jeu. Nov 21st, 2024

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On ne change pas la mentalité d’un peuple ni par décret ni par référendum!

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La Constitution haïtienne vient d’avoir 36 ans, le 29 mars dernier. Si jeune, elle est déjà tombée en désuétude, selon les acteurs politiques qui réclament sa révision. Ils s’acharnent tous sur cette charte nationale la rendant responsable de tous les maux du pays.
Le Président Jovenel Moïse avait fait de tout son mieux  pour changer la Loi mère d’Haïti par voie référendaire. Son prédécesseur, Michel Joseph Martelly, voyait dans cette dernière un obstacle. Pour lui, cette charte rend ingouvernable le pays. Vingt et un mois après l’assassinat du Président Moïse, ceux qui s’opposaient à son ambition, prolongent sa velléité. Coûte que coûte, la Constitution doit changer, et ce, avant la réalisation des futures élections.
Le débat autour de la Constitution est toujours d’actualité malgré sa mise à l’écart par l’équipe au pouvoir qui dirige selon ses caprices et dans l’intention de plaire à la communauté internationale. Seul monarque au pouvoir depuis maintenant 21 mois, Ariel Henry, le Premier Ministre haïtien, conduit le pays dans la totale anarchie tendant vers une guerre civile sans précédent.
Toutes les initiatives de l’Exécutif  visent à faire passer le temps. Malgré l’urgence du moment, c’est la maintenance du pouvoir par tous les moyens qui préoccupe les gouvernants. De leur côté, ceux qui sont dans l’opposition continuent d’attendre que les étrangers claquent des doigts pour leur passer le pouvoir. Ils sont patients. Ils sont optimistes et pensent que la communauté internationale ne va pas trahir son mode opératoire de toujours.
En fonction des intérêts non avoués des uns et des autres, les débats sont orientés. On passe systématiquement à côté de l’essentiel en vue de faire pérenniser la situation. S’agissant des gangs, ce sont les structures les mieux protégées ces derniers temps car, ils apportent une certaine sérénité au pouvoir annihilant toutes formes de protestation ou de soulèvement vers un changement. Ils font aussi l’affaire des pays dits amis d’Haïti qui se montrent cléments face à eux.
Du côté de la communauté internationale c’est la pratique de l’amalgame. Elle encourage le dialogue en même temps qu’elle supporte sans réserve l’équipe au pouvoir. Elle n’arrête de répéter qu’elle est du côté d’Haïti en sanctionnant des présumés corrompus, pourtant, elle n’empêche pas le commerce d’armes de guerre venant de ses territoires, qui alimente l’insécurité dans le pays. Parallèlement, elle maintient l’embargo sur la Police et l’Armée. Elle dit en outre supporter la réalisation des élections dans le pays dans un délai pas trop lointain et favorise en contrepartie la population à déserter le pays.
Pourquoi toutes ces contradictions ?  En quoi ces actions peuvent-elles contribuer à un renouveau en Haïti ? Quel est ce type d’aide qui encourage la fuite des cerveaux et le dépouillement des institutions étatiques (déjà en lambeaux) de ses cadres ? Est-ce que le plan américain consiste à déplacer tous les Haïtiens pour rebâtir le pays et par la suite rapatrier le peuple dans sa nouvelle Jérusalem? Bizarre !
Hormis les contradictions, la nation est unanime sur deux choses. Premièrement le pays est invivable et  n’est pas gouverné. Deuxièmement, il nous faut changer de mentalité et revenir à une prise de conscience collective. Comment va-t-on s’y prendre ? Quel leadership devons-nous dégager et par quel moyen ? Ce n’est pas en multipliant les décrets, en révisant la Constitution pour la satisfaction de quelques capricieux, ni à travers l’exécution du plan étranger ni en attendant indéfiniment que cette prise de conscience va venir. Ce n’est non plus en multipliant les gangs pour la protection d’intérêts divers, ni en accumulant les accords ou en promouvant la dynamique du faire semblant que cela va changer.
Cela nécessite du temps, de la volonté et des actions concrètes. Si les étrangers étaient de bonne foi, ces problèmes seraient longtemps résolus. Que l’ONU continue d’assister passivement à cette forme de génocide qui s’annonce en Haïti. Que le pouvoir aussi continue de prendre des arrêtés pour des choses insignifiantes en prétextant qu’ils vont aider le pays à sortir de cette impasse. L’avenir les attend et dira le reste.
Daniel SÉVÈRE
danielsevere1984@gmail.com

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