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Encore une coalition « contre-nature » ?

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Le 21 octobre 2023, une nouvelle coalition a été constituée à l’Hôtel Karibe. Dénommée Front Uni pour une sortie de crise efficace et durable, cette nouvelle coalition est formée de structures de différentes tendances politiques tels PHTK, MOPOD, OPL, GREH, LAPEH, EDE, UNIR pour ne citer que ceux-là. Ce qui amène certaines personnes déjà à se poser la question si ce n’est pas une coalition « contre-nature » ?

L’objectif de la structure est clair : le Premier ministre Ariel Henry doit quitter le pouvoir le 7 février 2024, en conformité avec l’Accord du 21 septembre 2022. Dans leurs allocutions du jour, les initiateurs du « Front Uni » plaident pour une sortie pacifique. Selon le Coordonnateur de l’Organisation du Peuple en Lutte (OPL), le départ d’Ariel Henry est nécessaire pour une résolution de la crise que connaît actuellement le pays. Pour Claude Joseph, leader du parti des Engagés pour le Développement (EDE), « Ariel Henry ne doit pas bénéficier d’autres accords lui permettant de s’accrocher au pouvoir ». Celui-ci, ayant déjà montré son incapacité à résoudre les problèmes auxquels la population fait face, notamment l’insécurité. Toutefois, plus d’un se questionne sur la capacité réelle de cette structure de forcer le Premier Ministre à respecter l’Accord du 21 décembre 2022.

En effet, si selon Liné Balthazar cette coalition représente la volonté des acteurs politiques de privilégier les intérêts du pays au détriment de leurs intérêts propres, certains mettent en doute la capacité des acteurs du Front Uni à parvenir à leurs objectifs, en particulier à cause de leurs divergences radicales d’intérêts. Celles-ci constituent un risque d’implosion élevé de cette structure, si l’on en croit Marcken Love Guerrier. Selon le diplomate, « les désaccords sur les politiques à suivre […], les orientations idéologiques peuvent entraîner des tensions internes. Ces tensions peuvent potentiellement conduire à des conflits où à la dissolution de la coalition ».

Toutefois, le Front Uni ne constitue pas une première dans la sphère politique haïtienne au cours de ces dernières années. INITE en 2010, le G8 en 2015 sont deux cas récents où des acteurs politiques avec des intérêts politiques divergents se sont accordés pour défendre leurs intérêts. Toujours, disent-ils, pour le bien du pays. Si la coalition a pu permettre aux acteurs de parvenir aux résultats escomptés, il n’en fut pas de même pour le G8 dont les « divergences internes sur les stratégies à adopter » ne leur ont pas permis d’atteindre leurs objectifs, précise Marken Love Guerrier. D’où le scepticisme autour du Front Uni.

Cependant, en dépit des différends idéologiques que présentent les partis qui constituent le Font Uni, M. Guerrier voit d’un bon œil cet accord. « La diversité d’idéologies au sein des partis politiques peut être le socle d’une coalition solide, où la variété des perspectives se mêle pour nourrir un dialogue constructif et nourrir la démocratie », soutient-il. Marcken Love Guerrier pense par ailleurs que l’atteinte des objectifs de cette coalition passera par « la capacité des parties prenantes à surmonter leurs divergences ».

L’ancien Député Serge Jean Louis pour sa part est  catégorique. Sur les ondes, M. Jean Louis a indiqué, parlant du Front Uni, que c’est une alliance  « contre-nature ».

Rappelons qu’au moins deux accords ont été  signés entre divers partis et acteurs politiques de tous horizons en vue d’une résolution de la crise politique qui prévaut depuis l’assassinat du Président Jovenel Moïse le 7 juillet 2022.

D’une part, l’Accord Montana signé le 30 août 2021 visant à doter le pays d’un Gouvernement de transition constitué sur la base d’un accord politique entre les différents partis politiques et des organisations de la société civile. 

D’autre part, l’Accord du 11 septembre 2021 signé entre Ariel Henry et différents partis et groupements politiques haïtiens Depuis, la situation sociale et politique du pays ne cesse de se dégrader.

En outre, l’Accord du 21 décembre 2022 (qui a débouché sur la création du Haut Conseil de Transition), signé entre Ariel Henry et plus de 600 entités de la vie nationale, prévoit l’installation d’un Président élu le 7 février 2024. Trois mois avant la date butoir, le processus électoral n’a toujours pas été enclenché. Reste à savoir si le Front Uni aura la capacité de contraindre le Premier Ministre à laisser le pouvoir le 7 février prochain, un pouvoir auquel ce dernier semble bien attaché.

Roobens Isma

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