« G9 an fanmi et alliés », une étincelle dans un champ desséché, une leçon politique fracassante

Spontanément les civils armés ont décidé de se serrer les coudes. Malgré leurs différences, ils s’entendent au moins sur une chose : mutualiser leurs forces pour réaliser un projet commun. Peut-être n’est-il pas connu de tous, mais les débuts montrent une certaine cohérence, une certaine cohésion dont même les politiques peuvent s’inspirer. Hier ennemis acharnés, aujourd’hui ils sont en passe de devenir de vrais amis. Sincères ou pas, les premières retombées laissent entrevoir une grande capacité : celle de s’unir derrière un objectif commun. Temporairement, ils ont pacifié les zones de non-droit.

Sans que personne ne s’en aperçoive, ce groupe devient peu à peu une force de pression. Les individualités et leur passé peuvent prêter à équivoque, mais en dehors de ça, ils montrent, qu’en dépit des différences, des ententes sont toujours possibles. Une vertu qui échappe aux leaders politiques haïtiens depuis des lustres. Organisés par le pouvoir ou l’opposition, ou encore par une frange du secteur des affaires, comme le font croire plus d’un, les civils armés sont sur le point de construire une résistance  qui sera à l’avenir probablement indomptable.

Faut-il s’en réjouir ou s’en désoler ? Haïti prend en tout cas une route qui annonce des jours sombres. Désormais un autre acteur est, que l’on veuille ou non, à considérer. La population traumatisée et méfiante aura malheureusement à faire des choix. Choisir de toute évidence parmi les éléments qu’elle redoute le plus. L’opposition l’appelle à la rébellion, le G9 l’invite aussi à la rébellion, le pouvoir veut la voir en face de ses opposants. À qui faire confiance?

La population vit la peur dans le ventre. Elle peine à identifier ses vrais amis. Cette semaine, ce groupe a fait une démonstration de force après avoir  éclipsé le dossier du coronavirus. Depuis les incidents de Pont-Route, le zoom n’est plus braqué sur la pandémie. Certains font croire que le G9 serait à la base du départ étonnant de l’ex-ministre de la justice. Vérité ou mensonge, cette coalition occupe une place importante dans l’opinion. Et c’est déjà beaucoup.

Dans la République, c’est le flou total. On a la sensation de vivre dans un rêve. Comme si l’on  vivait dans un baril de poudre prêt à prendre feu. Une coalition supplémentaire mieux que celle de l’opposition en décembre 2019. Depuis la création de ce groupe, l’harmonie persiste contrairement aux hommes politiques qui persistent dans la division, le mensonge, la traîtrise et les coups bas.

Le pays donne l’apparence d’être livré à lui-même. L’État semble perdre le contrôle de tout. Les grognes augmentent, les frustrations se multiplient, la confiance s’évapore, les nerfs sont à fleur de peau, l’insécurité grandit. Tout donne l’impression qu’on est au bord de la catastrophe.