Au moins huit enfants ont été tués et six autres blessés le 20 septembre 2025 lors d’une attaque de drones explosifs dans la commune de Cité Soleil, selon des proches des victimes et des organisations de défense des droits humains, soulignant que l’opération aurait visé un chef de gang présumé. Jusqu’à ce 4 octobre, le gouvernement intérimaire en place n’a point réagi à cet acte, rapporté aussi par l’UNICEF dans un communiqué.
C’est dans le quartier de Simon Pelé de Cité Soleil que les explosions se sont produites. Ce quartier est sous l’emprise de la coalition criminelle dénommée « Viv Ansanm ». Selon le Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH), le chef présumé de gang Albert Steevenson, dit Djouma, célébrait son anniversaire et distribuait des cadeaux à des enfants au moment où les drones piégés d’explosifs ont explosé.
À la suite de ces détonations, le RNDDH a fait état d’au moins treize morts : huit enfants, trois autres civils et quatre membres présumés de gangs. Sept hommes armés auraient également été blessés, selon l’organisme de défense des droits humains.
La réaction de l’UNICEF
Ce drame n’a pas laissé l’UNICEF indifférent. Dans un communiqué publié le 24 septembre 2025, l’organisation s’est dite profondément choquée et préoccupée par la mort de dix enfants en seulement dix jours à Port-au-Prince. Selon les informations disponibles, la représentante de l’UNICEF en Haïti, Geeta Narayan, a révélé qu’au moins six enfants et plusieurs adultes ont été tués rien que samedi soir lors de la frappe de drones dans le quartier de Simon Pelé.
« Parmi les victimes figurait une fillette de quatre ans qui a perdu la vie alors qu’elle jouait devant sa maison. De nombreuses autres personnes, dont des enfants, ont été blessées », a-t-elle déclaré. Elle a également rappelé qu’à peine quelques jours plus tôt, le 11 septembre, quatre enfants avaient été tués lors d’une attaque perpétrée par des groupes armés, alors qu’ils se trouvaient dans leur maison, censée être un lieu sûr et protecteur.
« Depuis trop longtemps, les enfants en Haïti sont pris dans des cycles de violence », déplore l’UNICEF, soulignant que ces incidents ont une fois de plus déchiré des familles et anéanti tout sentiment de sécurité pour des enfants qui devraient simplement pouvoir apprendre, jouer et grandir en paix.
L’organisation rappelle que le droit international affirme sans équivoque que les enfants, ainsi que les services essentiels dont ils dépendent, doivent être protégés. « Aucun effort ne doit être épargné pour prévenir les atteintes et protéger la population civile, en particulier les enfants », a insisté Mme Narayan. Elle appelle à des mesures urgentes pour garantir la protection des enfants et le respect de leurs droits fondamentaux, rappelant que « chaque enfant en Haïti a droit à la sécurité, à la dignité et à la protection ».
Des témoignages bouleversants
La presse internationale s’est également emparée du sujet. Plusieurs habitants ont accepté de témoigner auprès des journalistes de l’Associated Press, selon des informations relayées par Franceinfo.
Claudia Bobrun, 30 ans, a déclaré en montrant une vidéo à la presse : « Voici ma fille », évoquant sa fillette de 8 ans gisant dans une mare de sang. Michelin Florville, 60 ans, a indiqué avoir perdu deux petits-enfants âgés de 3 et 7 ans, ainsi que son fils de 32 ans. « Les gens couraient à droite et à gauche », a-t-il raconté.
Nanouse Mertelia, 37 ans, a expliqué avoir retrouvé son fils avec un bras et une jambe arrachés. « Viens me chercher, viens me chercher, s’il te plaît, maman », lui a-t-il dit avant de succomber à ses blessures.
L’État pointé du doigt
Le RNDDH a accusé la police d’avoir lancé deux drones kamikazes dans le quartier Simon Pelé de Cité Soleil, alors que le chef de gang présumé Albert Steevenson, dit Djouma, s’apprêtait à fêter son anniversaire.
Pour sa part, Romain Le Cour, directeur de l’Observatoire d’Haïti à l’Initiative mondiale contre la criminalité transnationale organisée, a déclaré que cette attaque soulevait « des questions urgentes de responsabilité ».
« Plusieurs jours se sont écoulés depuis l’incident, et les autorités n’ont toujours pas publié de communiqué officiel ni assumé publiquement leur responsabilité. Qui, en fin de compte, assumera la responsabilité de cette attaque : le Premier ministre ? Le Conseil présidentiel de transition ? Les sociétés de sécurité privées ? La direction de la Police Nationale d’Haïti ? », s’est-il indigné.
À en croire M. Le Cour, ces frappes risquent d’alimenter davantage le discours antigouvernemental de la coalition des gangs à un moment critique. « Elles sont également susceptibles d’accroître la méfiance du public envers les institutions de l’État et d’accélérer l’érosion de la légitimité du gouvernement », a-t-il ajouté.
Il importe de souligner que Lionel Lazarre, porte-parole de la Police Nationale d’Haïti, n’a pas encore répondu aux demandes de commentaires sur la question.
La Rédaction