L’île de la Gonâve est en train d’être asphyxiée par les bandes armées, qui se livrent au piratage des bateaux. Cette situation menace, d’une part, le transport maritime et, d’autre part, plonge l’île dans une pénurie d’eau et de denrées alimentaires. Un appel a été lancé à l’État central afin d’intervenir en urgence pour éviter le pire.
Alors que le chef du gouvernement Alix Didier Fils-Aimé réitère toujours ses promesses pour le rétablissement de l’ordre et de la paix dans le pays, les gangs armés, eux, de leur côté, poursuivent tranquillement leurs conquêtes territoriales. Ces derniers jours, ils s’adonnent même à des actes de piratage, comme c’est le cas pour l’arrondissement de la Gonâve. Selon Ednel Désir, le vice-délégué de l’arrondissement de la Gonâve, les bandits armés de Mariani et ceux de Gressier empêchent les bateaux de circuler. « Ils accostent les bateaux remplis de marchandises et emportent tout sur leur passage. S’ils trouvent des femmes à bord, ils les violent », déplore le vice-délégué.
« Les bandits de Gressier et de Mariani empêchent les bateaux de circuler. Ils les pillent et violent les femmes qui y sont à bord », dénonce M. Désir lors d’une interview accordée à la Radio Caraïbes le 3 juillet 2025. Il demande aux autorités d’intervenir en urgence afin d’éradiquer ce phénomène de banditisme qui menace le transport maritime. « Nous avons demandé à la marine et aux garde-côtes de renforcer leurs patrouilles dans les eaux territoriales haïtiennes, mais ils n’ont pas encore répondu », explique-t-il.
Les bandits pirates de la coalition criminelle « Viv Ansanm » s’installent dans le port de « Sayira » pour avoir le contrôle de tous les bateaux qui arrivent dans les eaux territoriales haïtiennes, a indiqué M. Désir.
Les individus armés ne se contentent pas seulement de commettre leurs exactions dans les eaux territoriales haïtiennes, ils s’installent également dans certaines localités de la Gonâve. À en croire le vice-délégué Ednel Désir, cela s’est produit parce qu’il n’y a pas une présence policière suffisante pour pouvoir contrecarrer les actions des bandes armées. « Les caïds ont envahi une petite localité dénommée « ti gonav », ils ont tué une personne avant de repartir avec son cadavre », explique-t-il, tout en soulignant qu’il y a déjà eu plusieurs cas d’enlèvement à la Gonâve.
M. Désir a aussi alerté les autorités sur une crise alimentaire que la population de la Gonâve est en train de faire face. « Il n’y a pas de nourriture. Il y a une pénurie d’eau. Les gens ne peuvent pas voyager, dit-il, alors que la survie de l’île dépend entièrement de ses connexions avec la grande terre ». Le vice-délégué affirme qu’il a déjà contacté le Fonds d’Assistance Economique et Social (FAES) pour aider la population à résoudre ce problème de pénurie en denrées alimentaires.
Les bandits armés entendent étendre leurs tentacules : le cas de Lascahobas
À Lascahobas, les groupes de gangs 400 mawozo-Taliban veulent étendre leurs tentacules dans le département du Centre. Après Saut-d’Eau, Mirebalais, la coalition criminelle 400 mawozo-Taliban continue de poursuivre son offensive en toute impunité en s’attaquant à la ville de Lascahobas le jeudi 3 juillet. À cause de ces attaques, le dernier jour des épreuves officielles de la 9ᵉ année fondamentale a été interrompu à Lascahobas. Les élèves et les surveillants ont fui la salle des examens pour échapper à la terreur des gangs armés. Certaines familles de leurs côtés ont fui leurs domiciles pour se mettre à l’abri. Les caïds ont incendié un véhicule de la PNH et ont assassiné un policier au cours de ces attaques, selon les images qui circulent sur les réseaux sociaux.
L’ONU craint le pire
« Sans une action accrue de la communauté internationale, l’effondrement total de la présence de l’État dans la capitale pourrait devenir un scénario bien réel », déclare le Sous-secrétaire général pour l’Europe, l’Asie centrale et les Amériques, Miroslav Jenča devant le Conseil de Sécurité de l’ONU à New York, aux États-Unis, le 2 juillet 2025.
Si Port-au-Prince demeure l’épicentre de la violence des gangs, des attaques majeures dans les départements de l’Artibonite et du Centre, notamment à Mirebalais, démontrent la capacité et la volonté croissantes des gangs d’étendre leur influence aux départements du Nord, alerte le sous-secrétaire général de l’ONU qui demande à la communauté internationale « d’agir » maintenant pour résoudre la crise haïtienne. « Les options qui s’offrent à nous seront considérablement moins coûteuses et complexes que celles qui pourraient résulter d’un effondrement total de la présence de l’État. Il n’y a pas une minute à perdre», a-t-il déclaré.
La Rédaction