Face à la Covid-19, les recettes ancestrales haïtiennes : un riche savoir qui contribue à sauver des vies
3 min readDans un rapport intitulé « Les recettes haïtiennes face à la pandémie causée par le SARS-CoV-2 », une commission de l’Université d’État d’Haïti a collectionné et évalué des remèdes traditionnels utilisés en Haïti dans la lutte contre le nouveau coronavirus. Utilisés en prévention ou comme traitement de la maladie, ces recettes ont sauvé pas mal de vies, d’après les spécialistes qui appellent néanmoins la population à la prudence par rapport à certains remèdes.
Cette commission dit avoir inventorié environ 72 recettes traditionnelles, 70 produits différents dans les recettes, avec une soixantaine d’espèces de plantes, 5 produits d’origine animale et 2 d’origine minérale utilisés par les Haïtiens pour prévenir et lutter contre la Covid-19. « Ce riche savoir a sans doute contribué à éviter de nombreuses pertes de vie au sein d’une population déjà affectée par une situation socio-économique catastrophique », confient les spécialistes soutenant que cette victoire remportée sur la pandémie sont liés au fait que la population demeure attachée aux formules médicales traditionnelles.
« Le miel et le gingembre sont les produits les plus utilisés, suivis du citron, de l’aloès (Lalwa), du girofle, de l’ail, de l’oignon, de la cannelle et de l’armoise. D’autres produits utilisés: la muscade, les œufs, le lait, l’eucalyptus, l’asosi, l’orange sure, le persil, le safran, la citronnelle, le basilic, la carotte, le kase sèk, l’absinthe, le ricin, la betterave, la verveine, le moringa, le pois puant », lit-on dans le document.
Préparés en décoction, ou trempés sur alcool, passés au mixeur, en jus, ou en infusion, ces éléments précités sont généralement consommés par voie orale, par inhalation ou utilisés en frictions ou bains, a indiqué le rapport qui précise que le temps d’administration de ces remèdes varie entre 5 à 10 jours en moyenne à raison de 3 fois/jour pour les personnes touchées par la Covid-19 et 1 fois/jour, parfois 2 fois/jour dans le cas de celles qui veulent s’en prémunir.
Toutefois, si la commission reconnait les bienfaits de la majorité des plantes répertoriées, elle souligne le coté dangereux de certaines d’entre elles. En ce sens, l’usage de l’armoise, de l’absinthe et de l’absinthe marron n’est pas sans danger et devrait être évité par voie orale, a-t-elle prévenu.
De plus, le jury a également mis en garde contre l’association de plusieurs plantes au sein d’une même recette. « Certaines recettes comporte un trop grand nombre de plantes ayant cet effet et pourraient provoquer des saignements chez l’utilisateur», a indiqué le jury. « La plupart des recettes ne devraient pas être utilisées par les femmes enceintes ou allaitantes ni par les enfants en bas âge, les hypertendus et les diabétiques », a-t-il ajouté.
La commission enjoint, par ailleurs, la population à être vigilante face à la Covid-19, à appliquer les consignes des autorités sanitaires et à consommer des produits locaux riches en vitamines et minéraux susceptibles de renforcer le système immunitaire.
Le dit jury a été mis en place par le Conseil Exécutif de l’Université d’État d’Haïti le 4 juin 2020. Il est constitué des professeurs suivants : Audalbert Bien-Aimé, Ingénieur-Agronome, spécialiste en nutrition animale; Justin Casimir, Chimiste; Marc-Félix Civil, Docteur en médecine, spécialiste en éthique, Ernst Noel, Virologue et Marilise Rouzier, Biologiste-botaniste.
Marc Andris Saint-Louis