Jouer le medium dans le dénouement de la crise : la CEH ne s’y oppose pas moyennant la sincérité des acteurs
3 min readLa conférence épiscopale d’Haïti (CEH) sort de son mutisme pour se fixer sur la crise multidimensionnelle que connait le pays depuis plus de deux ans. La CEH encourage une entente entre les acteurs afin de libérer le pays de cette abyssale dans laquelle il se trouve coincer. Quant à la possibilité de jouer le médium pour faciliter ce consensus, la CEH préconise la sincérité des acteurs.
Comme tous les haïtiens, la conférence épiscopale d’Haïti (CEH) suit méticuleusement l’évolution de la situation qui ne cesse de s’aggraver au quotidien. Les ordonnés de cette structure prêchent l’entente entre les acteurs afin de défaire ce nœud gordien qui hypothèque l’avenir de la nation. En vue de ce dialogue, la CEH n’a aucune objection à faciliter ce pourparlers mais, avant toute chose, il exige la sincérité des protagonistes.
La CEH se dit bouleverser par la détérioration de la situation caractérisée par la misère, l’insécurité, le kidnapping, le viol, entre autres. Les évêques qualifient d’inacceptable le fait que des bandits sèment en toute quiétude la mort dans les familles. Que des ménages sont obligées d’abandonner leur toit en vue de sauver leur peau. Déplorant toutes ces dérives sociales, l’évêque de Hinche, Desinor Jean, soutient que la conférence se joint au peuple pour dire halte-là. Plus loin, le monseigneur plaide en faveur d’une discussion ouverte entre les antagonistes où tous les sujets de désaccord seront mis sur la table y compris la constitution.
Selon le cardinal, Chibly Langloie, l’entente est incontournable si l’on veut réellement résoudre cette crise. « Nous avons besoin de l’entente pour progresser vers le changement que nous souhaitons tous. Il est inacceptable, inimaginable de penser aux élections dans un contexte où des groupes armés mettent en danger les électeurs aussi bien que les candidats. Il faut que nous créions des conditions pour protéger la vie de chaque haïtien », recommande, le prélat insistant sur le fait qu’il est une obligation que tous les secteurs se lancent dans la quête du consensus.
La CEH se veut prudente. Elle esquive la question de la fin de mandat présidentiel. S’il doit partir le 7 février 2021 ou 2022, l’archevêque métropolitain du cap haïtien, Liné Saturné, renvoi cette conclusion au pied des experts indépendants. « Ce sont les experts objectifs qui peuvent interpréter sur ce que prescrit la constitution à cet effet. C’est à eux de faire lumière. Quant à l’église, nous sommes attachés à ce qui est du droit et de la justice », précise le monseigneur tout en souhaitant que le dialogue est encore possible entre les politiques haïtiens.
En ce qui a trait à la possibilité pour la conférence de jouer le juste milieu afin de favoriser cette entente, l’évêque précise : « Nous suivons de près les acteurs. Nous veillons sur leur sincérité et leur honnêteté. Aucun sacrifice n’est pas de trop pour sauver le pays, cependant cela dépend du niveau de sincérité des acteurs pour ne pas penser pouvoir nous prendre pour des escaliers à des fins mesquines ».
La rédaction