14 septembre 2025

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Comment l’Administration Générale des Douanes peut-elle contribuer dans la lutte contre l’insécurité en Haïti ?

C’est une illusion de croire que la planification d’opérations de police suffira à résoudre le problème de l’insécurité en Haïti depuis plus de cinq ans. Le problème est beaucoup plus complexe qu’il n’y paraît. En effet, selon l’économiste Etzer Émile, les douanes – contrairement aux opérations policières – doivent être l’une des premières options dans la lutte contre le banditisme en Haïti.

« Le rôle des douanes dans le contrôle des armes entrant dans le pays est crucial, car elles constituent la première barrière empêchant la circulation illégale des armes », a déclaré le professeur Etzer Émile le 7 septembre 2025 dans son émission intitulée Éducation économique, diffusée sur les réseaux sociaux.

L’une des premières mesures que les autorités pourraient prendre pour neutraliser les gangs armés en Haïti consisterait à couper leurs sources d’approvisionnement en armes et en munitions. L’Administration Générale des Douanes (AGD) est, à cet égard, l’une des institutions de l’État capable d’apporter une contribution significative. Dans cette perspective, le professeur Étzer Émile estime que « les douanes doivent jouer un rôle efficace dans la mise en place de contrôles adéquats aux points d’entrée du pays, à savoir les ports, les frontières et les aéroports ».

Pour être réellement efficaces, les douanes doivent disposer d’une surveillance appropriée, de scanners modernes et de détecteurs de métaux pour détecter les armes et les munitions dissimulées dans les véhicules, les sacs ou les marchandises, pense l’économiste Émile. C’est pourquoi, affirme-t-il, que la lutte contre l’insécurité ne commence pas par les opérations de police, mais par un renforcement du contrôle douanier.

Pour rétablir véritablement l’ordre et la paix en Haïti, il faut emprisonner les agents douaniers qui laissent passer, sans aucune vérification, des marchandises ou des colis pouvant compromettre la sécurité publique, déclare l’économiste. « Avoir un contrôle sur les frontières, les ports et les aéroports du pays, c’est la responsabilité de l’État », affirme M. Émile tout en appelant les autorités à acheter des équipements, à augmenter le nombre de personnels au sein de la douane afin de contrôler efficacement les frontières et les ports du pays, et ainsi stopper le trafic illégal d’armes à feu sur le territoire national. « En procédant ainsi, les gangs seront paniqués », indique-t-il.

Les points frontaliers entre Haïti et la République dominicaine : un problème à résoudre coûte que coûte

Il existe quatre points de contrôle majeurs entre Haïti et la République dominicaine. « Le premier se trouve à Ouanaminthe, en face de Dajabón (République dominicaine), le deuxième à Malpasse en face de Jimaní, le troisième à Belladère en face d’Élías Piñas (Comendador), et le dernier à Anse-à-Pitres, en face de Pedernales », explique Étzer Émile. Il révèle qu’à l’exception du point de contrôle qui se trouve à Ouanaminthe, les trois autres sont sous l’emprise des gangs armés. Or, ces points de passage sont cruciaux pour les échanges commerciaux et la libre circulation des personnes entre les deux pays, malgré le contraste socio‑économique significatif et les tensions fréquentes qui marquent la frontière.

Retour sur la dernière décision prise par l’AGD

La Direction générale de l’AGD a informé de la suspension des importations terrestres en provenance de la République dominicaine à partir du 7 avril 2025.

Les bureaux de douane à la frontière haïtiano-dominicaine — Ouanaminthe/Dajabón dans le Nord-Est, Belladère/Comendador dans le Plateau Central, Anse-à-Pitres/Pedernales dans le Sud‑Est, Malpasse/Malpaso‑Jimani dans l’Ouest — ne sont plus autorisés à recevoir les marchandises étrangères transitant via la République dominicaine, jusqu’à nouvel ordre, selon une décision de l’AGD sur instructions du Ministère de l’Économie et des Finances, en application du décret du 21 mars 2023 portant Code des Douanes.

« Toutes les marchandises en provenance de l’étranger et transitant par la République dominicaine doivent désormais arriver en Haïti par voie maritime pour être traitées par les bureaux de douane compétents », exige l’AGD.

L’AGD a également ordonné aux responsables des bureaux de douane frontaliers de saisir toute marchandise franchissant la frontière en violation des dispositions du présent avis.  À présent, il convient de se demander qui est chargé de procéder aux fouilles des produits entrant et sortant du pays par les points frontaliers existant entre Haïti et la République dominicaine, si les autorités de l’État brillent par leur absence ? 

Quel est le rôle de la douane ?

« Le rôle de la douane est triple : fiscale (collecter les taxes et droits de douane), économique (protéger l’économie nationale, faciliter les échanges) et sécuritaire (lutter contre les trafics illicites, protéger les frontières et le patrimoine). Les douaniers vérifient les marchandises et les personnes aux frontières, s’assurant du respect des réglementations, de la sécurité des consommateurs et de la protection de l’environnement et du patrimoine culturel ».

Jackson Junior RINVIL

rjacksonjunior@yahoo.fr

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