la population sur ce sujet, car il est important que tout le monde sache qu’après les actions criminelles des gangs et le kidnapping, probablement un plus grand danger plane sur nous », avertit Mme Torchon.

En effet, la situation est chaotique. De plus en plus de villes et de communes sont concernées par les actes de banditisme. Les gangs étendent de plus en plus leurs territoires. Du Nord au Sud, le pays est contrôlé par différents groupes armés. Les circuits de transports et certains axes qui relient les villes sont  sous le contrôle des bandits depuis environ deux ans. Les crimes augmentent de manière démesurée et n’importe qui peut compter parmi les victimes. Toutes les couches de la société sont touchées par ce fléau.

Les victimes ne se comptent plus et aucun quartier n’est épargné. Au milieu du chaos, un nouveau phénomène semble prendre de l’ampleur dans la capitale haïtienne sous le regard de tout un chacun. Le déni de la population, le silence et l’indifférence des autorités étatiques ne font qu’enfoncer le couteau dans cette plaie ouverte. Aujourd’hui, après les fusillades, les balles perdues, les enlèvements contre rançons, la population ne devrait-elle pas s’inquiéter des cas de disparition ?

Leyla Bath-Schéba Pierre Louis

pleyla78@gmail.com

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