Ce 21 juin 2025 vient de marquer un an depuis le retour de Normil Rameau à la tête de la Police Nationale d’Haïti (PNH). Pour l’Ordre des Défenseurs des Droits Humains (ORDEDH), le bilan de M. Normil est bien pire que lors de son premier passage à la tête de la PNH. L’organisme dénonce, par ailleurs, la détérioration alarmante de la situation sécuritaire, qui se traduit par une expansion sans précédent du contrôle des gangs armés et un nombre effrayant de déplacés internes.
Lors de son retour à la tête de la PNH, Normil Rameau avait déclaré haut et fort pendant son discours de circonstance en date du 21 juin 2024, vouloir mettre hors d’état de nuire celles et ceux qui sèment la terreur en Haïti. Là-dessus, il était catégorique. « Il s’agit de redonner le plus précieux espoir à toute une population, celui de recommencer à vivre en toute tranquillité et que le pays puisse redevenir, partout, dans ses moindres recoins, un territoire vivable. La force de la loi réduira en silence l’arrogance et la terreur des gangs armés et criminels. Ils seront neutralisés et démantelés », avait rassuré le numéro un (1) de la PNH ce jour-là.
Or, un an après, le bilan de M. Normil au sein de la PNH fait déjà l’objet de critiques. Sous sa direction, « non seulement aucun gain significatif n’a été réalisé, mais des territoires autrefois sécurisés, même sous son prédécesseur Frantz Elbé, ont été abandonnés aux mains des groupes criminels », constate l’Ordre des Défenseurs des Droits Humains (ORDEDH) dans une note publiée le 21 juin. Selon l’organisme, plus d’un million d’Haïtiens sont désormais des déplacés internes, contraints de fuir leurs foyers face à la violence et à l’impunité. Ce phénomène, écrit-il, « c’est une tragédie humaine d’une ampleur inédite » qui s’est produit en raison de la dégradation du climat sécuritaire ces derniers mois.
Malgré l’acquisition d’équipements, M. Normil n’a pas été en mesure d’inverser la tendance, a fait remarquer l’ORDEDH en soulignant que cet échec cuisant est aussi celui du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), qui semble incapable d’exiger des comptes et de prendre les mesures nécessaires pour protéger la population. L’incapacité de la PNH à rétablir l’ordre est une source d’angoisse quotidienne pour des millions d’Haïtiens, inquiète l’organisme. C’est pourquoi, l’ORDEDH plaide pour « la démission immédiate de Normil Rameau ». « Son incapacité manifeste, dit-il, à résoudre la crise sécuritaire, malgré les ressources mises à sa disposition, est inacceptable. Haïti mérite une direction capable de protéger ses citoyens, de démanteler les gangs et de permettre aux déplacés de retrouver leurs foyers en toute sécurité. Il est temps d’agir pour l’avenir de notre nation».
Négocier ou ne pas négocier avec les gangs
Pour le coordonnateur du Conseil Présidentiel de Transition (CPT) Fritz Alphonse Jean, le dialogue avec les groupes armés n’est pas une option envisageable dans la lutte contre l’insécurité. « Ceux qui évoquent l’idée d’un dialogue devraient, avant tout, s’adresser aux victimes », déclare-t-il lors d’une entrevue accordée à un panel de journalistes, le 20 juin 2025, à la Villa d’accueil.
Au sein du CPT, au regard des femmes victimes de viols, des enfants maltraités, des personnes ayant perdu leurs biens, des entreprises détruites, nous pensons que tous ceux qui parlent de dialogue avec les gangs devraient d’abord demander aux victimes ce qu’elles en pensent, déclare Fritz Alphonse Jean, tout en dénonçant par ailleurs l’hypocrisie de certains secteurs, qu’il considère comme coresponsables de l’effondrement de l’État.
« Ceux qui appellent aujourd’hui au dialogue sont les mêmes qui ont détruit l’État et mis des armes entre les mains des bandits. Et maintenant, ce sont encore eux qui réclament un dialogue avec ces bandits », a-t-il rappelé en mettant à l’écart les organismes de défense des droits humains.
Jackson Junior Rinvil