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Haïti : Le Conseil Électoral Provisoire face à de nombreux défis

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Alors qu’Haïti tente d’organiser ses premières élections depuis 2016, le processus électoral est toujours menacé par des obstacles majeurs. La formation incomplète du Conseil Électoral Provisoire (CEP), la montée en puissance des gangs armés et les dysfonctionnements logistiques mettent en péril la crédibilité et la tenue de ce scrutin crucial.

Le Conseil Électoral Provisoire (CEP) peine actuellement à surmonter des défis multiples qui pourraient compromettre l’intégrité des prochaines élections. En ce 27 septembre 2024, seulement sept des neuf membres nécessaires ont été désignés, soulevant des préoccupations quant à la transparence et l’impartialité de cette institution clé. Le Conseil Présidentiel de Transition (CPT), responsable de ces nominations, fait face à des critiques acerbes. Les observateurs pointent des choix perçus comme partisans, alimentant la méfiance populaire et fragilisant davantage un processus déjà marqué par une forte polarisation politique.

Dans ce climat de suspicion, un autre obstacle majeur reste l’insécurité généralisée. Des gangs armés contrôlent environ 80 % de Port-au-Prince, rendant la vie quotidienne des citoyens difficile, voire dangereuse. Ces groupes étendent également leur influence dans les zones rurales, paralysant ainsi les efforts du CEP pour garantir des élections crédibles. La menace constante qu’ils représentent ne se limite pas à la sécurité des électeurs mais affecte également la capacité du personnel électoral à opérer dans les zones sous leur contrôle. À chaque tentative de redéploiement ou de réouverture des bureaux de vote, les risques d’attaques et d’intimidations augmentent.

L’absence d’une réponse efficace aux activités des gangs inquiète non seulement le CEP, mais aussi la communauté internationale. Les forces haïtiennes de l’ordre appuyées par la Mission Multinationale d’Appui à la Sécurité (MMAS), peinent à rétablir l’ordre dans les zones critiques, tandis que la population déplacée à cause des violences demeure dans des conditions précaires. Ces milliers de personnes, dépossédées de leurs biens et de leurs papiers d’identité, se retrouvent dans l’incapacité de participer au processus électoral. La lenteur des démarches pour obtenir une nouvelle carte d’identité exclut potentiellement une grande partie de la population du scrutin, mettant à mal la légitimité des futures élections.

De surcroît, les difficultés logistiques s’accumulent. Le CEP doit garantir la disponibilité de matériels électoraux tels que les urnes, les bulletins et les machines à voter dans des délais restreints. Cependant, l’instabilité généralisée complique cette tâche. Dans certaines régions, il est devenu presque impossible de transporter en toute sécurité les équipements nécessaires, ce qui pourrait entraîner des retards importants. Le bon déroulement des élections reste suspendu à la capacité du CEP à résoudre ces enjeux, mais les ressources disponibles semblent insuffisantes pour répondre aux besoins.

Une autre question pressante concerne la diaspora haïtienne, particulièrement active dans les questions politiques du pays. À ce sujet, l’Observatoire International pour la Démocratie et la Gouvernance (OIDG) a récemment souligné la nécessité de réformer le système électoral afin de garantir à tous les citoyens haïtiens, y compris ceux vivant à l’étranger, le droit de vote. Il a proposé l’établissement de centres de vote au sein des missions diplomatiques haïtiennes, une solution qui permettrait d’inclure la diaspora dans le processus et d’accroître la participation électorale globale.

L’incertitude quant à l’issue de ce processus électoral a alimenté le scepticisme de la population haïtienne. Pour beaucoup, l’idée même de pouvoir exercer leur droit de vote semble de plus en plus compromise. Le CEP se retrouve donc à devoir rassurer une population qui, jour après jour, perd confiance en la capacité de ses dirigeants à garantir des élections libres, transparentes et sécurisées.

Malgré ces défis, les élections restent une étape cruciale pour le retour à la normalité politique en Haïti. Toutefois, pour que cette échéance soit respectée, il est impératif que des actions concrètes soient prises pour renforcer la sécurité, rétablir la confiance dans le processus électoral et garantir la participation de tous les citoyens.

Hector Marcoslev

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