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Port-au-Prince pleure sous la pluie

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À côté de l’insécurité qui bat son plein dans certaines zones de la capitale haïtienne, il y a un grave problème environnemental que les autorités étatiques ne doivent absolument pas négliger. Il suffit de quelques gouttes de pluie  pour que Port-au-Prince et ses environs soient sous les eaux, sans oublier les amas de détritus de toutes sortes qui encombrent les rues. 

Il est à peine 5h PM. Le soleil cède bizarrement, mais timidement, sa place à la pâle noirceur des nuages. Ces derniers semblent annoncer une forte averse de pluie. Partout à Port-au-Prince, les rues semblent tout d’un coup grouiller de monde. Certains accélèrent leurs pas, les marchands de friperie plient bagage, les conducteurs sont comme atteints de folie, ceux qui sont à moto mesurent l’intensité des gouttelettes de pluie qui commencent à frôler leur peau, et d’autres sont à l’affût d’un abri provisoire, pour se protéger de cette pluie qui n’épargnera personne. Tout ce remue-ménage se résume à une seule phrase: « L’eau est là ».

Que ce soit dans les environs de la Plaine du Cul-de-Sac ou dans l’aire métropolitaine, les signes annonciateurs de pluie effraient les gens. Si les habitants des villes de province accueillent chaleureusement les averses bienfaisantes pour leur récolte, ici à Port-au-Prince, les riverains peinent encore à accepter ce phénomène qui parfois peut mener à leur perte. En effet, une pluie peu intense entraîne souvent des pertes matérielles, voire des pertes en vies humaines. Le problème ? L’eau montant à flot et qui semble vouloir tout emporter sur son passage.

Mirline, qui a dû se mettre à l’abri pour ne pas être trempée, raconte qu’elle ne sait pas à quel saint se vouer, car elle habite Clercine; lieu où elle doit parvenir par le truchement de « Kafou Rita ». « Si dlo kafou Rita sa bare m la, m pa konn kijan m pral antre lakay mwen », raconte-t-elle. Mirline qui squatte les environs du « BIM » affirme avoir été emportée une fois par les torrents de « Kafou Rita ».

À en croire certains, il est plus prudent pour les piétons de se mettre à l’abri. C’est aussi plus facile que pour ceux qui sont en voiture ou à moto. « Lòt jou g on lapli ki bare m dèlma 31 sou yon moto, se premye fwa m wè modèl lapli sa. Machin kole, machin prale, se paske chofè m nan te yon bon chofè ki fè nou pa ale », raconte James qui revenait de son boulot.

D’autres pointent du doigt les municipalités. S’il est vrai que l’eau de pluie cause à elle-seule des dégâts, les principaux maires ne rendent pas non plus la vie facile à la population. Le mauvais état de nos routes, le manque d’entretien de nos canaux, et le trop plein des caniveaux, sont des problèmes dont les maires ne se soucient guère. Un employé d’un des centres commerciaux de Clercine a affirmé que rentrer chez lui ne serait pas une galère si la mairesse Nice Simon s’était engagée à faire des infrastructures de la zone l’une de ses priorités. « Nou pa gen majistra; lè lapli tonbe se marèl n ap jwe isi a. Moun ki rete laplèn pa gen wout », déclare ce dernier.

Port-au-Prince pleure sous la pluie. Carcasses de voiture, tas d’immondices, déchets occasionnels restés en souffrance depuis un bail dans les recoins des maisons, et la régurgitation de nos caniveaux ne font qu’un avec l’eau de pluie. On pourrait prendre comme acquis l’adage selon lequel « après la pluie vient le beau temps », cependant… « lapli a lave lè a »…

Darline Honoré

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