Risquons d’être de dignes citoyens!
3 min readL’avenir du pays se trouve dans des eaux troubles. À la base de cette situation, il y a un refus des citoyens de respecter leurs obligations civiques et la volonté expresse de ces derniers de faire fi du devoir sacro saint de respecter les droits d’autrui et les lois de la République. Quoi qu’on dise, nous ne sommes pas innocents dans ce que vit présentement le pays. Notre manière de nous comporter y est pour beaucoup. Notre refus de faire l’effort d’accomplir ou de promouvoir ce qui est juste. De le faire même si on est seul à le tenter ou même si on nous prend pour un insensé. Il faut commencer par les petits détails.
Cela vaut la peine d’oser. D’essayer. De faire une action positive quoi qu’il en soit et quel que soit l’endroit où l’on se trouve. De ne pas considérer d’entrée de jeu le côté quantitatif de l’action, mais plutôt son aspect qualitatif. Il ne suffit pas de considérer sa petite goutte d’eau et de la considérer comme perdue et isolée, mais il s’agit plutôt de se dire qu’on a fait ce qu’il fallait et que d’autres personnes viendront faire pareil. L’important, c’est de prendre le risque de poser une bonne action au lieu de se laisser contaminer par la foule. Au lieu de chercher à ressembler aux autres. Il ne faut pas s’abstenir devant le mal ni l’admettre pour échapper aux critiques ou éviter des problèmes. Petit à petit, l’oiseau fait son nid.
Où serions-nous si nos ancêtres n’avaient pas combattu le système esclavagiste ? Si certains n’avaient pas pris le risque d’affronter ce que le monde entier redoutait ? Si des braves n’avaient pas juré de combattre jusqu’à leur dernier soupir ? Tous les esclaves n’étaient pas convaincus que cette folie allait accoucher d’une telle prouesse. Ils ont pris le risque, ils ont osé. Un jour, des vaillants ont dit « halte-là ». Il a fallu un geste, une idée, un jour pour que se produise le déclic. Il a fallu qu’un homme fasse le premier pas pour que les autres le suivent. Il a fallu des effrontés pour renverser les Duvalier. Dommage que des abrutis arrivés au pouvoir aient successivement traîné dans la boue toutes les prouesses de cette nation et transformé ce pays en poubelle.
En 2023, tout est à refaire. C’est un pays en détresse. Une nation à l’agonie. Nous avons perdu espoir en notre capacité de refaire la peinture noircie par des arrivistes. Nous nous sommes laissés emporter par le vent de la facilité et de la corruption. Au lieu de nous comporter en dignes citoyens, nous nous disons que nous ne sommes pas responsables. Nous persistons à regarder le verre à moitié vide au lieu de faire le contraire. Nous nous confortons dans notre position de pessimistes en alimentant cette négativité: « Nos actions isolées ne peuvent pas faire revivre Haïti, tout comme, elles ne peuvent pas le tuer ». Donc laisser la vie suivre son cours.
Les habitants d’Ouanaminthe osent rêver. Ils ont sonné le glas. Leur folie a fait boule de neige. Ils ont fait ce que tous les hommes au pouvoir en Haïti n’ont pas fait. Ils ont tenu tête à ceux qui n’ont aucun respect pour ce pays. Ils ont envoyé un message fort aux impérialistes et à leurs serviteurs. À quoi sert de rouvrir la frontière ? Ils ont voulu nous punir pour ce qui nous revient de droit. Pourquoi se rétractent-ils ? Pourquoi n’en pas profiter. Il faut leur montrer qu’on a accepté cet affront. Faisons les gestes qu’il faut. Commençons par prendre de bonnes décisions chez nous, dans nos familles, dans nos quartiers. Rappelez-vous que la crise n’est pas apparue en un jour. C’est un construit. Aussi, la grandeur ne reviendra pas non plus en une journée. Travaillons à son avènement en agissant positivement.
Daniel SÉVÈRE