En Haïti, la violence a atteint son paroxysme. Le nombre de déplacés internes dépasse un million, selon les chiffres officiellement communiqués par l’OIM. Les gangs armés, rassurés dans leur démarche, progressent de quartiers en quartiers sans craindre la moindre contre-attaque. Ces dernières semaines, d’autres zones supplémentaires s’ajoutent à la liste des victimes. Le groupe armé « viv ansanm » plane sur le pays comme un sombre nuage.
Les cris de détresse sont de plus en plus retentissants. Le nombre de morts liés à ces barbaries avoisine les 6000 selon l’ONU. Haïti est au bord du gouffre malgré la présence sur le terrain des membres de la mission multinationale en renfort aux forces de l’ordre nationales. Les lignes n’ont toujours pas bougé. Les gangs sont devenus plus puissants, forçant la population à courir dans toutes les directions.
Du côté du gouvernement, aucune action concrète n’a été réalisée. Les dirigeants assistent calmement à la descente aux enfers du pays. Ils prennent leur temps. Dans leur coin quasi protégé, ils nomment et révoquent. Ils se rendent la tâche de diriger facile comme de l’eau à boire. Les conseillers se succèdent à la coordination du CPT tranquillement. Ils se mettent en sécurité loin du palais national. Là où ils peuvent entendre les bruits des rafales assourdissantes des armes de grand calibre des civils armés. Ils les évitent et, c’est l’idéal.
La situation actuelle du pays est comme un gala pour les politiciens. Ils ont trouvé une formule pour se partager les ressources du pays. Ceux qui se sont toujours vu au pouvoir en contournant la voie démocratique sont en liesse. La transition ne leur dérange même pas au point de se conforter de remplacer un gouvernement de transition par un autre.
Aucune stratégie, trois ans durant, n’a été mise en branle pour libérer les grands axes routiers conduisant vers le nord et le sud du pays. Le raccourci aménagé reliant la commune de Kenscoff au sud a été récemment attaqué. La population est prise en embuscade à Port-au-Prince tandis que les gangs essaient de progresser vers le sud en menaçant sérieusement la ville de Léogâne et ses environs.
Comment sommes-nous arrivés à ce point où des hommes d’État ne font plus cas de ce qu’ils ont comme mission sacro-sainte ? Comment sommes-nous devenus si insouciants ? Comment, en si peu de temps, on est devenu si passif et fainéant ? Où sont passés ceux qui parlaient très forts ? Qui appelaient à la mobilisation. À la résistance ? Comment ont-ils pu larguer si lâchement la population ? L’indifférence est quasi-totale en Haïti. Ce, dans tous les secteurs. Personne ne voit d’où viendra cette étincelle qui allumera la conscience. Mais tout n’est pas perdu.
Daniel SÉVÈRE
Danielsevere1984@gmail.com