Deux cents ans d’histoire sont déjà écoulés. Deux décennies depuis qu’on cumule les crises à récurrence. On a eu peu de périodes de stabilité. En essence, toutes les crises se ressemblent. Les motifs sont courants. Il n’y a que les acteurs qui changent.
La politique de la corde raide telle que nous la vivons aujourd’hui n’est pas nouvelle. L’histoire d’Haïti regorge d’événements qui ont, à la base, la logique du « ôte-toi de là pour que je m’y mette ». Deux cent vingt et un ans après, personne n’arrive à faire le dépassement nécessaire. Celui de comprendre que nous sommes les feuilles d’un même arbre.
Cette politique d’exclusion a atteint son apogée en 2025. Plus que jamais, une nouvelle classe de citoyens s’impose. Car, cette crise, peut-être la plus coriace de notre histoire de peuple, est un bon prétexte pour nous remettre en question et rebattre les cartes. Pour aussi comprendre que le puzzle sans ces pièces ne vaut rien, ni les pièces de façon isolée.
Il n’y a pas matière à tresser des lauriers aux gouvernants. Encore moins aux élites du pays. Il n’y a aucun honneur non plus à se réjouir de l’échec de l’autre. Des sanctions posées ou autres. Quoi qu’il en soit, l’important, c’est de recoudre le tissu social en lambeaux. C’est de repartir sur la base de « l’union fait la force ».
Les affronts nous affectent tous directement ou indirectement. Le déshonneur nous couvre de honte un peu partout. Haïti est coupé du reste du monde. Ceux qui ont fui le pays ne sont pas les mieux traités. Ils charrient l’image du pays. Ils sont vus d’abord comme un citoyen haïtien avant toute chose. On reconnaît l’arbre par ses feuilles et ses fruits.
Qu’on soit loup ou agneau. Qu’on soit ange ou démon. Sachez qu’on est tous une pièce du puzzle. Que les différends ne doivent pas prendre le dessus sur la fraternité qui nous lie. Le moment des jugements est révolu. Optons pour le dialogue franc. Pour cela, il faut commencer à se voir comme citoyen du pays, mais pas comme un oiseau voyageur.
Daniel Sévère
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