La rentrée académique 2025-2026 sera effective dans 72 heures en Haïti. Une nouvelle année scolaire lancée sur fond de crise et de turbulence de toute sorte, marquée par une extension des attaques armées, notamment dans l’Artibonite et le Nord-Ouest du pays.
À l’instar des années précédentes, la réouverture des classes se fera sans une grande mobilisation des acteurs. Comme d’habitude, il suffit seulement de communiquer la date et que les membres de la chaîne se conforment. En termes de mesures sécuritaires (le plus grand défi actuel), aucune décision concrète n’est visible. Le ministère comme les autres éléments du système sont dans l’expectative.
Comme l’avait déclaré le prédécesseur du ministre Antoine Augustin: « L’école ne peut pas attendre ». C’est vrai. Mais quelles sont les conditions d’apprentissage dans un contexte où les écoles, qui existent encore, peinent à fonctionner dans la majorité des quartiers de la capitale et de ses environs ? Quelle stratégie envisagée pour espérer boucler l’année académique correctement ? Que prévoit-on pour protéger les écoles et les élèves des zones qui ne sont pas encore affectées ? Qu’est-ce qu’on fait pour corriger les mauvais résultats à la fin de l’année ?
L’école ne doit plus être un élément de pression politique ni un simple slogan pour occuper le pouvoir. Les réformes sont nécessaires, mais ce sont des décisions pour renforcer le système qui sont primordiales. En attendant l’application des nouvelles directives, la machine doit constamment rester en marche. Car le droit à l’éducation est un bien public. Pourquoi faut-il nous commettre régulièrement les mêmes fautes ? Pourquoi aller à l’école s’est-il devenu une réalité hypothétique en Haïti ?
Si pour certains, on frôle la catastrophe, la situation est bien plus complexe que ça. Puisque, nous sommes en train de former nos citoyens au rabais. De les dire qu’ils peuvent aller à l’école et que, si toutes les planètes s’alignent, ils peuvent avoir une chance de boucler l’année, indépendamment du nombre de jours de classe qui seront possibles. Hormis l’insécurité grandissante qui a toujours pendu comme une épée de Damoclès sur la tête la nation, et qui, aujourd’hui, est davantage plus menaçant, il y a l’indifférence du MENFP à l’égard de l’insouciance des responsables d’écoles dont les institutions privées qui font voire les parents de toutes les couleurs.
Malheureusement, on va recommencer le même cycle qui épuise tout le monde. D’un côté, des écoles qui ruinent les parents et de l’autre, une insécurité qui ne garantit rien. La formation, depuis bien des années, se fait reléguer au second plan au profit de la volonté de s’enrichir des dirigeants d’école et de la politisation du système par des opportunistes incompétents et mesquins.
À quoi devons-nous nous attendre cette année quand les premiers indicateurs montrent que nous allons remettre la même copie que l’année dernière ? Sachons que les mêmes causes produisent toujours les mêmes effets. Le système est à repenser, car les réformes ne doivent pas seulement concerner les matières, mais tout le système y compris la protection des parents qui se font dépouiller en étant forcé de payer pour des accessoires non nécessaires comme des rubans, des écussons, des chaussettes, des activités extra-scolaires sans fondement, etc.
Daniel Sévère