Une onde de choc traverse le pays après la mort tragique de Wanderson Zamy, 19 ans, tué par balle le 18 août 2025 devant les locaux du Ministère de l’Éducation Nationale et de la Formation Professionnelle (MENFP) à Delmas 83. Ce drame, survenu en marge d’une manifestation d’enseignants stagiaires, ravive les débats sur l’usage des armes à feu par les forces de sécurité dans un contexte de crise aiguë.
Ancien élève du Collège Canado-Haïtien et récemment diplômé de la 56ᵉ promotion (2024-2025), Wanderson Zamy, un jeune talent fauché trop tôt, surnommé « WZ12 » sur TikTok, était passionné de basketball et s’était déjà fait remarquer sur les réseaux sociaux grâce à ses vidéos humoristiques. Le jour du drame, il traversait la zone de Delmas 83 à l’arrière d’une motocyclette lorsque des tirs ont éclaté. Selon plusieurs témoignages, un agent de sécurité du Ministère de l’Éducation Nationale et de la Formation Professionnelle (MENFP) aurait ouvert le feu pour disperser la foule. Une balle, décrite comme « perdue », a atteint Wanderson à l’abdomen, le tuant avant son arrivée à l’hôpital.
Une indignation générale
La nouvelle a suscité une vague d’émotion et de colère à travers le pays. La Fédération Haïtienne de basket-ball a exprimé sa douleur : « Nous présentons nos sincères condoléances à sa famille, ses coéquipiers, ses amis et à toute la communauté du basket-ball. » Que justice soit rendue. Repose en paix, Zamy », a écrit la fédération sur son compte Facebook. Le 21 août, des centaines de jeunes ont organisé une marche pacifique à Delmas 83 en hommage à Wanderson, bougies à la main, photo de la victime brandie et slogans appelant à la justice.
Par ailleurs, le MENFP a publié une note le 22 août 2025 pour informer le public concernant les mesures prises : « Le Ministère de l’Éducation Nationale et de la Formation Professionnelle annonce, […], avoir pris des mesures conservatoires à l’encontre de l’ensemble des agents de sécurité qui étaient en poste au moment de l’incident ayant coûté la vie au jeune ZamyWanderson ». Le ministre Augustin Antoine, qui avait rendu visite à la famille de Wanderson, a promis de collaborer avec la justice afin de faire la lumière sur l’incident.
La présidence d’Haïti, en l’occurrence le président du Conseil Présidentiel de Transition, Laurent Saint-Cyr, a également adressé une note de sympathie : « Le président SAINT-CYR partage avec gravité la douleur de ce départ brutal qui arrache à sa famille un fils chéri et à la Nation un jeune plein de promesses », peut-on lire dans la note du coordonnateur du CPT.
La mort de Wanderson s’ajoute à une longue liste de victimes de la violence armée en Haïti. En 2024, plus de 5 600 personnes ont été tuées, selon l’ONU. Ce nouvel épisode met en évidence les inquiétudes liées à l’usage de la force par des agents de l’ordre et à l’absence de réformes dans les dispositifs de sécurité publique.
La mort de Wanderson vient allonger la liste des victimes tombées sous les balles des agents appelés à protéger, une liste dans laquelle se retrouve le jeune étudiant de l’École Normale Supérieure (ENS), Grégory Saint-Hilaire, assassiné dans la cour de la faculté en 2020 par des agents de l’Unité de Sécurité Générale du Palais National (USGPN) alors que lui et d’autres camarades revendiquaient leur nomination. Aujourd’hui, le constat est sans appel : les gangs tuent, la police tue, les agents de sécurité tuent. Quand la justice arrivera-t-elle à se prononcer?
Marie-Alla Clerville