Depuis le début de l’année, des gangs armés contrôlent une partie de la commune de Kenscoff, forçant les habitants à fuir pour sauver leur vie. C’est dans ce contexte alarmant que l’organisation de défense des droits humains KRIFA (KRI FANM AYITI) a exprimé ses vives préoccupations après l’événement malheureux du 4 août 2025. L’organisation, qui œuvre pour les droits des femmes et des filles en Haïti, condamne fermement l’enlèvement de neuf personnes survenu à l’orphelinat Sainte-Hélène de Kenscof.
Cet enlèvement concerne notamment un enfant de trois ans, une infirmière et plusieurs membres du personnel de l’orphelinat. Fondé en 1988, l’établissement accueille environ 270 enfants, dont une cinquantaine en situation de handicap. KRIFA qualifie cet acte d’inacceptable et de violation grave des droits humains fondamentaux, surtout ceux des enfants, exposant les plus vulnérables à la peur, au danger et à un traumatisme durable.
Pour la structure de défense des droits humains, cet enlèvement est un nouveau symptôme de l’effondrement sécuritaire que traverse Haïti. L’inaction des autorités face aux violences armées met quotidiennement des vies en péril. L’organisation tient l’État haïtien pour responsable de garantir la sécurité de tous les habitants, en particulier celle des enfants.Face à cette situation critique, KRIFA exige des mesures immédiates. Elle demande essentiellement que les victimes soient retrouvées et puissent rentrer chez elles en toute sécurité. Elle insiste également sur la nécessité de sécuriser tous les centres d’accueil pour enfants à travers le pays et de lutter efficacement contre l’impunité des groupes armés responsables de ces actes.
KRIFA lance un appel aux organisations internationales et aux partenaires humanitaires pour qu’ils puissent soutenir les structures de protection de l’enfance en Haïti, rappelant que les droits des enfants ne peuvent être suspendus ou ignorés, même en période de crise et que leur droit à la sécurité, à la protection et à la dignité est un droit inaliénable. En ce sens, elle demande des réponses fortes, urgentes et à la hauteur de la gravité de la situation.À rappeler que le 7 août dernier, la commune a de nouveau été la cible d’une attaque de gangs. Pendant les affrontements, plusieurs assaillants ont été grièvement blessés, trois agents de la mission multinationale d’appui à la sécurité (MSS) ont été légèrement blessés.
Deux blindés de la MSS ont été incendiés par les bandits.Dans une note publiée le même jour, la MSS a annoncé que la police avait pris le contrôle de la situation à Kenscoff. Une forte présence policière, assurée par la MSS et la Police Nationale d’Haïti (PNH), est maintenue sur place. « Les forces de l’ordre ont rapidement répondu aux appels de détresse des habitants, ont tenu courageusement leurs positions et ont infligé de lourdes pertes aux assaillants. Des opérations ciblées sont toujours en cours pour empêcher toute déstabilisation et arrêter les chefs de gangs », a rassuré Jack Ombaka, porte-parole de la MSS.
Marie -Alla Clerville