Haïti a commémoré le 17 octobre dernier le 219ᵉ anniversaire de l’assassinat du père fondateur de la nation. Elle a fait mémoire de ce vaillant indigène dans un contexte où nous sommes en train de souiller tous ses accomplissements. Une journée historique commémorée dans les antres du gouvernement, relocalisée circonstanciellement.
C’est en fait la même routine depuis belle lurette. Le dépôt de gerbes de fleurs en mémoire du père de la patrie. Des cérémonies symboliques pour marquer les dates puisque le site de Pont Rouge est inaccessible à l’État. Ce, depuis plusieurs années déjà.
En si peu de temps, ces dates hautement symboliques sont transformées en des jours ordinaires. À cause de la mauvaise gouvernance et de la cupidité des uns et des autres, ces périodes qui charrient des souvenirs historiques de grandes valeurs se sont progressivement réduites à des jours banals. Ils ne sont plus les patrimoines qu’ils l’étaient autrefois.
Le jour de Dessalines est un cas. C’est la même chose pour la date de la bataille de Vertières. C’est le cas pour la fête de l’Indépendance, le jour des Aïeux, le 18 mai, entre autres. Préoccupés par les manœuvres mesquines, nos viles ambitions ont fait déclasser ces dates sans le moindre effort pour en restaurer les valeurs. Cette décadence doit nous interpeller au même titre que d’autres situations, dont la violation systématique des droits humains qui sévit dans le pays.
Nous sommes en train de déchirer notre histoire. Nous sommes en train de condamner nos héros qui ont donné leur vie pour nous. Nous n’osons même pas accorder une trêve pour honorer nos aïeux. Pour saluer leur mémoire. Pour nous, la meilleure manière de leur dire merci c’est par des guerres fratricides à récurrence. Par des concerts de balles, des menaces et des conspirations.
Ces dates historiques fourmillent d’enseignements. Ce sont des patrimoines. Ce ne sont pas des occasions pour se vanter ni pour prononcer des discours creux. Ça devrait être le moment pour s’inspirer de l’empereur et comprendre que les défis actuels ne sont pas plus embarrassants que ceux des siècles passés. Cette déclassification de nos fêtes nationales a trop duré. Il faut tout arrêter.
Daniel Sévère
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