L’Unité de Lutte Contre la Corruption (ULCC) poursuit sa noble mission consistant à combattre la corruption au sein de l’administration publique. L’institution dirigée par Me Hans Jacques Ludwig Joseph a remis, le 26 septembre 2025, sept rapports d’enquête à la justice haïtienne. Ces documents, qui mettent en cause des ministres et de hauts fonctionnaires de l’État, portent à 63 le nombre total de rapports produits par l’administration Joseph à ce jour.
La corruption au sein de l’administration publique ne date pas d’hier. Elle s’est manifestée tout au long de l’histoire d’Haïti, depuis la formation de l’État jusqu’aux régimes contemporains. Devenue un véritable fléau, elle a marqué la vie sociale et politique du pays et constitue dans l’Haïti d’aujourd’hui un cancer pour le développement du pays.
Lors de son intervention dans les locaux de l’ULCC, Me Hans Jacques Ludwig Joseph a rappelé que « la corruption est l’un des maux auxquels fait face le pays. Elle est la cause sous-jacente du malheur national, la principale cause de notre descente aux enfers », a-t-il affirmé. Le directeur général de l’ULCC a également réaffirmé la détermination de son institution à aller jusqu’au bout, malgré les menaces, les pressions et les tentatives de diversion dont elle est la cible.
« Je souhaite que cela devienne clair dans l’esprit de chaque Haïtien. Aucune distraction ne marchera. Aucune diversion ne détournera l’ULCC de sa mission. Mon plan est de nettoyer l’État de ses mauvaises graines. C’est la mission que la loi nous a confiée », a-t-il martelé, tout en précisant que le travail se fera « sans parti pris, sans mauvaise influence, dans le chemin de la vérité ». Et de conclure en alléguant que l’ULCC, tout comme son directeur général, est « majeure et vaccinée ».
Coup d’œil sur certains dossiers remis à la justice
L’ULCC a présenté à la presse un résumé de ces enquêtes, qui concernent divers secteurs de l’administration publique. Selon Me Joseph, trois rapports visent des responsables du Nord-Est, dont l’ancien maire de Ouanaminthe. Un autre met en cause l’ancien directeur de la Télévision Nationale d’Haïti (TNH). Trois dossiers supplémentaires ont été transmis aux juridictions de Port-au-Prince et de Saint-Marc.
L’institution a notamment mené une enquête sur la gestion des avantages sociaux attribués aux employés du Service National de Gestion des Résidus Solides (SNGRS) par le biais de cartes de débit, entre 2022 et 2025. Les conclusions soulèvent de sérieuses inquiétudes quant à l’utilisation des fonds publics au sein du SNGRS.
Trois autres rapports concernent des projets réalisés dans la commune de Ouanaminthe : la rénovation de la place publique, la gestion du marché communal et celle du marché frontalier. Ces dossiers mettent en lumière une gestion jugée opaque et potentiellement frauduleuse des ressources allouées.
Par ailleurs, un rapport fait état de fortes suspicions de corruption dans la gestion de Gamall Jules Augustin, ancien directeur général de la TNH. Selon l’ULCC, il aurait falsifié la liste des employés dans le cadre du programme de cartes de débit de la Banque Nationale de Crédit (BNC). La liste envoyée au Ministère de l’Économie et des Finances (MEF) différait de celle transmise à la BNC. Ainsi, des employés apparaissaient avec un montant de 31 000 gourdes sur la liste du MEF, alors que la BNC n’enregistrait que 5 000 gourdes en leur faveur. Ce stratagème aurait permis à M. Augustin de détourner plus de 5 millions de gourdes. L’ex-DG de la TNH se trouve actuellement en garde à vue après son audition par l’ULCC. Son dossier a été transmis au cabinet d’instruction.
Pour finir, un autre rapport porte sur l’utilisation de 10 millions de gourdes décaissées pour le compte du Ministère de la Jeunesse, des Sports et de l’Action civique à l’occasion des commémorations de la bataille de Vertières, le 18 novembre 2024. Selon l’ULCC, ce dossier met directement en cause l’actuelle ministre, Niola Lynn Sarah Dévalis Octavius, pour des irrégularités dans l’usage de ces fonds.
Jackson Junior RINVIL
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