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Le prix à payer pour être DGPNH

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En installant le nouveau chef de la police nationale d’Haïti (PNH), Joseph Jouthe a soutenu un discours qui rend sceptique plus d’un. À bien observer le contexte actuel et les responsabilités qu’il confère au revenant DG, on a l’impression qu’il a lié les deux bras du remplaçant de Normil Rameau et qu’il l’a mis dans une chaudière bouillonnante afin de maîtriser la chaleur qui s’en dégage.

Le PM n’a pas exagéré pourtant. Aux grands maux, les grands remèdes, disait l’autre. La situation sent mauvais en Haïti, il faut un sacrifié pour y faire face. En tant que chef du conseil supérieur de la police nationale (CSPN) et jouissant d’une mauvaise presse par rapport aux proportions prises par le phénomène de l’insécurité, il était évident que le PM devait intervenir et montrer qu’il se sent responsable.

Qu’il soit sincère ou pas, il a dit ce qu’il fallait dire à M. Charles. Pour ce qui concerne les aspects techniques, les choix en reviennent au nouveau nommé qui traîne un lourd passé derrière lui. Un passé qui fait de lui le plus mauvais des candidats pour juguler cette crise qui sévit dans le pays depuis quelque temps. En 2004, alors que la situation était moins chronique qu’aujourd’hui, il avait fait profil bas. Il revient aujourd’hui avec l’objectif de se hisser à la hauteur de sa responsabilité.

Cela ne sous-entend pas qu’il ait échoué d’avance. Au contraire, ce précédent peut lui servir de motivation et d’expérience pour créer de la surprise. En attendant qu’on soit arrivé à ce carrefour, Léon Charles aura à combattre ce qu’il n’a pas combattu en 2004-2005, ce que Normil Rameau n’a pas pu maîtriser et ce que plusieurs autres DG n’auront pas à dompter probablement.

À entendre parler le PM, peu lui importent les accusations portées contre le régime auquel il appartient. Quoi qu’on dise, l’image du laxiste impénitent projeté le gouvernement en place doit être changée. Pour cela, il intime l’ordre au DG de pacifier le pays et de mettre hors d’état de nuire tous les bandits qui étaient au préalable ses interlocuteurs. Aura-t-il assez de courage et de moyens pour réussir ? L’espoir est logiquement mince.

Fougueux peut être, le nouveau DG prend l’engagement de livrer bataille contre un système. Un système minutieusement fabriqué par des individus ou des groupes dans l’ombre. Il veut foncer sur une réalité qui, de jour en jour, paraît à la fois plus coriace et plus compliquée. Tout a changé de 2005 à 2020. Le phénomène des kidnappings réalisé à partir de scrutin de liste est devenu un système à tout venant beau jeu.

Il y a eu certes, en 2005, des quartiers de non-droit, des chimères, des armes illégales, mais l’arpentage systématique du territoire entre gangs armés, la fédération des civils armés, la revendication des kidnappings n’existaient pas à cette époque. Mario Andressol a combattu à sa manière, Godson Orelus a lutté comme il pouvait, Michel-Ange Gédéon, Normil Rameau, tous, ont dû faire face à cette crise qui n’en finit pas. Maintenant Léon Charles, demain un autre, à l’avenir d’autres. Chacun à son tour goûtera à ce vinaigre planifié et exécuté par les politiques haïtiens, insouciants, apatrides et amateurs.

« Labouyi a tou cho sou dife a pa gen bwèl sou kote ni soufle bou bese chalè. C pran epi konsome M. Le DGPNH »

Daniel Sévère

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