La PNH : de mésaventures en mésaventures
4 min readLes organismes des droits de l’homme n’y vont pas avec le dos de la cuillère. Ils dressent un tableau sombre de la gestion du haut commandement de la PNH qui, en l’espace de cinq mois, organise pas moins de neuf missions suicidaires sans résultats probants dans les repères des bandits. Mettant l’emphase sur la mésaventure du 12 mars 2021, la FJKL et le RNDDH exigent démissions et sanctions pour les responsables de ce gâchis.
Depuis l’accession du directeur général a.i de la PNH, Léon Charles, la police nationale d’Haïti a organisé neuf opérations dans les fiefs des gangs armés, selon le RNDDH. Cinq d’entre eux sont menées au village de Dieu. D’après cette même structure, treize (13) personnes ont été tuées au cours de ces opérations, dont cinq (5) policiers et un (1) autre, disparu ; neuf (9) autres personnes dont huit (8) policiers sont sortis blessés par balles ; cinquante-six (56) individus sont interpellés. Cependant, aucun chef de gangs ne figure parmi ces derniers, regrette cette structure de défense des droits à la personne.
Pour le RNDDH qui met au pilori le DG et l’inspecteur général chargé de la direction de renseignement, Carl Henry Boucher, toutes ces opérations étaient planifiées en vue de faire plaisir au président de la République et de lui permettre d’affirmer que des gangs armés sont effectivement démantelés. Alarmé, le réseau national de défense des droits humains qualifie de missions suicidaires sans préparation aucune, sans tenir compte des nombreuses attaques essuyées par les agents de la PNH et sans prendre en considération le fait que les bandits soient mieux armés que la police.
La FJKL abonde dans le même sens exigeant, après ce qu’elle appelle une tuerie : la démission ou le renvoi de l’institution policière les commandants responsables de ce fiasco ; le respect du droit à une sépulture des policiers tués en récupérant leurs cadavres ; des hommages à la mémoire des policiers victimes; le développement de bonnes relations « Police-Population » pour éviter la répétition de tels échecs ; la prise en charge des parents des policiers victimes. Et enfin, elle suggère de réaliser, avec succès, d’autres opérations mieux préparées et mieux exécutées afin de rétablir la confiance de la population dans sa police.
La FJKL note, par ailleurs, qu’il s’agit de la cinquième opération de la PNH à Village de Dieu réalisée sans aucun succès probant. Au contraire, regrette-t-elle, les gangs se sentent renforcés à chaque fois. « Le fiasco de cette opération montre clairement que les autorités policières n’ont pas déployé la vigilance nécessaire pour que toute mise en danger de la vie fût réduite autant que possible dans la préparation et la direction de l’opération. Elles ont fait preuve de négligence coupable dans le choix des mesures et des moyens. L’équilibre entre le but recherché et les moyens employés n’a pas été une préoccupation pour les décideurs dans la préparation de l’opération, ce qui engage la responsabilité de la chaine de commandement », fustige-t-elle.
Plus loin, la fondation insiste sur le fait que des responsabilités devraient être précisées. « Une mission irréaliste a donc été confiée à des responsables de l’application de la loi, laquelle s’est exercée aux dépens de leur vie et de celle d’autrui. La responsabilité du supérieur hiérarchique est là encore engagée », conclut l’organisme qui salue la mémoire des victimes.
Rappelons au passage qu’à la suite de ces meurtries événements, des riverains de la capitale n’ont pas cessé de protester dans les rues. Les policiers du ‘‘fantom 509’’ joint à la population mettent en ébullition la capitale décorée par les fumées des barricades et animée par les tirs nourris. Dans l’intervalle, la police annonce avoir récupéré le blindé abandonné au village à la suite d’une opération spéciale. Laquelle déclaration mise dans la poubelle par l’opinion publique qui fait plutôt confiance aux informations faisant croire que la PNH a négocié le char avec les bandits pour un montant colossal.
Claire S. Désiré